Avis et critiques

Retour d’expérience sur Critical, part ouane.

Il y a quelques semaines, j’achetais Critical, un jeu d’initiation à destination des débutants. Depuis, j’ai fait jouer les quatre premiers scénarios, en deux séances d’un peu plus d’une heure.


Première séance

La première séance s’est plutôt bien déroulée. Il s’agit de deux combats assez brutaux, avec un peu de contexte pour expliquer comment on en arrive là, mais c’est tout. Y’a un côté super gonzo du jdr où on vire tout ce qui n’est pas directement le cœur de la partie. Là, c’était baston, alors tout mène très rapidement à la baston.

Le système est extrêmement facile et rapide à prendre en main, et les combats sont justement très expéditifs. Les personnages ont deux points de vie, donc peuvent encaisser deux coups d’une arme de base type pistolet, et un seul d’une arme de guerre type fusil d’assaut. D’ailleurs, il n’y a que deux armes (+ une spéciale qui intervient plus tard dans la campagne). Il y a aussi peu de possibilités d’éviter les dégâts, à part pour le perso du soldat qui dispose d’un équipement adéquat lui permettant de rester debout un peu plus longtemps.

Toutes les scènes d’action sont limitées en temps. Un compteur, généralement positionné à trois tours, permet de se concentrer sur le principal. Encore une fois, efficacité avant tout. Si à la fin des trois tours, les personnages n’ont pas réussi, le dénouement est un poil différent mais la scène s’arrête là.

Il n’est pas possible non plus de mourir. Un personnage suffisamment blessé s’effondre et joue le reste du scénario avec des malus, c’est tout.


Seconde séance

À l’inverse de la première séance, tout en action, la seconde séance et donc les deux scénarios suivants mettent l’accent sur l’enquête. Les indices étant matérialisés physiquement par des cartes ou des morceaux de cartons représentant les objets acquis. Il y a quelques astuces à la Unlock, et les joueurs sont invités à bien observer ce qu’ils ont sous la main et interroger le maître de jeu sur ces éléments pour comprendre l’histoire.

Il y a des indices obligatoires pour comprendre le fil de l’histoire et avancer et un certain nombre d’indices supplémentaires ouvrant de nouvelles pistes et questions.

Une fois encore, les scénarios sont ultra-linéaires. Le Mj lit la situation et le traditionnel « Que faites-vous ? » intervient très tard dans la description de la scène. Du coup, les joueurs n’ont aucune autre possibilité que de faire ce qu’on leur dit et d’évoluer dans une bulle de gameplay beaucoup plus serrée par rapport aux autres jeux. Dans le cadre de l’enquête, finalement, cela consiste simplement pour les joueurs à dire qu’ils essaient d’en savoir plus sur tel ou tel élément repéré précédemment. Je le ressens un peu comme une désincarnation des personnages. Si l’immersion est renforcée par la qualité des illustrations et des aides de jeu, le fait de ne faire que ce qu’on vous demande et surtout pas autre chose me sortirait un peu de l’univers si je devais passer de l’autre côté de l’écran.


Conclusion

Pour l’instant, je suis mitigé. En tant que Mj, je passe une dizaine de minutes à préparer la séance, en allant chercher les cartes, indices et pions nécessaires, puis je lis ce qu’on me dit de lire, dans l’ordre.

Je ne me trouve pas super impliqué, et je suis à deux doigts de penser qu’on pourrait tout à fait utiliser une application sur son téléphone pour remplacer ce rôle traditionnel.

Côté joueurs, les miens n’étant pas complètement débutants, s’ils n’ont pas l’air de s’ennuyer, ils ne sont pas pour autant super actif, n’étant pas vraiment très sollicités.

L’expérience est clairement différente de tout ce que j’ai pu jouer depuis mes débuts. Ce jeu est construit comme un train fantôme (terme emprunté aux jeux vidéos). Ils sont dans une voiture qui va tout droit et il y a des trucs qui se passent autour d’eux sans qu’ils puissent réellement faire autre chose que ce qu’on attend d’eux.

Je reste sur ce que j’avais dit dans la critique de mon précédent article, cela fonctionnera super bien avec des débutants complets, mais avec des gens qui ont déjà une demi-douzaine de parties, j’ai peur que cela les renvoie à une position un poil trop passive.

Critique de Critical Saison 1

J’ai découvert Critical un peu par hasard, dans une boutique de jeu de société et pas vraiment de jeu de rôle, entre Unlock et le dernier set de carte Magic. C’est en croyant avoir à faire à un énième escape game que j’ai attrapé la très belle boite et m’apercevoir qu’il s’agissait d’un jeu de rôle complet, axé initiation et comportant du matériel comme pour un jeu de plateau. Tombant pile-poil dans mes obsessions du moment, j’achète le jeu et décide d’en faire une critique.


Déballage

La première impression est très bonne. La boite respire la classe, et je me retrouve comme un gamin découvrant l’œil noir, édition Gallimard, pour la première fois. Un carton d’excellente qualité, quatre feuilles de personnages permettant pour chacun de choisir son genre (hey, vazy je l’avais déjà fait là !), des petits cartons pour l’équipement et les indices, et de plus gros pour les illustrations, que je trouve très jolies et très immersives. Le jeu se complète d’un livret de règles, de quelques dés spéciaux, et de huit scénarios tenants chacun sur une feuille A4.

L’écran en quatre volets contient les règles complètes du jeu et dispose de deux encarts en plastique permettant de placer des cartes d’illustrations ou de personnages-non-joueurs à la vue de tous. C’est très astucieux.

La présentation me plait beaucoup, pour la raison que je suis personnellement convaincu que ce genre de format est très ludique pour des débutants, permettant de s’approprier physiquement les différents éléments pour améliorer l’immersion. C’est ce que je fais déjà beaucoup avec YxY et ses différentes versions, et voir une version aboutie me conforte dans mes idées.

Les règles

Rédaction

En gardant à l’esprit que les règles se doivent d’être simple et prévue pour l’initiation, j’ai trouvé qu’elle manquait un peu de fluidité. J’ai dû regarder à plusieurs endroits et essayer de comprendre ce qu’était exactement des “réussites”. Dans d’autres jeux, on dit qu’on a une réussite lorsqu’un dé donne un certain résultat et on peut obtenir plusieurs réussites lorsque plusieurs dés lancés simultanément obtiennent chacun individuellement le score demandé. Là, il a fallu que je me rende compte que les d12 fournis n’étaient pas des dés ordinaires et que les chiffres inscrits n’étaient pas linéaires. Donc si le d12 donne un résultat de 2, on a 2 réussites. Ce n’est qu’un simple problème de sémantique, mais qui m’a un peu perdu.

De manière similaire, les informations ne sont pas répétées et il y a peu de renvoi indiquant où trouver l’information. C’est une fois l’intégralité du jeu lu qu’on a la vision complète, on ne peut pas vraiment démarrer rapidement. Ce n’est pas un réel problème, et c’est sans doute lié à une de mes habitudes que de survoler et de récupérer les informations dont j’ai besoin au moment où elles se révèlent nécessaires. Là ce ne sera pas possible.

Dés

Concernant le cœur des règles, c’est très simple. Lorsqu’un test est demandé, le joueur lance 1d12 et ajoute la valeur d’une caractéristique parmi quatre, et 1 réussite supplémentaire s’il dispose d’une compétence appropriée. Si on dépasse ou égale la difficulté, l’action est réussie, sinon elle échoue. Les jets à demander et les résultats en cas de réussite ou d’échec sont systématiquement indiqués dans les scénarios, permettant au maître de jeu débutant d’être guidé et de mieux comprendre cette partie de la maîtrise.

Combat

Les combats sont triviaux et durent généralement deux ou trois tours de jeu au maximum. Les personnages ont deux points de vie, ce qui leur permet d’encaisser un ou deux coups avant de s’effondrer. Il n’y a pas de règle sur la mort, les personnages échouant à un combat étant systématiquement sauvés, mais devant jouer le scenario suivant avec divers malus.

Les personnages

Les quatre personnages proposés sont extrêmement génériques et, à mon humble avis, n’ont pas trop de personnalité. Ce qui est sans doute fait exprès et permet à des débutants de ne pas avoir à s’inquiéter de jouer différemment d’eux-mêmes. Un peu comme les personnages de jeu vidéo qui ne parlent pas et permettent ainsi au joueur de s’immerger et de “s’y croire”.

Pour la joueuse, créer un personnage est simplissime, elle choisit une feuille parmi les quatre, la pose du côté qu’elle le souhaite, homme ou femme et c’est tout pour la première partie. C’est à la seconde partie qu’il faudra choisir un historique parmi deux, ce dernier ajoutant quelques compétences, et ajouter un équipement spécifique unique pré-déterminé.

Les scénarios et l’histoire globale

Il y a 9 scénarios, si on inclue l’introduction, chacun étant prévu pour durer 30 minutes. Ils sont tous décrits de la même façon par un petit paragraphe de synopsis donnant les enjeux du scénario puis trois scènes et enfin un épilogue. Chacun d’entre eux précise exactement les équipements à utiliser, les indices à trouver, les illustrations à montrer, et pour chaque scène ce qu’il y a à dire et les jets de dés à demander. C’est très linéaire, et probablement très adapté à des maîtres de jeu débutants.

L’histoire n’est pas très complexe et pioche allègrement dans les théories du complot et la technologie futuriste.

Le début est principalement constitué de combat, mais après cela varie avec de l’enquête (avec une petite astuce graphique rigolote à un moment, mais chut), du social, de l’exploration puis un gros combat final parce que hein bon. Bref du classique éprouvé mille fois. Cela dit l’ambiance me fait penser à l’ancienne campagne du Réseau Divin parue dans Casus belli de la première époque et qui était déjà proposé dans un format par épisode très court dans le même genre. Je suis sûr que le jeu est parfaitement adaptable à cette campagne.

Pour moi, la fin est trop précipitée et les deux derniers scénarios aurait mérité d’être chacun découpé en deux ou trois pour éviter l’effet tunnel de certains jeux vidéos ou après un certain point, on est embarqué jusqu’à la fin sans possibilité d’en sortir. Et le combat final est posé comme un cheveu dans la soupe. J’aurais voulu que son approche soit un peu différente. Ça m’a un peu fait l’effet des combats de boss de Deus Ex Mankind pour ceux qui ont la ref. Pour les autres, dans un jeu qui fait la part belle au choix dans les approches, lorsqu’un boss arrive, c’est bourrinage sans réflexion, ce qui contraste fortement avec la proposition initiale. Ben là, j’ai trouvé que c’était un peu pareil.

Conclusion

Je trouve que le concept est parfaitement respecté. Les premiers épisodes guident bien le maître de jeu débutant, et les joueuses n’ont de leur côté quasiment rien à faire qu’à se laisser porter. Le système est très simple, mais encore un poil compliqué, surtout dans son écriture. J’aurais bien aimé apprendre les règles en jouant le premier scénario (mais je suis biaisé, c’est ce que j’ai fait pour le scénario d’initiation d’YxY).

Le format est clair, concis, les illustrations sont jolies et immersives. Ne manque que quelques conseils d’ambiances musicales au début de chaque épisode et cela aurait été parfait.

Comme dans une série TV, si l’histoire est simple, le développement final laisse entrevoir une suite intéressante que j’ai hâte de découvrir.

Enfin, le prix de 32 € me parait adapté pour un matériel de qualité et trois ou quatre séances de jeu si on enchaîne les épisodes.

Retour et avis sur Notion

Depuis quelques mois, j’utilise un outil de productivité appelé Notion. Plus qu’un simple bloc-note, Notion est extrêmement puissant et modulable. Petit retour sur ce que c’est, ses qualités et défauts, et la manière dont je l’utilise.


Notion | Notre Avis sur ce Logiciel de Gestion de Projet en 2022

Introduction

Notion est, en gros, un bloc-note sous stéroïde. Le principe de base est qu’on peut y créer des pages dans lesquelles l’utilisateur peut écrire en mode bloc (un peu comme dans un wordpress mais infiniment mieux foutu) et faire des mises en pages variées et colorées, relier les pages entre elles, faire des menus, des titres, des boutons pour faire apparaitre ou disparaitre des blocs de texte et bien d’autres choses.

Ce qui différencie Notion d’un bloc note tout bête sont, notamment, les points suivants.

Fonctionnalités

Intégration

On peut intégrer à peu près tout dans une page, du texte et des images évidemment, mais aussi des TAS d’autres outils. Du PDF lisible directement, des maps google, pour le plus trivial, mais il y a des dizaines et des dizaines d’outils. Je peux faire des graphiques avec Mermaid, je peux mettre du code dans je ne sais plus combien de langage, bref la page est organisée et comprend tout ce que tu veux. Tu peux ajouter des logos, des bannières, des émojis, faire des colonnes de taille diverses, mettre des pièces jointes, insérer des équations etc.

Il y a des raccourcis pour tout. Il comprend nativement le markdown. Par exemple, pour créer un titre 1, tu tapes # puis espace et paf tu as un titre. ## et voilà un titre 2. Pour une liste, c’est une étoile *. Je ne vais pas faire un cours de markdown ici, tu as compris. Le / permet d’accéder tout le temps à tous les raccourcis.
Étrangement, tu es limité par les couleurs un peu trop pastels à mon goût, et par les polices de caractères au nombre de 3 pour le moment.

Un exemple d’une de mes pages pour un scénario d’YxY

Base de donnée

Là, on touche le sublime. C’est la feature killer de Notion.
Tu peux créer des tables de bdd où tu veux. Chaque entrée est une page que tu peux modifier et relier à n’importe quoi d’autres. Tu peux créer des tris, des groupes et des filtres et surtout des vues que tu peux intégrer n’importe où. Tu peux les organiser en tableaux kanban, des listes, des calendriers, des timelines ou des cartes. Si tu mets des images, tu peux les faire apparaitre dans tes cartes pour que ce soit plus joli.

Exemple de base de donnée, affiché en galerie

Travail collaboratif

Le travail collaboratif est très développé. Au plus simple, tu peux partager tes pages avec qui tu veux, recueillir des commentaires ou, en allant plus loin, créer des pages ensemble, les partager à des sous-ensembles de gens, bref bosser en équipe sur une base documentaire.

C’est super, mais tu fais quoi avec ça ?

Le reste

Je ne détaille pas, mais il y a beaucoup d’autres fonctions. On peut faire des modèles de pages, on peut récupérer en un clic les modèles d’autres utilisateurs. C’est utilisable sur le web et sur téléphone. L’API est ouverte, on peut donc automatiser des accès, avec Zapier par exemple.

Cas d’usage

Eh bien absolument ce que tu veux. C’est un avantage et un inconvénient. J’ai passé les dernières semaines à regarder des tas de vidéos, pour apprendre à m’en servir, mais aussi pour voir comment les autres s’en servent.

À part en pur bloc-note ou liste de course, voici mes trois usages principaux

Gestion de projets

Pour cela je me sers de trois tables de base de données. Une table Contact dans laquelle je mets tous mes contacts pro ou perso, avec leurs coordonnées et des notes à leur sujet. Une table Projet avec la liste des projets, reliées aux Intervenants (qui sont donc des Contacts) et aux Tâches qui est ma troisième table dans laquelle je décris chaque tâche avec une date de réalisation, une priorité, des Intervenants et autres.
Ces tables sont reliées entre elles via des relations (en deux clics c’est fait) et j’ai plein de vues que j’affiche à différents endroits de mon espace de travail, à chaque fois avec des filtres différents.

Par exemple, ma table Projet contient mes projets pro et perso. Mais je fais un filtre perso pour l’afficher dans mon sous ensemble de page Perso. Idem pour le pro. C’est la même table, mais affichée différemment selon l’endroit.

Jeu de rôle

J’écris principalement YxY avec Notion. Idem, il y a de la gestion de projet, des tests, des idées, des compte-rendus de parties, des scénarios, des listes de Pnjs (sous forme de base de données, que je replace après ailleurs).

Une communauté pour YxY

Suivi des habitudes

Je viens de démarrer une petite base de données pour suivre mon fonctionnement, mon poids, mes habitudes de la journée, et me motiver à m’améliorer chaque jour. Manger sainement, gérer correctement mon sommeil, lire plus etc. Pour cela, quelques vues et modèles me permettent de suivre mon évolution chaque jour et chaque semaine.

Suivi de mes habitude

Défauts

Il y a tout de même des défauts.

Il n’y a pas de mode hors-ligne. De plus, le logiciel n’est pas open-source ni auto-hébergeable. Il y a des projets tiers en ce sens, mais pour l’instant considèrent que tes données ne t’appartiennent pas, que la société peut couler, qu’on peut tout te voler etc.
Classique, mais il faut le dire.

J’aimerais plus de personnalisation, plus de couleurs, plus de police de caractère, une meilleure gestion des colonnes (qui est déjà très bien, mais peut être améliorée). Je voudrais pouvoir encore mieux gérer les bases de données, faire des calculs et des extracts !

C’est déjà tellement génial que maintenant j’en veux plus ! PLUS !!

Conclusion

Je ne l’ai pas dit, mais la version gratuite permet tout ce que je viens de dire. Payer permet de travailler en collaboratif plus facilement, d’augmenter la taille des fichiers que tu peux importer et quelques autres trucs qui ne m’intéresse pas pour le moment.

Notion est un outil extraordinaire, exactement ce dont j’ai toujours rêvé, le remplacement de mes vieux TiddlyWiki.

Il n’est pas parfait, loin de là, et surtout il ne te guide pas. Si tu es désorganisé, tu va simplement reproduire ce mode de fonctionnement et cela ne t’aidera pas. Profites-en pour t’améliorer, comprendre comment tu peux mieux t’organiser, piquer des idées chez les autres.

Liens

Voici quelques liens vers les ressources Youtube qui m’ont beaucoup aidé.

La chaine de Shubham Sharma, un youtubeur français fan de productivité et de Notion.
Red Gregory, idem, mais en anglais, plus axé cours. Les vidéos sont plus longues et iel rentre plus dans les détails.
Thomas Frank, similaire à Red Gregory, mais en beaucoup plus pro et sur des points plus précis.

Les trois sont complémentaires, et il y a bien d’autres ressources, en vidéos ou en site web.

Mon setup Cloud Gaming headless

Mon ordinateur principal est une tour imposante, disposant d’une grosse carte graphique datant d’avant les pénuries et encore ultra puissante aujourd’hui. Elle me prend beaucoup de place dans la chambre où je l’ai placée, et j’avais tendance à me cogner dessus régulièrement. Bien que je sois un gamer invétéré depuis maintenant plus de trente ans, je me suis aperçu que je jouais à des jeux gourmands de moins en moins souvent et que mon utilisation principale était à 90% bureautique (écriture, travail, consommation de contenus simples, petits jeux).
J’ai donc décidé de déplacer ma tour ailleurs, planquée, et de me servir au quotidien de mon ordinateur portable, un Lenovo X230 sous PopOs avec 8 Go de RAM et un proc I5 d’il y a oulààà au moins tout ça d’année et lorsque me prends l’envie de jouer, j’utilise un service de Cloud Gaming personnel.


Contraintes

Mes contraintes sont les suivantes :

  • Accès au bureau et pas uniquement aux jeux
  • Rapidité de mise en œuvre
  • Client disponible sous Linux
  • Accessible en LAN et depuis Internet

De plus, le serveur n’aura pas d’écran. Dans certains cas, cela aura posé problème (résolution, couleur, performance) jusqu’au moment où j’ai branché un dongle HDMI que j’avais acquis lors d’expériences précédentes de prise de contrôle à distance (avec l’outil Deskreen). Le dongle vaut moins de 10 € sur mamazon pour la version autorisant le 4K 60Hz.

Enfin, le serveur devra être accessible via Internet, mais je ne teste pas les solutions de Cloud Gaming sur internet. Geofrce Now, Stadia et autres ne sont pas de la partie.
Lors de mes recherches, je suis tombé sur les reddits suivants qui m’ont aiguillé et donné pas mal d’information.

ParsecGaming
CloudGaming

Il doit sans doute y en avoir d’autres.

Les services

Parsec

Le serveur ne peut être que Windows ou Mac.

Le client est dispo facilement pour tout système

  • Passe par un serveur centralisé sur internet pour vérifier les connexions interne/externe.
  • Dans la version gratuite, les couleurs semblent un poil moins brillantes, moins jolies que d’origine.
  • Il y a une version payante (10$/m) pour améliorer les couleurs et deux-trois autres trucs
  • Quelques micro-saccades
  • Fonctionne avec n’importe quelle CG
  • Possibilité de mettre l’écran distant en fenêtré
  • Création d’un compte obligatoire

Parsec est un excellent service qui fonctionne très rapidement et très efficacement. La qualité est très bonne pour peu que la connexion soit de bonne qualité, à part les couleurs un poil délavée dans l’option gratuite.

Ah oui, un tout petit truc aussi, en headless (et donc mouseless), Parsec ne peut pas afficher le curseur de la souris distante. Il y a une petite astuce qui passe par l’installation d’un driver de tablette graphique (toutes les instructions sont sur leur site). Ça fait un peu verrue, mais ça fonctionne.

Moonlight

Moonlight est un client GeForce Experience libre installable sur tout système (dont Linux). Il permet d’accéder en streaming à un serveur disposant d’une CG NVidia et de l’application GeForce Experience.

  • Pas d’agent à installer sur le serveur, à part GeForce Experience qu’il faut activer
  • Par défaut ne streame que les jeux, mais il est possible dans l’application Experience d’ajouter un ‘jeu’ et de spécifier explorer.exe ou mstsc.exe pour streamer le bureau lui-même depuis lequel on peut lancer ensuite n’importe quoi, vidéo, audio ou jeu.
  • Interface du client un peu bof, traductions pas terminées, mais fonctionnement impeccable et sans micro-saccades.
  • Couleur et résolution respectées
  • Possibilité de mettre l’écran distant en fenêtré, mais c’est moins pratique qu’avec Parsec
  • Pas de création de compte
  • On peut réveiller l’ordi distant depuis l’interface !

Moonlight est aussi une excellente solution, gratuite et libre de surcroit (pour la partie cliente). L’astuce permettant de streamer le bureau est triviale à mettre en place. Les deux points un peu embêtants sont la tronche de l’interface franchement perfectible (on sent le truc d’informaticien) et le mode fenêtré moins pratique.

Rainway

Rainway est un concurrent de Parsec avec un fonctionnement similaire. Je ne sais pas si c’est moi, le temps qu’il fait, ou des problèmes temporaires, mais j’ai trouvé Rainway plus lourd et moins pratique que Parsec ou Moonlight, avec des perfs globale moins bonnes et donc un ensemble moins agréable à utiliser. En point positif, pas de client à installer, un navigateur suffit.

  • Installation d’un agent appelé Dashboard sur le serveur
  • Le Client est un simple navigateur (basé sur chrome)
  • Création de compte obligatoire (comme Parsec)
  • Perf trop faibles

Steam propose sa propre solution appelée Steamlink, dispo sur un peu tous les systèmes. Le client Linux est un flatpak qu’il faut lancer à la main, et on ne peut normalement jouer qu’aux jeux steam (même si on peut ajouter des jeux non-steam, je ne sais pas si tout est possible, notamment les jeux Epic ou Origin.)

  • Client Remote Play en flatpak
  • Ne permets pas de streamer le bureau
  • Ne permets de jouer qu’aux jeux steam
  • Un peu pénible à mettre en œuvre (un clic dans l’option sur le steam du serveur, lancement d’un flatpak Remote Link sur le client, appairement)

Mon setup et conclusion

Mon laptop X230 est connecté en CPL sur ma box pour de meilleures performances. Il est sous PopOs!, une distribution Linux proche d’Ubuntu.

Le serveur de jeu est connecté sur la box en direct via un câble Ethernet, ce qui semble être obligatoire quelle que soit la solution choisie.

Le serveur ne dispose pas d’écran, mais d’un dongle HDMI 4K/60 Hz simulant un écran physique.

Le serveur est éteint la plupart du temps, et je l’allume au besoin grâce au Wakeonlan activé dans les drivers de la carte réseau filaire. Sur le client, j’ai un simple fichier de commande contenant les instructions suivantes :

#! /bin/bash

wakeonlan 30:9C:23:B1:2B:67
ping 192.168.1.105/

J’ai choisi d’utiliser principalement Parsec pour sa rapidité et ses performances, ainsi que Moonlight en backup lorsque Parsec n’est plus accessible ce qui arrive de temps en temps, ce dernier ayant besoin d’une connexion vers internet même lorsque les deux machines sont en local.

Je suis très content de la solution globale. Les jeux sont jouables parfaitement, comme voir des vidéos ou travailler à distance sur la machine avec une latence extrêmement faible et parfois imperfectible. Je ne pense toutefois pas qu’on puisse jouer à des jeux compétitifs (Overwatch).

À part, parfois, une connexion parfois peu stable vers Parsec, peu de souci à déplorer. Le ventilo du portable fait un poil plus de bruit que l’autre machine ok.
Sinon, je gagne de la place et je dépense moins d’électricité à utiliser mon X230 toute la journée plutôt que la grosse bécane, bref bilan positif !

Critique de Detroit : Become Human

Il y a quelques jours je jouais à la démo de Détroit : Become Human, un jeu vidéo anciennement exclu PS4, passé sur Windows il y a peu. Dans ce jeu de rôle, on y interprète dans un futur proche, le rôle de trois androïdes qui vont s’éveiller à la conscience tout au long de trois histoires distinctes mais qui parfois s’entremêlent pour nous faire vivre un récit global long d’une douzaine d’heure.


Dans cette démo, nous incarnons Connor, un androïde policier, aux capacités d’analyses évidemment surhumaines. Nous arrivons dans un appartement et comprenons rapidement que l’androïde vivant ici normalement en harmonie avec sa famille d’accueil, s’est tout à coup emparé d’une arme, et se trouve actuellement sur le bord du toit, avec une petite fille en otage. De là, notre mission est simple, sauver la gamine.

Avant de confronter l’androïde, il sera important d’explorer l’appartement pour trouver des indices et mieux comprendre ce qu’il s’est passé, et les motivations du criminel.

Toutes les actions menées depuis le moment où Connor rentre dans l’appartement jusqu’au dénouement final sont importantes. Sauver ou pas un poisson tombé de son aquarium, aider un policier blessé, prendre ou pas une arme sur le sol, accuser le criminel ou faire preuve d’empathie, tout est dument noté par le jeu et tout servira par la suite.

A la fin de cette démo, une arborescence est affichée, montrant au joueur les embranchements de l’histoire disponible.

Si cette démo d’une trentaine de minutes m’a mis une petite claque narrative, l’ensemble du jeu est un tsunami auquel je n’étais pas préparé. Quelques jours de réflexions plus tard, j’achetais le jeu, voici ce que j’en ai pensé.

Commençons par la façade. Le jeu est absolument magnifique. Ok, je viens de changer mon matériel informatique, et j’ai poussé tous les taquets à fond, mais quand même. La modélisation des environnements est phénoménale. Chaque scène est un écrin pour le personnage. Les ambiances sont à chaque fois différentes, nuit ou jour, neige ou soleil, intérieur sombre, ou extérieurs néons, à chaque fois qu’un nouveau chapitre commence, c’est une nouvelle claque visuelle.

De plus, tous ces décors montrent un worldbuilding de première classe. C’est bourré de détails. On peut s’arrêter devant chaque affiche, lire chaque article, écouter chaque conversation, tout nous plonge dans une année 2038, plaisantes par ses avancées technologiques et cauchemardesques par ce que cela implique.

Toujours graphiquement, mais cette fois au plus près, les personnages, et les visages, sont d’une finesse que je n’avais jamais vu jusqu’à maintenant. Chaque expression, chaque poil, chaque pore de la peau est représenté pour un réalisme époustouflant. Tous les personnages sont joués par de véritables acteurs et la technologie permettant des les afficher ensuite en jeu nous permet de nous impliquer émotionnellement. Évidemment les androïdes ont bénéficié du même soin, ce qui contribue à flouter les lignes entre ce que nous considérons comme vivant, ou pas.

Une fois ceci posé, passons à l’histoire, ou aux histoires. On suit ces trois androides, chacun à une échelle différente. Markus changera la face du monde. Ses décisions affecteront le destin de milliers de personne, en bien ou en mal. À ses côtés on traversera les affres de la solitude, et nous devrons diriger un mouvement de révolte gigantesque.

Avec Kara, nous aurons affaire à une aventure plus humaine. Son unique but est de sauver une petite fille en traversant le pays en guerre. Les sentiments sont plus proches de nous, plus immédiats. Les obstacles sont plus directs et l’émotion plus vive.

Enfin avec Connor, l’androïde policier chasseur de déviants, c’est une aventure plus personnelle qui s’offre à nous, un questionnement philosophique constant : qu’est-ce qui fait de nous des humains ?

Chacune de ces histoires est découpé en chapitre, de taille variable, jamais trop longs, et ils alternent, nous faisant passer d’un personnage à l’autre, se rencontrant parfois, se confrontant aussi. Il m’est arrivé à deux reprises d’échouer volontairement avec un personnage, pour en aider un autre.

Les arborescences de choix sont gigantesques et de plus en plus grandes au fur et à mesure qu’on avance, ajoutant des branches entières, et même des chapitres à jouer, dépendamment de nos choix précédents. C’est étourdissant et une vraie leçon de narration.

L’histoire que je me suis construite est véritablement la mienne. À aucun moment, je n’ai ressenti que je pouvais faire autrement, que selon ma personnalité, et ma nature, les choix que j’ai fait était ne pouvaient être que ceux-là. Il y a des statistiques en fin de chapitre qui donne le pourcentage de joueur ayant suivi le même chemin que vous. Par exemple, à la fin de l’un des chapitres du début du jeu, j’étais intimement persuadé que le résultat ne pouvait être que celui que j’ai obtenu, et pourtant j’ai vu que seuls 4% des joueurs avaient pris ce chemin !

Un mot aussi sur l’échec.

Il y a une phrase que j’aime beaucoup appliquer en jeu de rôle : « un échec, c’est simplement un autre chemin pour continuer l’histoire. ». Nous avons l’habitude en jeu de rôle, de, globalement, réussir nos actions. Les personnages sont forts, ils dépassent les obstacles et dans la plupart des jeux de rôle, échouer un jet de dés implique qu’il ne se passe rien. Dans YxY et Artefya, je conseille instamment de ne pas faire ça, de créer une histoire autour de cet échec et de rebondir narrativement dessus pour enclencher l’action suivante.

Detroit Become Human fait cela d’une manière parfaitement normale et intégrée. Par exemple, les scènes d’action sont difficiles. Les combats notamment sont rapides, les QTE et ne pardonnent pas et il est tout à fait possible et sans doute probable de rater un combat. Personnellement, j’ai perdu Connor à 5 reprises. Oui, malgré toutes mes précautions, Connor est mort 5 fois. Il revient, différemment lors de l’histoire, mais changé. Deux fois à cause de décisions qui ont débordé de ce que j’avais imaginé, deux fois lors de combat (dont un où j’ai hurlé de rage devant mon écran), et une fois volontairement. Et bien, le jeu le prend en compte et continue l’histoire. Elle se décale simplement. L’échec est valorisé, c’est simplement un autre chemin.

Bon, vous avez compris, je passe rapidement sur le reste, le côté méta, le joueur humain incarnant des androïdes devenant humains (ou pas 😉 ), se faisant poser des questions sur sa propre capacité d’empathie (notamment une scène hallucinante avec Connor qui doit exprimer ou non de l’empathie, et que je ne peux pas spoiler tellement elle est méta à plusieurs niveaux).

Je termine par quelques défauts.

Le premier est que le jeu entier fonctionne par bulle, par chapitre. Ce n’est pas un monde ouvert, et si le nombre de possibilité de choix est énorme, on est pas « libre » pour autant (toujours le côté méta). Les fois où on peut se balader dans la ville, la zone étant limitée à quelques rues, un immonde mur invisible rouge nous renvoie vers la zone « utile » si on cherche à aller trop loin. L’immersion étant plutôt bien gérée, le choc est d’autant plus rude de se rendre compte que nous sommes simplement dans un jeu vidéo. Et ça fait mal.

L’histoire est sacrément bien écrite, de très haut niveau pour moi. C’est pour ça que lorsque quelques clichés bas de gamme ont fait leur apparition, j’ai un peu levé les yeux au ciel. C’est très rare, mais c’est arrivé et idem que les murs invisibles, je me dis que c’est dommage.

Bref, à part ces deux points, j’ai passé quatorze d’heures à vivre une histoire poignante, dans un écrin magnifique et, si vous êtes client du genre, je vous invite vigoureusement à l’essayer.

Retour sur Avignon off, 2019

Depuis quatre ans je vais en vacances à Avignon pendant le festival off de théâtre. J’y retrouve une ambiance incroyablement artistique, une émotion directe et brute, une émulation rare. Chaque jour je marche, je vais voir des spectacles, je rencontre des comédiens, des chanteurs, des artistes. Je vis en immersion. Cette année j’ai décidé de faire un retour sur les pièces que j’ai vu, pourquoi et comment elles m’ont touchées.


Avignon, jour 1

Une chaleur écrasante, en journée, mais la nuit aussi. Forcément je me réfugie dans des bars.

Il y a du monde, mais c’est encore le début, ce n’est pas la foule de milieu de festival, grouillante et colorée.

Depuis plusieurs jours, une amie que j’aime beaucoup m’envoie des messages, pour savoir quand j’arrive. Elle veut qu’on se voie, qu’on discute. Je m’entends bien avec elle. On a eu une rapide aventure l’année dernière, et j’avoue ressentir un petit pincement quand je pense à elle. Beaucoup plus jeune que moi, être â côté d’elle me rajeunit à mon tour, et puis c’est bon pour l’égo.

Sur son conseil, je vais voir mon premier spectacle de la soirée.

PAN !

Un TFE (travail de fin d’étude) de Florent qui fait son chemin jusqu’à Avignon.

15 acteurs pour une adaptation de Peter Pan à mourir de rire, pour enfants et pour adultes.

Une chouette scénographie, des décors, de la lumière, des pétards, mais surtout énormément de générosité, d’envie et d’énergie de la part des acteurs.

Clochette jouée par Marine Barbarit est hilarante de mauvaise foi, avec son phrasé particulier, Crochet est drôle en wanabee Jack Sparrow épuisé, aidé de ses compère (dont Aymeric Haumont, et Thomas Rio) mais les enfants perdus sont parfaits aussi, avec une Lola Blanchard montée sur ressort, à l’opposé du rôle qu’elle avait dans le Zucco de l’année dernière, au même endroit. Peter Pan, joué par Nicolas Ladjici, est formidable aussi, doux et moins cruel que j’aurais voulu, mais toujours hyper engagé.

Bref, la salle en standing ovation pendant plusieurs minutes est la plus belle des preuves.

J’étais descendu à Avignon avec un ami, jeune, beau garçon, charmeur, drôle surtout. C’est toujours un plaisir de passer du temps avec lui. Je l’héberge pendant quelques jours, me disant que je serai moins seul. Évidemment je lui explique ce que je ressens pour la fille avec qui je traîne et je finis par lui présenter. Erreur fatale. C’est marrant comme on peut se tromper sur quelqu’un. Je sens le rapprochement se faire entre eux deux. Je suis impuissant. Lui me regarde, s’amuse de cette situation où il sait ce qu’il se passe en moi, mais en joue. Une fois seul avec moi, il se confond en excuse, m’explique que c’est plus fort que lui, mais qu’il va s’arrêter là. Je ne le crois pas. Il recommence de plus belle, jouissant sans doute de sa supériorité. Elle en joue aussi, sait ce qu’elle veut, et ce qu’elle ne veut pas.

Avignon, jour 2

Ce deuxième jour à/en/sur/tamère Avignon commençait mal. Entre la fatigue de la veille et la chaleur écrasante qui empêche tout sommeil régénérant, j’ai passé une grosse partie de la journée à glandouiller à l’appart’, sans but.

Puis, mon amie revient à l’appartement. Ils sont chez moi, jouent et jouent encore. Je me sens clairement de trop, et je sais que je ne pourrais renverser la situation. Et puis pourquoi ? Prêt à exploser, je pars.

Marchant au hasard dans les rues, je sens ma brume m’envahir. L’expression de ma dépression latente et permanente. Putain de brume, toujours et systématiquement en embuscade. Je sais comment la combattre mais ce n’est pas plus facile à chaque fois. Reformulation, scansion, respiration, rinse and repeat. Je suis tellement fatigué parfois. Vers 18h je me fais alpaguer par un directeur de théâtre qui m’invite à la représentation à suivre d’une comédienne racontant sa vie où je ne sais quoi. Je n’ai rien à faire et besoin de me changer les idées mais ça ne fonctionne pas.

Titre oublié

Parce que ce que je vois n’est pas très intéressant. Ecrit de manière théâtrale et pompeux, je zappe littéralement certains passages, et perds complètement le fil. La comédienne tente et tente, sans succès, mais je m’endors à moitié, au deuxième rang.

La pièce terminée je vais boire un verre, et croise Lucile, une copine de Florent qui me remonte le moral par sa seule présence et sa joie d’être là. Elle est belle, drôle, constamment montée sur ressort. Marrant comme elle ressemble à ma mère au même âge.

Fanny Pocholle

Je décide finalement d’aller voir Fanny Pocholle. La salle n’est pas remplie, mais je ne sais pas pourquoi l’alchimie prend. La première partie est très drôle, avec un gars qui fait de l’humour noir sur sa maladie, la mucoviscidose. On rigole, le public est hyper réactif, on se fait des blagues entre nous, Fanny me prend, gentiment, pour cible pour la suite du spectacle, bref je passe un excellent moment.

On décide d’aller boire un verre, on sympathise et l’un des spectateurs nous propose de continuer la soirée sur son bateau.

C’est à ce moment précis que c’est devenu magique. Ce gars adorable est capitaine d’un putain de bateau de croisière de 110m de long, avec 40 membres d’équipage. Le bateau est absolument magnifique. On visite l’entrepont de grand luxe, la salle des machines à la chaleur infernale, le poste de commande (je me suis pris pour Kirk dans l’Enterprise), le fucking jacuzzi, où on a passé une grosse partie de la soirée en mode open bar, bref hallucinant. Une chance et une soirée surprise comme il n’en arrive pas souvent, en tout cas sans drogue. Ou sans argent.

Marcher au hasard, prendre des décisions simples, suivre le courant, kiffer ce qui vient, une belle journée finalement et fuck le reste.

Entre mon travail sur la brume et cette rencontre, mon moral est bien remonté. J’ai toujours un petit trou dans le cœur, mais je le comble de petits plaisirs et de surprise. Je me couche heureux.

Avignon, jour 3

Malgré une petite pluie salvatrice au milieu de la nuit, la chaleur revient, plus étouffante que jamais. Je continue à me battre contre les soubresauts de la brume qui s’agite dans mon cerveau, repoussant sans relâche ses derniers tentacules amers. Cette fois-ci, j’ai gagné.

Comme d’habitude le début de journée est passé à se balader, à récupérer un peu de la veille. Je passe dans un parc magnifique, je fais une sieste à l’ombre d’un arbre, avec une vue splendide sur Avignon.

En repartant, je vois une affiche pour un spectacle joué à 15h20 par un acteur que j’avais adoré l’année dernière. Chaud-patate, j’attends patiemment l’heure dite pour que finalement la caissière m’annonce qu’ils font relâche aujourd’hui. De la toute-puissance de mon droit de client j’ai envie de hurler : »joue pour moi comédien, joue pour MOI ». Mais je ne le fais pas, parce que je suis gentil au fond.

Choqué et déçu, j’erre à la recherche d’une pièce pour l’après-midi lorsque je tombe une affiche.

Nina, des tomates et des bombes

Altermondialisme et trucs horribles.

La salle est pleine. La comédienne est pleine d’énergie, chante et danse. Le texte est plutôt sympathique même si peu instructif pour les gens qui sont déjà intéressés, et surtout un peu accusatif et moralisateur. Oui je sais, à cause de mon iPhone, des mineurs mineurs meurent en allant chercher des terres rares. Et c’est évidemment ma faute. Entre seum et grosse fatigue, j’ai trouvé que l’actrice ne nous embarquait pas, que ça marchait juste pas. Impression d’avoir un peu raté le coche d’une histoire trop simple et peu recherchée. Une spectatrice derrière dira en sortant et en substance : « c’est une terrible purge. ».

J’ai une heure de battement avant la prochaine pièce, juste le temps de boire une bière. Je rejoints la copine d’hier soir ainsi qu’une fille que j’avais vu l’année dernière que je trouvais super sympa mais qu’il semblerait que j’ai dragué, comme d’habitude sans trop me rendre compte. Moi je débarque en mode Yolo, je lui dis que c’est cool de se voir, que je lui avais couru après cette année pour boire une bière. Je la vois se raidir, sourire gêné. Je ne comprends pas trop, jusqu’à ce que je percute que ça vient déjà de ma façon de parler de l’année dernière et que si ça se trouve je la fais grave flipper.

J’ai une tendance à être un peu gouailleur, rentre-dedans, à pas trop prendre de gants en société. Et tout le monde ne supporte pas ça.

Ça me fait réfléchir sur les conséquences de mes actions, qui dépassent très souvent mes intentions initiales, qu’effectivement je peux mettre mal à l’aise les gens sans le vouloir, et même sans m’en rendre compte. Ce qui fait de moi, basiquement, un gros con. Qui se soigne, qui tente de s’améliorer, mais un gros con tout de même.

Ça m’arrive d’être surpris aussi parfois en bien, souvent en mal. Il m’est arrivé qu’une fille me saute dessus et m’embrasse. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu que je devais le savoir et un de mes amis m’a assuré que je l’avais dragué toute la soirée. Alors que pas du tout, juste je m’intéressais à ce qu’elle disait. A l’inverse je me suis pris des stops de filles qui me recalaient alors que je ne faisais que parler. Mais sans doute que l’attitude, le sourire, l’intérêt envers quelqu’un font partie de la panoplie du charmeur.

C’est l’heure d’aller voir mes amis Florentins jouer une pièce au sujet lourd, la pédophilie dans l’église.

Pardon !

Sur un texte autobiographique de Laurent Martinez, on y suit l’histoire d’un homme victime, qui tente de se reconstruire à l’aide d’une femme récemment rencontrée, et d’un homme d’église coincé entre la pression de ses pairs à protéger l’institution et une bonne sœur qui tente à tout prix d’aider les victimes, elle-même sans véritable pouvoir, rongée par son impuissance.

La mise en scène est simple, le texte intéressant et malgré quelques difficultés à démarrer les premières minutes, on se laisse emporter par cette histoire qui prend une dimension véritablement brutale lorsque Laurent vient face public raconter son histoire, directement, sans filtre. C’est bouleversant.

Féminisme pour homme

Mes deux amies ont été recrutées pour tracter un spectacle et m’invite à aller le voir avec elle. Nous sommes accueillis par Noémie de Lattre, actrice, autrice, metteuse en scène de ce spectacle intitulé Féminisme pour Homme. En quelques minutes à peine, elle fait exploser la salle de rire, nous transforme rapidement en une bande de potes, se lâche complètement et nous fait un cours de féminisme absolument fondamental. En une heure et demi, elle alterne informations et blagues, chante, danse, rit. Sa joie explosive et phénoménale nous entraîne avec elle sans temps mort. Le sujet étant monumental, j’ai trouvé la fin un poil rapide et énumérative, mais c’est simplement de la frustration de ne pas pouvoir en faire plus, en dire plus.

 A titre personnel, je n’ai rien appris, tout ce qu’elle disait m’était connu, mais parce que j’ai fait ce chemin depuis 14 ans déjà, l’âge de ma fille. Mais quand tu vois le public en larme, standing ovation, puis des femmes prendre Noémie dans leurs bras expliquant qu’enfin quelqu’un mettait des mots sur leurs maux que tu te rends compte à quel point il y a un putain de problème à régler, une montagne à abattre, que son spectacle devrait être joué dans les collèges, les lycées, les facs même tant on nage dans une merde machiste et patriarcale dégueulasse qui fait du mal à tout le monde. Une actrice formidable avec qui j’aurais aimé passer plus de temps.

Bref, allez-y.

Après plus d’une heure à discuter avec Noémie, je rentre à la maison, fourbu mais content.

Lucile me dira par la suite que j’ai monopolisé la parole alors que des femmes souhaitaient discuter avec l’actrice. Comme quoi, j’ai beau être conscient du patriarcat et de ses problèmes, je continue à comporter comme je l’ai appris, à couper la parole aux femmes, à prendre l’espace. Je déconstruis mais çà prend du temps.

Avignon, jour 4

R.A.S ou presque. Repos jusqu’à 15h30 du mat’, balade dans les rues, siestes, tellement d’heure de sommeil à rattraper. Petit anniversaire sympa de l’ami Arnaud que j’invite à dormir à la maison pour éviter de le faire rentrer trop loin trop tard. On est maintenant quatre à l’appart’, j’ai bien fait de prendre grand.

Avignon jour 5

Arnaud me motive alors on sort direct voir des spectacles à 10h du mat’ en mode stakhanoviste. On débute au Train bleu avec Echos Ruraux.

Échos Ruraux

L’histoire d’une famille dont le père agriculteur vient de mourir en laissant une montagne de dettes après un passage au tout bio complètement raté. A part le protagoniste principal, le fils qui doit reprendre la ferme et ne voit aucune solution, aucune aide, toutes les portes se fermer une à une, tous les autres acteurs jouent plusieurs rôles, parfois membres du conseil municipal dont on voit la difficulté à équilibrer les budgets, devant parfois faire des arbitrages déchirants et inhumains, ou encore en grand-mère dont l’aide à domicile risque de partir suite à une décision administrative lointaine, ou encore la sœur avocate qui a fui la ferme pour vivre sa vie à Paris, faire la grande dame, et bien d’autres encore.

J’ai rarement vu une telle énergie sur scène, une telle vigueur, une telle vibration dans les émotions, du rire parfois, du ressentiment souvent, de la tristesse beaucoup, je me suis laissé complètement embarquer, les yeux mouillés par certaines scènes puissantes, dont celle où le fils explique à sa sœur pourquoi il l’envie, comparable dans l’idée et la réalisation au « Non merci » de Cyrano.

En tant que metteur en scène, j’ai parfois des acteurs que je suis obligé de pousser à fond, à qui je demande d’envoyer la voix, et qui me répondent que ça va faire ‘trop’.

Non. Ça ne fait pas trop. Ça ne fait jamais trop. Quand tu penses que c’est trop, t’es à la moitié de ce qu’il faut faire. Et les acteurs de Echos Ruraux nous le démontre parfaitement.

Maxime Sendré

A midi, je décide d’aller voir Maxime Sendré, déjà vu en première partie de Fanny Pchl. Je le croise dans la rue, il a l’air manifestement très heureux de me voir, sa joie est communicative. J’avais peur que la salle ne soit pas remplie mais je me suis complètement trompé. Salle pleine, avec des professionnels et des festivaliers, tellement que je me retrouve à l’arrière. C’est un one-man show prenant comme thème la mucoviscidose dont il est atteint. Et là c’est un festival de blagues, d’humour noir, de situations absurdes, d’imitations de personnages de films. On croise des médecins, des handicapés, des banquiers. C’est très drôle, enlevé, triste et flippant en même temps. On ne sait jamais si les quintes de toux de Maxime sont réelles ou jouées. Ce n’est vraiment pas simple à voir, on hésite en permanence entre le rire franc et la gêne. Bref c’est très très bien aussi.

Cyrano

Enfin à 14h, un Cyrano (il y en a trois ou quatre à Avignon cette année). Rapide, enjoué, avec de très beaux costumes et une mise en scène moderne, des films et des blagues, ça se tient bien même si c’est évidemment trop rapide pour un tel monument. La fin est un poil bâclée, et si la mort de Cyrano me fait systématiquement pleurer dans un réflexe pavlovien (c’est ouf d’ailleurs, c’est incontrôlable et systématique), là je n’ai dû essuyer qu’une petite rivière de larme au lieu du torrent habituel. Donc très bon moment aussi.

L’après-midi se passe tranquillement, passant de bar en bar, de rencontre amicale en rencontre amicale. Puis à 20h je vais voir Gardienne, dont on m’a vanté les qualités, soit directement (par Sylvain), soit par les affiches et le fait que ce soit complet presque systématiquement.

Gardienne

C’est un seul en scène où l’actrice nous raconte l’histoire des femmes de sa famille mais par le thème des enfants et de l’avortement. Elle incarne tour à tour des grands-mères, des mères, des sœurs, des jeunes puis finalement elle-même et chacune exprime à sa manière ses sentiments et ce qu’elle a dû faire pour éviter d’avoir des enfants dont elle aurait eu la charge exclusive. Peu d’homme sont dépeints positivement (autre époque, autres mœurs, ou pas..), et ce qui ressorts surtout c’est le courage de ces femmes à une époque où l’avortement c’était surtout risquer la mort, les infections, les stérilités et autres joyeusetés dont peu ont idée.

Et bien je dois dire que je n’ai pas aimé.

Le début est très long, le débit de parole est très lent, il y a peu d’humour (pas forcément facile cela dit) et la montée en émotion n’a juste pas du tout marché pour moi. Comme pour les autres spectacles « féministes » que j’ai pu voir, et étant né et ayant été élevé moi-même dans une famille de femmes depuis plusieurs générations, je savais déjà tout ça, on m’avait parlé de ces horreurs, j’étais familier et malheureusement impuissant.

J’ai été successivement les hommes qu’elle décrit, égoïste, charnel, peu investi. J’ai été ce bourreau et je ne pourrais jamais m’excuser plus que je ne l’ai déjà fait. L’histoire aurait dû me toucher, j’étais prêt pour ça. Et c’est peut-être pour ça que je n’ai pas accroché. Tant pis.

Je passe la soirée avec Lucile et quelques personnes de rencontre, très sympas. La place des Corps Saints est pleine de monde, des gens jouent de la musique tzigane, une femme danse dans les rues, les verres s’entrechoquent. On entend des rires, de la joie. Mon regard croise celui de celle qui m’a blessé en début de semaine, la lumière perd un instant de son éclat, je bois un coup, regarde ailleurs, ça va mieux mais je décide de partir rapidement. Comme d’habitude en fin de soirée, je croise Thomas Rio, partage mon histoire, ma journée, il me fait rire. Merci mec.

2h30 du mat’, je me couche, apaisé.

Avignon jour 7, déjà

Ça fait plusieurs jours déjà que je suis en collocation avec Lucile et ça se passe bien. Tous les jours elle me fait rire, saute, danse, chante, c’est un bonheur quotidien. J’ai l’impression de vivre avec ma fille, avec juste quelques années de plus mais le même délire. Après la colloc du début de vacances, ça me change. D’ailleurs, je me rends compte que parcourir Facebook me mets parfois des petits coups au cœur, des piqûres de rappel dont je ne veux pas me rappeler. Pourtant je suis à deux clics d’aller mieux, deux petits clics. Clic. Êtes-vous sûr ? Clic. C’est fait. C’est un pincement, mais je me sens déjà mieux. A l’autre maintenant. Clic. Oui je suis sûr. Clic. Soulagement.

En caleçon sur mon siège en plastique collant, je parcours le guide d’Avignon pour trouver un spectacle. La chaleur et le flemme m’interdise de sortir avant 12h. Sur une page au hasard, je tombe sur « La contrebasse » sur un texte de Suskind, l’auteur du Parfum qui m’avait mis une petite claque quand j’ai vu le film. J’avais aidé une amie à travailler sur une partie du texte et j’avais bien aimé. Quelques minutes après je me rends au théâtre, à l’extérieur des remparts.

La contrebasse

Sur un décor minimaliste mais sympathique, l’imposant comédien nous raconte sa relation particulière à la musique, à son instrument, énorme, qui prend de la place dans sa vie professionnelle, sa vie amoureuse aussi, toujours là, ne le quittant jamais. Il boit, enchaîne les bières pendant une heure et demi, perd de plus en plus pied avec la réalité. On comprend qu’il n’est pas à sa place, qu’il n’a pas forcément choisi, qu’il a agi à la suite d’une rébellion pathétique contre l’autorité parentale, qu’il n’est finalement qu’un ouvrier de la musique, détestant son outil, ses pairs, et ses héros, mais ne sachant rien faire d’autre. Un seul espoir, ténu, impossible, une jeune fille, inatteignable, hors de portée, désynchronisée. Va-t-il attirer son attention ? Comment ? Et surtout pourquoi ?

Bon, autant vous dire que malgré une ou deux longueurs, j’ai adoré le texte et l’interprétation de cet homme plus fatigué qu’alcoolisé, triste et flamboyant.

Et puis ça me fait réfléchir, je me projette. Après tout malgré mes tentatives artistiques, qu’est-ce que je suis au fond, à part un informaticien ? Qu’est-ce que j’ai vraiment tenté ? Est-ce que j’ai vraiment tout fait pour sortir de ma zone de confort ?

Je profite du fait que les pintes sont moins chères qu’ailleurs pour rester un peu avant le prochain spectacle. L’acteur est là, me regarde, me dit qu’il m’a vu dans le public, me demande mon avis. On parle une heure de la pièce, de son rapport au métier. Il me dit qu’un festival amateur au fort potentiel va prendre place en Avignon au mois d’Août. Ça lui fait plaisir de voir d’authentique passionnés. « Mais dans ce métier, ne sommes-nous pas tous passionnés ? ». Il me regarde un instant, sourit puis me dit : « Pour la plupart des professionnels, c’est un métier, juste un métier ».

Depuis le temps que je rencontre des comédiens, je me rends compte que la passion qui m’anime, l’envie absolue de ressentir et faire ressentir des émotions disparaît ou se réduit avec l’expérience, comme si le fait d’en vivre devait impérativement éteindre la flamme. J’ai eu le même retour dans le milieu du jeu vidéo, un rêve pour ceux qui n’y sont pas, un métier comme un autre, un désenchantement, pour ceux qui y sont.

En repartant je croise mon amie Émilie et décide d’aller voir Hot House que j’ai déjà vu plusieurs fois mais pas dans la forme actuelle.

Hot House

Dans une prison/hôpital psy éloigné, un directeur frappadingue, et le comité de direction tentent de faire face à la mort d’un patient, et à l’accouchement surprise d’une autre, violée par un membre du personnel dont on ne connaît pas l’identité. Comme à chaque fois j’ai bien aimé, probablement le public aussi vu la salle quasi pleine depuis le début du festival. Je dois avouer ne toujours pas comprendre complètement l’histoire mais c’est drôle, rythmé (sauf à une ou deux reprises), déjanté alors ça me va. Je regrette simplement le choix d’intention donné au personnage du Directeur que je trouve en colère en permanence et pour lequel je verrais plus de nuances, de folie, et de pathétisme.

Évidemment ce n’est en rien la faute d’Hugo, qui défend très bien le choix actuel, mais pour une prochaine version, je crois que c’est une direction à prendre.

Je croise plein de potes d’un coup, Alexandre, Hubert et d’autres. On boit des coups, on reparle de Florent, de Hugues, mon prof préféré de tous les temps, on refait ces quelques années de théâtre qui nous ont tous transformé, on compare nos expériences et nos envies.

Klotilde

A 19h30 je cours voir Klotilde, un seul en scène très drôle.

A un moment elle demande au public qui est venu à cause de l’affiche où elle se découvre pas mal, évidemment je lève la main, je ne suis pas seul, le public rit, elle me dit qu’elle ne se mettra pas à poil, que j’ai été eu, mais ce n’est pas grave, j’ai pas mal bu avant, je suis à 3 grammes, je m’en fous, elle est marrante. C’est du stand-up, elle parle de tout et de rien, je ne saurais même pas dire le thème. J’ai passé un moment agréable, pas ouf mais bien.

La fin est un peu rapide, elle ne parle pas trop au public, démonte son matériel en pensant à autre chose. Je me remémore la discussion avec l’acteur de la contrebasse sur la passion.

Le sourire de Lisa

À 21h20 je vais voir le Sourire de Lisa, un peu plus d’une heure de délire ininterrompu sur le développement personnel, l’accès à sa conscience, à Dieu ou au souffle ou à Leonard de Vinci de l’autoroute ou, ou, ou… C’est bourré de jeu de mot, de référence alakon, et d’explications foireuses dites avec le plus grand sérieux par un formidable acteur belge, forcément.

En sortant je fais la rencontre de la maman de ma colocataire. Elle s’appelle Laetitia. Je bloque sur son visage, qui me fait penser à ma mère. Un truc de dingue, une cousine sans doute. On parle beaucoup, on rigole beaucoup, j’ai l’impression que c’est un truc de famille. On parle boulot, elle organise des stages artistiques, je veux participer ! On décide de se revoir le lendemain, je suis content de ma soirée. Qu’est-ce qu’elle est belle. Sans le vouloir elle me renvoie à ma relation avec les femmes en général. Depuis le théâtre je sors souvent avec des filles plus jeunes que moi, parfois beaucoup plus jeunes comme celle du début d’Avignon, et je suis souvent déçu. Mais j’y retourne quand même, ayant la sensation diffuse qu’il faut que je sois « utile », une espèce de connerie de mentorat peut-être, que je n’ai pas de valeur si je n’apprends pas quelque chose aux autres, si je ne les aide pas. Evidemment, ça fonctionne assez peu. Et puis sans doute ai-je peur que la personne avec qui je suis se rende compte que je suis vide. C’est comme s’il fallait que je sois constamment en mouvement, que je ne peux être intéressant et aimable si je suis juste moi. En deux jours, je me rends compte que l’âge ne fait rien à l’affaire. Elle est magnifique, plus âgée que moi mais aussi jeune dans la tête, artiste, fantasque, tout ce que j’aime et que je retrouve rarement chez les gens de ma génération.

Avignon, Fin

Je suis rentré depuis quelques jours, la tête toujours pleine de soleil et de spectacles formidables.

Comédiens !

Comédiens ! a été ma claque d’Avignon. Une bande de comédiens ont trois heures pour se préparer à présenter une pièce dans un nouveau théâtre, mais ils n’ont que la moitié des décors et un acteur ne connait son texte.

C’est joué par trois acteurs/chanteurs (une demi-douzaine de moments musicaux) absolument dingues, c’est drôle à en pleurer puis la tragédie prend place et on continue à pleurer mais pas pour la même chose. C’est magnifiquement joué, sans temps morts. Standing ovation et tout et tout. Au moment de partir, un immense Viking se lève devant moi, tatoué de partout, barbes et cheveux longs, il se tourne, il y a les yeux mouillés de larmes et me dit : « ça va être dur de s’en remettre hein. »

Nos Pénis Divergent

Sur un ton plus léger, je suis allé voir Nos Pénis Divergent. Deux Pénis sont interviewés par un présentateur déjanté façon Ardisson. Le premier appartient plutôt à un geek et le second à un beau gosse, toujours fier et droit.

Bon, je suis arrivé avec une bonne pinte dans le nez, je suis allé au premier rang et j’ai commencé à tchatcher avec le deuxième rang, déjà hilare. Autant dire que quand le spectacle a commencé, le public était déjà chaud bouillant. C’est très drôle, pas très bien joué en général mais extrêmement généreux. Ça ne s’arrête pas un seul instant, enchainant vanne sur vanne, et souvent beaucoup plus fines que ce à quoi je m’attendais. Ça réussit l’exploit de ne pas être grossier, tout en étant parfois informatif.

Bref, très bien aussi.

Et Dieu créa la voix

Un one man avec beaucoup de chant. L’acteur explique comment s’est créé sa voix et sa passion pour le chant. Il raconte différentes étapes de sa vie, son enfance, ses parents, puis ses métiers avant d’en arriver devant nous, et comment sa voix s’est transformée pendant ce voyage.

C’est très drôle et les moments musicaux sont assez incroyables. Surtout quand on est à 1 mètre, comme je l’étais. C’est généreux.

Tel père telle fille

Enfin, Tel Père, Telle Fille, avec Lucile est une pièce drôle et émouvante où une fille entretient une relation fusionnelle avec son père et n’ose pas lui avouer sa grossesse. Il y a deux acteurs, plus un troisième au téléphone et pourtant très présent. J’ai évidemment été touché par cette histoire dont le nœud n’est pas un conflit, mais bien l’amour. C’est parce qu’ils s’aiment profondément, que cette incompréhension arrive.

Je me suis beaucoup amusé, mais je suis content d’être rentré.

Big up à toutes les formidables rencontres faites sur place, et aux surprises de la vie, bonnes ou mauvaises qui fait qu’on se sent vivant.

Protégé : De l’exploration des mondes réels, ma soirée BDSM

Cette publication est protégée par un mot de passe. Pour la voir, veuillez saisir votre mot de passe ci-dessous :

Review de séries 1/X

Je suis abonné à Netflix depuis quelques mois, et en activité réduite, ce qui me laisse du temps pour regarder. Evidemment je suis devenu complètement addict. Netflix me procure une excellente expérience utilisateur et un catalogue très bien fourni. Exactement ce qu’aurait du faire les français il y a quelques années avant que le géant américain ne vienne tout écraser son passage. Maintenant c’est clairement trop tard. Depuis que j’ai Netflix, je ne télécharge quasiment plus, ce qui prouve qu’une offre correcte, à un prix acceptable, avec une interface qui fonctionne exactement comme elle devrait, c’est tout ce que demande le peuple. En attendant, voici une petite review des dernières séries que j’ai regardé.


  • Great News sur Netflix. Deux saisons de 8×20 min. Du comique produit par Tina Fey sur une équipe qui fabrique une émission d’info pourrie sur une chaine oubliée du câble américain. L’histoire commence lorsqu’ils engage comme stagiaire la mère, âgée de 60 ans, d’une des journalistes. C’est plutôt drôle, avec un débit très rapide, et une histoire globale par saison. La mère est horriblement abusive (genre de l’extrême) et la fille totalement soumise, mais c’est le cœur des situations. J’ai bien aimé.
  • Timeless sur Netflix. Je suis en train de finir la première saison. Une société a créé une machine pour voyager dans le temps mais elle a été volée par un vilain qui veut faire péter l’histoire. Une historienne, un soldat et un pilote prenne la machine de secours pour aller lui défoncer sa reum mais ça marche pas des masses. C’est très américano centré, genre TRES. Chaque épisode est un prétexte à visiter l’une de leur période et voir les grands personnages de ce temps, genre assassinat de Lincoln, Fort Alamo, Al capone etc. C’est pas ouf ouf, mais il y a un fil rouge intriguant sur une société secrète genre illuminati (ou les templiers d’assassin’s creed) qui contrôlerait l’histoire humaine et je veux voir où ça va.
  • Assassination’s classroom. Manga sur Netflix. Un monstre poulpique venu d’on ne sait où à détruit une partie de la lune et menace de détruire la terre à la fin de l’année si on ne le laisse pas devenir le prof d’une classe de ratée d’un collège japonais pour qu’ils l’assassinent, mais il est beaucoup trop rapide pour ça. Je n’ai pas encore fini la première saison. C’est hyper bizarre à suivre, je sais pas trop à qui ça s’adresse et de quoi ça parle vraiment. Le prof/monstre est ultra bienveillant, veut absolument que les élèves réussissent, fait tout et le reste pour les aider, les renforce positivement, et tout ça mais on comprend pas pourquoi. Je pense depuis le début qu’il s’agit d’une putain de gigantesque métaphore et que rien de tout ça n’existe. J’aime beaucoup mais je comprends rien.
  • Kevin’s hart black history. Un one-shot d’une heure. Un humoriste américain noir, raconte à sa fille comment les noirs américains se sont fait voler la vedette par des blancs. C’est trèèèès bien. Présenté sous le mode drôle, c’est juste profondément choquant mais tellement commun. L’histoire du pôle nord est édifiante par exemple. Y’a plus qu’à faire ça pour les femmes.
  • Riverdale saison 3. Mais c’est tellement de la merde, c’en est difficilement concevable. Chaque épisode est un festival de revirement, de non-sens, de situations totalement absurdes et déconnectées. J’adore parce que je veux savoir quelle connerie ils vont pouvoir faire après.
  • Fear the walking dead saison 1 et 2. J’avais abandonné WD à la saison 3 tellement c’est chiant et long et tellement j’en pouvais plus de Rick. Ce spinoff que j’ai commencé pour me remettre dans le bain zombiesque est plutôt très bon. La s01 en 6 épisodes présente les personnages en début de l’épidémie et installe l’action à Los Angeles. La s02 se passe au Mexique et l’ambiance zombie/latino me fait ultra-kiffer. Comme d’hab’, situation merdique sur situation merdique, choix pourris à faire constamment, et à peu près plus de bon sens de la part des persos que dans d’autres films et séries. C’est pas la série de l’année mais ça se laisse regarder. Y’a quelques scènes biiien gores aussi.

Nicky Larson ne craint personne

Toujours un peu ado dans ma tête, j’ai pourtant passé les 40 ans (nan c’est pas vrai, naaaan je veux paaaas). Je suis un enfant des années 80, élevé au Banania et au Nesquick, devant Croque-vacances et Récré A2 présenté par Dorothée, la grande prêtresse des enfants de cette époque, sans qui la France ne serait pas aujourd’hui le premier consommateur de Japonaiserie au monde. Je connais presque tous les dessins animés de cette époque, de Cat’s Eyes (LOOOVE) à Inspecteur Gadget, en passant par genre tous les autres. Je connais les génériques par cœur, j’ai élevé mes enfants en leur chantant un des génériques de Goldorak.


Et pourtant je déteste profondément la nostalgie, qui nous retient, nous empêche d’avancer, nous enferme dans le souvenir idéalisé d’un monde qui n’existe plus. Rien de plus rébarbatif pour moi que de voir sur scène les vieillards chantant en playback la seule chanson qui les fait vivre depuis plusieurs années. Tous ces remakes débiles des séries de notre enfance, qui parfois me font sourire par leur capacité d’autodérision (coucou Jump street), ce coup de coude qui dit : « hey, t’as vu, c’était con hein les années 80, allez claque ta place de ciné à 10 boules quand même, c’est le prix de la moquerie ». Autant dire qu’il a fallu que je me persuade que mon abonnement ciné me permette d’aller voir des merdes pépouze pour que je sorte de chez moi voir Nicky Larson.

La bande-annonce bien pourrie nous a tous fait croire qu’il s’agissait d’un énième navet de la bande à Fifi, déjà responsable des plutôt sympa Baby-sitting tout autant du bien problématique Epouse-moi mon pote.

Et ben en fait, pas du tout.

Tout d’abord c’est un film qui transpire l’amour de Lacheau pour le personnage de Nicky Larson. On sent qu’il a étudié le bousin, dans sa version VF, mais aussi VO et Manga. Il a pris énormément de muscles pour avoir la carrure du personnage et fait le travail jusqu’au bout en validant le scénario auprès de l’auteur original Japonais du manga. Ce que j’ai vu correspond en tout point à mon souvenir, pas de trahison. Et surtout sans les conneries des doubleurs français de l’époque, qui voulaient édulcorer pour le public jeune. Clairement, Lacheau s’est plutôt inspiré de la version originale.

Ce film a été fait extrêmement sérieusement, et je n’ai pas l’impression qu’il s’agisse d’une adaptation faite par-dessus la jambe. C’est drôle, bourré d’action, bourré de références aussi (parfois discrète, souvent beaucoup moins), et l’histoire tient globalement bien la route pour un film de ce genre. Des méchants, des gentils, des retournements de situations, de l’humour, de la baston, des poursuites, le tout parfaitement rythmé.

Les scènes d’action sont particulièrement bonnes, je me suis beaucoup amusé à voir ces chorégraphies et ralentis improbables. Notamment la dernière, qui raconte quelque chose en plus que la simple baston.

Il y a bien quelques petits soucis, notamment une vision de l’homosexualité qui pue clairement, toujours pas réglée depuis Épouse-moi mon pote, des placements produits posés à la truelle, un personnage plutôt pas trop utile et des caméos dispensables mais sans doute obligatoires.

Dans l’ensemble, j’ai beaucoup rit, de bon cœur, sincèrement, sans sarcasme ni cynisme et j’ai passé globalement un excellent moment.

Rêve de dragon reboot

Je suis vraiment un vieux joueur de jeu de rôle, un vieux rôliste, un vieux râliste aussi parfois. Je regarde tous les foulancements d’un œil circonspect, toujours à me dire que la nostalgie c’est quand même un peu de la merde. Mais quand j’ai vu le nouvelle édition de Rêve de Dragon, je n’ai repris conscience que plusieurs minutes après avoir dégainé ma carte bleu et payé en ligne. Une absence, un oubli de moi-même sans doute. J’ai craqué. Pas seulement pour les souvenirs incroyables que ce jeu à pu me procurer, à sa lecture, ou en jeu bien sûr mais aussi pour les illustrations superbes de Florence Magnin et Rolland Bartelemy, pour l’écriture ciselée des scénarios, pour leur incroyable pouvoir de rêve alors qu’à la même époque, on descendait épée à la main dans des donjons moisis pour y cambrioler les trésors de pauvres créatures assassinées pour notre plaisir malsain.

Rêve de dragon c’est le Voyage (grand V), l’absurde, le décalage permanent, l’envie d’en savoir toujours plus. Le seul jeu où on pouvait passer des séances entières à jouer des punks à chien, acrobates cracheurs de feu, cuisiniers ou saltimbanques et prendre un plaisir dingue à juste fumer de l’herbe de lune, manger des trucs bizarres trouvés dans la nature et expérimenter.

Contrairement à beaucoup de joueurs, j’ai toujours aimé les règles, parfaites, précises, et quasi exhaustives de Rêve de dragon. Tout se tient, et finalement tout est simple.

Et aujourd’hui j’ai reçu la plus belle, la plus riche, et la complète des éditions jamais écrite pour ce jeu.

Allez unboxing.