Gamedesign

Un système d’expérience organique

La plupart des jeux de rôle proposent un système d’expérience pour faire progresser les personnages. Par le temps, les aventures et les rencontres ils deviennent plus forts sur la voie qu’ils ont choisie. Souvent, cette progression est linéaire, et abstraite. Le personnage accumule les points d’expérience jusqu’à passer un palier qui lui permet de s’améliorer, et ainsi de suite. Certains systèmes permettent d’augmenter les compétences utilisées souvent ou autorise une répartition de points après un certain temps.

Dans l’article qui suit je propose une règle complémentaire, ou remplaçant les abstractions précédentes.


L’expérience organique est celle obtenue par un personnage lors d’une action quelconque, significative et mémorable.

Significative parce qu’elle peut avoir un impact important sur l’histoire. Mémorable parce que le contexte dans lequel la situation a eu lieu a pu marquer l’esprit du personnage ou de ses compagnons. Dans certains cas, que je vais préciser, le joueur est autorisé à inscrire cette expérience sur sa feuille de personnage, ce qui pourra l’aider dans le futur.

Comme c’est un peu nébuleux, voici tout d’abord la règle que j’utilise dans certaines versions d’YxY.

Chaque fois qu’un personnage tente une action importante et significative (en gros, quand il lance les dés pour une action non triviale), si le résultat obtenu est un double-6 ou un double-1, il peut, s’il le souhaite, inscrire la situation, c’est à dire l’action et le contexte, sur sa feuille de personnage. Cette situation doit faire quelques mots, au maximum une phrase, et doit indiquer ce qu’il a fait et dans quelle circonstance.

Par exemple, imaginons que Velcro le célèbre gobelin cambrioleur tente de fuir la maréchaussée en grimpant à toute vitesse sur les toits grâce à une gouttière opportunément placée dans le cul-de-sac dans lequel il vient malheureusement de s’engouffrer. Prenant appui sur une poubelle, il se projette vers la gouttière et tente de s’y hisser prestement. Il lance les dés et obtient un double-1. Malgré son talent pour la fuite, c’est un échec retentissant (qu’on pourrait qualifier de critique dans les autres jeux). La meneuse décrit comment la gouttière craque puis s’effondre sous son poids tandis que les gentilles forces de l’ordre dégainent leur matraque en souriant à pleine dents à l’idée de ce qu’ils vont faire subir au malheureux gobelin tout penaud au fond de sa poubelle.

C’est dans sa cellule, en comptant que les os qui lui restent en bon état, qu’il se dit qu’il aurait pu s’y prendre autrement, placer son pied différemment et sans doute ne pas s’appuyer sur la première gouttière pleine de rouille qu’il a vu.

La meneuse de jeu l’autorise à inscrire sur sa feuille : « Grimper une façade à toute vitesse ».

La prochaine fois qu’une situation similaire se présentera, il aura droit à un bonus. Dans ma version, c’est une relance de dés, mais peu importe.

Il y a tout de même un souci, quoi inscrire ?

Et bien tout dépend de l’univers, et des envies des joueurs et meneuse de jeu. Si la description est trop réduite, cette expérience ne servira jamais et, à l’inverse, un simple « Grimper » servira probablement tellement souvent que cela deviendra un talent à part entière, très large mais qui ne rappellera que peu son origine.

Mon conseil est évidemment de faire entre les deux, quelque chose qui sera fondamentalement utile (il est probable que Velcro tentera souvent de s’enfuir en grimpant une façade), tout en n’étant pas trop générique.

Généralement, je limite aussi le nombre d’expériences organiques, soit avec un chiffre fixe, par exemple 5, soit par niveau, ou un calcul savant permettant de commencer petit et d’avoir de plus en plus d’expérience à mesure que le personnage évolue.

Si un personnage devait inscrire une expérience alors qu’il ne pouvait pas le faire, il supprimera simplement une expérience précédente.

Mes systèmes sont souvent basés sur la négociation, qu’il s’agisse de définir une spécialité à la création de personnage ou de demander l’utilisation d’un domaine à la place d’un autre par la grâce d’une chouette description, j’aime l’idée de pouvoir agir sur les règles, et donc sur le monde, avec une bonne idée.

Je comprends que cela ne plaise pas à tout le monde, et clairement cela demande une certaine souplesse de maîtrise et un peu de compréhension des joueurs mais le résultat est qu’un personnage qui a joué, qui a vécu dispose d’une panoplie très colorée d’expériences organiques et n’est pas simplement un tas de chiffre.

Si on veut aller plus loin, il est possible d’utiliser cette règle pour créer des compétences et des talents spéciaux obtenus uniquement dans certaines circonstances. Tout ce qui n’est pas définit spécifiquement par les règles peut être ajouté sous forme d’une connaissance particulière. Parfois, d’autres jeux laissent des lignes pour ajouter des compétences non prévues. Le système d’expérience organique peut être utilisé pour cela.

Tant que cela ajoute de la chair au personnage, c’est bon à prendre.

Considération de game-design autour des avantages et du système de réserve dans YxY

Encore un article de game-design autour du système d’YxY, parce que pourquoi pas. Aujourd’hui je parle du système d’avantage et de la manière dont on peut s’en servir pour promouvoir du roleplay pendant la partie via le système de talisman et de trophée.


Des avantages et des réserves

Le système d’YxY tourne autour de deux idées majeures, un jet de dé tactique (simple mais offrant le choix d’une prise de risque), et les avantages, des points de bonus pour réussir ou action ou activer des effets spéciaux. Dans une situation autre que le combat, dépenser des avantages en plus de la réussite d’une action est la seule manière de quantifier cette réussite, plus on dépense d’avantage, mieux l’action est réussie.

Dans la plupart des situations normales, les joueuses auront peu besoin d’avantages. Les difficultés étant atteignables grâce à leur compétence et leur équipement. Mais plus la menace grandit plus les difficultés (des jets de dés) augmente, jusqu’à arriver à un niveau absolument impossible à réussir normalement. C’est là que les avantages entrent en jeu.

Pour rappel, les avantages sont des points, matérialisés par des jetons, que les joueuses peuvent dépenser quand bon leur semble pour réussir une action autrement impossible.

L’intérêt de ce système d’avantage c’est qu’on peut les adapter à l’univers, en faire un enjeu à part entière. On peut jouer sur la manière de les gagner, de les RE-gagner, de les posséder dès le départ etc.

Par exemple, dans la version YxY apéro, on gagne les avantages de trois façons

  • Chaque fois qu’un dé donne un 6, on gagne un avantage à dépenser quand on veut.
  • Lorsqu’on s’entraide ou qu’on se prépare, on gagne des avantages à dépenser pour l’action visée.
  • On peut sacrifier quelque chose pour obtenir des avantages pour une action donnée.

Dans Big Ben Tentacule, il existe un système de réserve, appelée Flegme. Cette réserve donne un nombre d’avantage spécifique qu’il est possible de dépenser pour des usages liés à l’univers Lovecraftien qu’il cherche à émuler. L’idée est de promouvoir, par le système, une manière de jouer spécifique. Par cette astuce, j’attends des joueurs qu’ils jouent des britanniques combattant un mal cosmique une tasse de thé à la main, le petit doigt en l’air ;

Je travaille sur une version Donjonnesque du système (non paru) dans lequel la joueuse pourra augmenter son personnage en choisissant des capacités d’Aventurier, de Mage et de Guerrier. Chaque fois qu’une capacité est prise dans un de ces trois domaines, une réserve liée (donc une réserve d’aventure, de magie et de combat) augmente d’un point. Si vous connaissez Donjons et Dragons, vous pouvez y voir une sorte de multiclassage, comme si ces réserves étaient les niveaux du personnage dans ces trois méta-domaines.

Chaque réserve permet des usages spécifiques et se récupère différemment créant encore une fois, une manière de jouer et des scènes spécifiques.

Talisman et trophées

Dans Yuri cross Yurei, la version complète en cours d’écriture, j’utilise un système de talismans et de trophées.

Un talisman est un objet réceptacle d’une émotion ou susceptible de générer une émotion positive. Il peut s’agir de n’importe quoi tant qu’on peut y accrocher de l’histoire. Dans énormément d’œuvres de fiction le héros possède ce genre d’objet. Il peut s’agir d’une voiture qui sert de base mobile, du médaillon d’un parent défunt, d’une arme transmise de génération en génération, du bracelet brésilien donné par un enfant, d’une mèche de cheveu d’un ancien amant, une compilation de musiques des années 80 ou un cadeau particulièrement personnalisé, bref tout ce qui permet à un personnage de ressentir quelque chose et qui ne soit pas un simple outil.

Un trophée est un talisman spécifique car créé par un personnage après une épreuve importante. Là où le talisman provient de quelqu’un d’autre (mais l’émotion provient du personnage lui-même), le trophée est une manière pour le personnage d’y investir une part de lui-même, de se créer le support d’une émotion, un rappel de ses exploits passés.

En termes de règles, un talisman contient des avantages, c’est une réserve externe au lieu d’être interne.

Un talisman est créé après une scène sociale forte, intime, dans laquelle les personnages ont changé leur relation. Dans la culture nipponne, le cadeau est une valeur importante, appréciée. Ce système permet de récompenser, mécaniquement, les idées des joueuses allant dans ce sens.

Les trophées permettent aux joueuses qui ont particulièrement bien réussi un combat d’investir les avantages qu’elles possèdent, et qu’elles risquent de perdre ou de dépenser, dans un objet. Elles vont thésauriser des points volatiles dans un objet physiques. On peut aussi voir dans l’accumulation des trophées un système d’expérience alternatif leur permettant de combattre des ennemis de plus en plus puissants et difficile à vaincre, apportant par leur défaite des trophées de plus en plus puissants.

Plus de précisions dans le jeu complet, qui avance bien d’ailleurs grâce au retour d’un des auteurs d’origine, Matthieu Destephe, qui travaille sur la mise en page et les illustrations. Merci à lui.

« System matters »

De la notion de prise de risque dans la technique rôlistique

Ce matin j’ai participé à une petite expérience rôlistique via le live Facebook grâce à l’ami Sandy Julien qui nous a narré de sa voix calme et grave une petite partie d’Alien, le jeu de rôle qu’il traduit actuellement. Pendant la partie, il a utilisé une règle appelée dé de stress qui mesure le degré de stress donc du personnage incarné. Ce dé est ajouté à tout test, pouvant améliorer son résultat ou même transformer un échec en réussite mais en cas de 1 sur le dé, il se passe quelque chose de grave.  C’est sous une forme similaire que j’écris quasi systématiquement mes règles de prise de risque.


J’ai plusieurs marottes en game design, plusieurs concepts que j’efforce d’intégrer et d’affiner au fil des systèmes que j’écris. La prise de risque est une de ces marottes. Elle représente la possibilité technique qu’à un joueur de décider, à chaque jet de dé (atomisation de la décision) si son personnage prend un risque. C’est évidemment une exploitation directe du concept de risque/récompense qu’on retrouve dans tous les manuels de game design.

Comme beaucoup de mes systèmes, je veux que ce soit utilisé, au besoin et à l’envi du joueur. Prenons trois exemples.

Dans Face8, le système utilisé par Artefya, et dont les prémisses se trouvaient déjà dans Continuum, on lance une poignée de dés dont chaque résultat est comparé à la difficulté. Un dé égalant ou dépassant la difficulté est une réussite, plus il y a de réussite, mieux c’est. Le système est écrit de telle manière qu’il est facile de réussir normalement mais difficile de le faire avec éclat.

Dans ce cas, le joueur est invité à ajouter des dés de risque à sa poignée avant de les lancer. Ces dés peuvent réussir mais en cas de 1 (comme dans Alien du coup), il se produit un évènement grave pour le personnage. Il peut donc tout à fait réussir son action MAIS avec un problème supplémentaire. On retombe d’ailleurs dans les systèmes narratifs type « Oui, et », « Non, mais » etc.

Dans Maxximum Badass, les personnages sont des héros de films d’action qui en prennent plein la gueule. C’est haut en couleur et le principe est de tout réussir très fort, et d’en encaisser encore plus. On est typiquement dans le film américain où les combattants arrêtent les coups avec leur tête. Il s’agit ici d’infliger un maximum de désagrément aux héros, le côté amusant se trouvant dans le fait qu’ils puissent l’encaisser. Le Jeu Hellywood est un bon exemple de jeu où on trouve ce genre de personnage (ça me fait penser que je parlerai un jour de la différence fondamentale entre la description narrative et l’effet technique).

Le système est un peu particulier, chaque scène dispose d’une valeur, d’un nombre de point qu’il s’agit de battre en cumulant les jets de dés. Si la scène n’est pas vaincue en un seul tour, les personnages encaissent des « punitions », désagréments plus ou moins violents. Les difficultés étant élevées, les joueurs sont invités à ajouter des dés de risque qui s’ajoutent au résultat total. La différence par rapport a Face8 étant que la prise de risque est aussi importante, et même plus, que la compétence du personnage.

Un personnage très fort dans un domaine dispose de trois d6 à lancer (et en fait la somme), un personnage nul ne lance aucun dé. N’importe quel personnage peut lancer jusqu’à trois dés de risque supplémentaires et les ajouter au total, oui même, et surtout, les personnages mauvais. Si au moins un dé fait un 1, le personnage encaisse aussi des désagréments (blessures, perte d’objets ou de pns etc). Plus on lance de dés, plus la chance d’obtenir un 1 augmente, ce qui est mauvais pour le total et crée des problèmes. C’est un choix cornélien à chaque fois.

Dans YxY, il y a déjà un système de sacrifice qui gère en partie cette notion de risque, mais à postériori. Par contre, le cœur du système est articulé autour du choix tactique.

Un personnage va normalement lancer 2d6 plus une caractéristique/compétence entre 0 et 3. Il peut tout à fait choisir de transformer un point de sa caractéristique en d6 supplémentaires, mais n’en garde que deux (l’idée est tirée de l’excellent jeu Michtim). Par exemple, un personnage qui devrait lancer 2d6+2, peut lancer 3d6+1 ou 4d6. Sachant que les 6 donnent un avantage de jeu supplémentaire, le joueur est constamment tiraillé entre la volonté de lisser le résultat statistique probable et tenter d’obtenir un résultat élevé. Choix d’autant plus compliqué si la difficulté est haute, obligeant à la prise de risque.

Par ces différents exemples, extensibles à l’infini, on voit que le système de jeu donne des possibilités différents aux joueurs et la sensation de constamment décider du risque à prendre, permettant de transférer, encore une fois, le meneur d’une partie de cette décision.

De la notion de Sacrifice dans le jeu de rôle

À l’occasion du confinement pour cause de Coronavirus, j’ai fait jouer une partie de YxY à distance, à l’aides des outils Roll20 pour les jets de dés et l’affichage des feuilles de personnages, et Zoom pour la partie communication. Les joueurs étant de parfaits débutants, n’ayant pour la plupart jamais joué au jeu de rôle, j’ai simplifié encore une fois les règles déjà simples de la Chair et le feu et surtout mis en avant une règle très importante : le sacrifice.


C’est une notion que j’utilise de plus en plus dans mes parties, que je n’ai jamais vu ailleurs et qui permet de simuler beaucoup de choses assez simplement. La perte d’une arme, d’une armure ou d’un objet important, un personnage qui décide de faire gagner du temps à son équipe en bloquant la porte devant laquelle se presse une horde de morts-vivants et bien d’autres exemples sont des sacrifices.

L’idée est simple, qu’est ce le joueur et son personnage sont prêt à perdre pour soit réussir quelque chose de difficile, soit éviter une mort certaine.

En termes de jeu, s’il manque des points pour atteindre le seuil de réussite d’une action, le joueur peut décider de perdre quelque chose de son choix pour obtenir un bonus instantané. Pour YxY, la plupart des objets indiqués dans les scénarios ont une valeur de sacrifice indiquant le bonus accordé à l’action si le joueur décide, volontairement et j’insiste sur ce terme, de le perdre. Mais on peut imaginer perdre n’importe quoi, pas seulement quelque chose de tangible.

On peut imaginer des tas d’usage au sacrifice et mes joueurs débutants m’ont bien surpris.

Par exemple, lorsqu’il a fallu sauter avec la voiture au-dessus du pont se relevant dans « la Chair et le feu », ils ont sacrifié l’exosquelette pour bloquer le mécanisme quelques instants. La conductrice du pickup a ensuite joué de malchance en ratant malgré tout le jet de dé mais a décidé de sacrifier une partie de ses connaissances et de sa mémoire en me décrivant comment, en atterrissant de l’autre côté, elle se cogne le visage contre le volant et s’évanouit. C’est une conséquence importante pour la suite des évènements et j’ai accepté ce sacrifice en donnant les points manquants pour que le jet de dé soit une réussite.

Lorsqu’il a fallu convaincre le responsable militaire de faire un détour en hélicoptère pour aller chercher les survivants laissé à l’arrière, le joueur qui jouait l’informaticienne m’a construit une histoire où son personnage avait rassemblé un nombre important d’information sur l’épidémie et qui montraient l’incurie du gouvernement dans sa gestion (toute ressemblance fortuite machin tout ça) qu’elle allait diffuser à la population. J’ai considéré que le militaire acceptait la requête mais que dans l’épilogue elle serait jetée en prison pour une durée indéterminée. Le joueur a accepté le sacrifice de son personnage pour sauver les autres. Et ça a créé de l’histoire, du matériel narratif, que je n’avais pas prévu.

On peut imaginer casser du matériel, le jeter, le perdre, blesser ou tuer des personnages non-joueurs ou même des personnages joueurs, tout est possible. Cela permet aussi au meneur de se lâcher un peu sans constamment penser aux conséquences. Surtout dans YxY où les dégâts ne sont pas aléatoires mais décidés par le joueur ou le meneur.

Les contraintes à suivre sont peu nombreuse mais importantes :

  • Le sacrifice doit être relié à l’action en cours et être globalement logique, même si c’est à moyen terme.
  • La décision doit venir du joueur. Le meneur peut tout à fait proposer des idées mais c’est le joueur qui détermine ce qu’il se passe et qui raconte conjointement le déroule de l’action. Le meneur reste bien sûr seul maître de la finalité.
  • Le sacrifice est un dilemme, aussi important que la situation l’exige.

Je finirai cet article avec quelques exemples clichés pour faire bonne mesure.

  • Le héros se fait surprendre par un ennemi au détour d’un couloir. Il décide de perdre son arme pour enchainer sur un combat aux poings.
  • Le héros vient de se faire tirer dessus et meurt. Il sacrifie son gilet pare-balle, sa flasque de whisky ou le médaillon de son père.
  • Le héros combat le grand méchant casqué et perd. Il décide de sacrifier sa main pour éviter ce sort peu enviable.
  • Les klingons font un tour dans la coque de l’Enterprise, quelques hommes en rouge passe par-dessus bord, c’est triste mais, contre toute attente, le vaisseau n’est pas en danger.

Si vous avez d’autres idées ou clichés, ou que d’autres jeu de rôle ont des règles similaires, n’hésitez pas à partager !

11 Astuces pour être un meilleur joueur de jeu de rôle

Cet article est une traduction/adaptation de l’article suivant : http://lookrobot.co.uk/2013/06/20/11-ways-to-be-a-better-roleplayer/ datant de 2013.
Merci à l’auteur original Grant.
N’étant pas traducteur de métier, j’ai pu faire certaines erreurs, sauter certaines lignes qui me semblaient moins utiles ou traduire d’une manière peut-être trop grossière ou littérale certains passages.
Veuillez ne pas m’en tenir rigueur et n’hésitez pas à me corriger.


J’ai lu ÉNORMÉMENT d’article sur le net pour savoir comment être un bon Maître de jeu. C’est quelque chose qui me fascine. Je prends vraiment beaucoup de plaisir lorsqu’une partie se passe bien, alors qu’il n’y a ni sexe ni drogues ! Je veux devenir meilleur. Je m’y efforce vraiment. C’est une passion. J’ai lu plus de livres pour m’améliorer en tant que Mj que de livres sur mon propre sujet d’étude.

Mais il est super rare de trouver un article qui vous apprennent comment bien jouer alors que ça devrait être bien plus courant. Il y a quoi, quatre joueurs pour un Mj ? C’est bizarre que la responsabilité d’amuser tout le monde repose uniquement sur le type derrière l’écran et que les autres joueurs viennent juste mettre les pieds sous la table et attendent. Franchement, ça fout les boules.

Alors voilà un truc que j’ai écrit, parce qu’il n’y en a pas assez sur la toile. Voyez ça comme quelques astuces pour être un meilleur joueur. J’ai compilé des idées piquées ça ou là, notamment sur le fil Reddit que j’ai créé et en parlant avec mes potes sur Facebook. Il y aussi cette vidéo sur Improv et le bouquin de Graham Walmsley’s Playing Unsafe. Merci à vous pour ce que vous m’avez apporté.

Note : Je ne suis pas parfait. Évidemment. Si je l’étais j’aurais pas cette gueule. Je ne peux pas prétendre appliquer tous ces trucs en même temps à chaque fois. Ce sont juste des conseils provenant de tout ce temps passé à jouer au Jdr des deux côtés de l’écran, observer des joueurs, et noter ce que j’aime et ce que je n’aime pas. J’espère sincèrement que vous y trouverez des trucs utiles, surtout si vous jouez beaucoup.

UN. Fais des trucs.

Ton boulot en tant que joueur c’est de faire des trucs. Tu dois toujours te demander : « C’est quoi mon but ? Comment je peux l’atteindre ? ». Tu es le centre de ton univers personnel, et tu n’iras nulle part en restant assis sur ton cul à attendre que l’aventure veuille bien frapper à ta porte.

Enquête. Pose des questions. Suis des pistes. Personne ne devrait avoir à te montrer exactement quoi faire dans l’intrigue. Parle aux gens, rentre-leur dedans, fais-les chier. Si c’est pas le genre de ton perso, trouves quelque chose sur lequel appuyer, et appuie dessus.

Si à chaque fois tu te retrouves à te tourner les pouces alors que les autres persos font des trucs, demande toi pourquoi un personnage aussi chiant traîne avec eux.

Soit actif, pas passif. S’il y a un seul truc à apprendre de cet article, putain c’est cette règle !

DEUX. Ton personnage n’existe pas si tu ne parles pas.

Tu peux écrire autant de page d’historique que tu veux mec mais rien de tout ça n’entrera en jeu si tu n’en parles pas. Tu joues un homme d’affaire futé ? Super, fais des affaires, devant tout le monde ! Tu joue un saxophoniste qui kiffe le jazz ? Joue du saxo. Tu incarnes un elfe sauvage qui galère lorsqu’il doit négocier avec la civilisation ? Alors joue-le vraiment, foire tes interactions sociales, mais fais pas genre je m’assoie sur une branche et j’attends que ça passe !

Ok, c’est lié au premier point, j’avoue. Ton personnage n’existe qu’au travers de ce qu’il fait. Ce n’est pas aux autres joueurs de lire ton historique et leurs personnages ne lisent pas les pensées. Bon, certains le peuvent, mais t’as compris ce que je veux dire. Ils ne devraient pas avoir à le faire.

Alors montre tes talents, tes traits, tes faiblesses, tes connexions. Saisis l’opportunité de montrer, pas juste de raconter, aux autres personnages, de quel bois est fait ton personnage.

TROIS. N’essayes pas d’empêcher les choses.

Empêcher les actions d’un autre joueur, ça ne sert à rien. Par exemple, le guerrier veut flanquer une beigne à un type, mais le moine ne veut pas, alors il lui saisit la main avant qu’il ne frappe. En terme de jeu, il ne s’est rien passé. Tout ce que vous avez fait, c’est perdre du temps. Et vous n’en avez pas tant que ça.

A la place, accompagne le mouvement. Construit. Si le guerrier veut fracasser le nez de quelqu’un, qu’est-ce qui se passe ensuite ? Est-ce que le moine va aider le pauvre type ? Est-ce qu’il engueule le guerrier ? Est-ce qu’il va s’excuser auprès des amis du mec avant que ça parte en sucette ? Sauver le guerrier de la méga baston qui suit alors même que cette baston était prévisible et que le moine a tenté de l’éviter ? Peut-être qu’il va juste envoyer le plus balaise de la taverne vers le guerrier pour lui apprendre une leçon ?

Voilà des tas d’exemples d’histoires intéressante. Empêcher le guerrier d’agir ne crée pas d’histoire intéressante.

N’empêche pas, construit !

QUATRE. Prends le contrôle complet de ton personnage

« Mon personnage ne ferait jamais ça » est une excuse de merde, un NON massif au jeu à un niveau atomique. C’est un refus absolu de participer.

Au lieu de rester bloqué sur des notions psychologiques pré-conçues sur ce que ferait ou ne ferait pas ton personnage, accepte les complications et fais-le quand même, tout en te demandant pourquoi tu vas le faire. Pourquoi ton Voleur ferait cette mission pour l’église ? Peut-être a-t-il d’autres motivations ? Peut-être doit-il quelque chose aux autres membres de l’équipe et il se sent lié ? Les personnages en contradiction avec leurs valeurs constitue la chair même d’une bonne histoire.

(Tu te souviens de cette histoire géniale où un hobbit a envoyé Gandalf se faire voir, est rentré chez lui compter ses poils de pieds alors que son village entier se faisait défoncer par l’armée des ténèbres ? Non. Ben non, putain ! Alors maintenant tu prends ton sac, et tu bouges tes fesses Frodon!)

Si tu passes ton temps à expliquer tes actions, ou à ne pas vouloir la même chose que les autres membres du groupe, à cause des motivations de ton personnage alors mon gars, peut-être que tes motivations ne sont pas bonnes. Elles ne sont pas gravées dans la pierre. C’est le groupe le plus important, pas ton personnage. Alors si ça marche pas, balance ton perso au prochain village et prends-en un autre plus ouvert aux nouvelles idées. Éventuellement, vois avec ton groupe pour construire un perso qui marchera bien avec eux.

Ton personnage est une partie de l’histoire, ce n’est pas l’histoire de ton personnage.

CINQ. Ne fais pas de mal aux autres joueurs.

Ho ho, en voilà un joli Voleur qui pique des trucs aux autres membres de l’équipe. Et son jet de Pickpocket est suffisant pour que personne ne s’en rende compte dis-donc ! Wahou c’est génial !

Mais nique-toi putain ! Personne n’aime ce genre de personne. (Ce type joue sûrement un Kender, et je suis totalement pour un génocide des Kender, quelque soit le jeu. Je crois pas qu’un génocide soit vraiment un crime si c’est pour buter des Kender). Si tu piques des trucs aux autres personnages, tu exerces sur eux un pouvoir un peu dégueulasse, et compliqué à gérer. S’ils s’en rendent compte, ils vont faire quoi ? Tu trouves logique qu’ils te butent à cause de ça ? Tu crois que c’est marrant pour eux ?

C’est pareil si tu attaques un autre personnage. D’accord, il y a des systèmes de jeu qui l’encouragent, je pense à Paranoïa, ou Dogs in the Vineyard par exemple. Mais sinon merde, lâche l’affaire. J’arrive pas à trouver un seul moment où ça pourrait améliorer le jeu. Si le groupe est ok, je dis pas, discutez-en avant et ça roule. Mais laissez-moi en dehors de ça.

Il y a des tas de monstres dehors qui ne trouveront rien à redire si tu leurs vole de trucs, que tu les tabasses ou que tu les butes, alors va les emmerder eux.

SIX. Apprends le système de jeu, et surtout fais pas chier avec.

Si tu connais le système de jeu, ça aidera le Mj, parce que tu sauras les limites de ton personnage. Tu pourras calculer les chances de réussite de telle ou telle action, comme dans la vie quoi. Tu pourras comprendre plus facilement certaines situations et agir en fonction de celles-ci, juste parce que tu connais les règles du monde.

(Les nouveaux joueurs bien sûr ne sont pas concernés. Mais faites l’effort quand même, surtout si vous comptez continuer à jouer)

Mais pour l’amour de Dieu, faites pas chier avec les règles. Ne faites pas ça. C’est facile de se rendre compte si tu fais chier : si tu discutes une règle plus de vingt secondes alors tu fais chier. T’es l’Inspecteur des Fraudes du jeu de rôle, et tu devrais surtout la fermer, parce qu’à cause de toi, le jeu est moins marrant.

Il y a des moments où les règles déconnent, et c’est pas grave. Je me souviens pas d’un seul moment où un joueur s’est rappelé d’une règle et qu’on s’est marré, et qu’on a kiffé parce que le Mj avait changé d’avis.

SEPT. Sois attentif. Si tu n’es pas capable d’être concentré, alors ne reste pas à table.

Hey, tu joue à quoi sur ton téléphone ? C’est Candy Crush Saga ? C’est marrant, tous ces dés et ces feuilles de personnage, j’avais l’impression qu’on jouait à Donjons et Dragons, j’ai du me planter.

Je trouve qu’il n’y a rien de pire lorsque tu joue à un jeu, que quelqu’un qui joue à un autre jeu en même temps. Si tu t’ennuie tellement que tu préfères jouer sur ton téléphone, lire un livre, ou vérifier Facebook, alors arrête de jouer. Ta simple présence emmerde le groupe. Je préfère largement jouer avec une chaise vide qu’avec quelqu’un qui n’est pas attentif, parce qu’au moins, je n’ai pas à amuser une chaise vide.

Bien sûr c’est au Mj d’amuser le groupe. Mais ça ne doit être à sens unique. Retour au point un, agis à chaque fois que tu le peux. Donne-lui quelque chose sur lequel rebondir. A moins que tu ne le payes, il n’a aucune obligation de faire le con pour toi juste parce qu’il est derrière un écran.

HUIT. Si tu rends quelqu’un mal à l’aise, excuse toi et parles-en.

J’ai une règle lors de mes parties et cette règle c’est : « Personne ne baise personne ». Simple, clair, élégant. Pas de comportement sexuel. C’est juste bizarre, trop souvent. J’ai vu des tentatives de séduction, évidemment, et c’est ok. J’ai vu des personnages profondément affectés par un viol. J’ai même vu des trucs avec des aliens voleur-de-visage, et une histoire avec un chat réanimé pour le baiser. Bref, le truc important ici c’est que personne ne baise personne « onscreen » (NdT : de manière visible, et descriptive, en jeu). Et si tu penses « haha ok, mais un fist c’est possible ? », alors barre-toi de ma table !

Et voilà où je voulais en venir, dans les situations dans lesquelles nous nous trouvons chaque semaine, c’est facile de rendre quelqu’un mal à l’aise. C’est peut-être évident quand on parle de bébés morts et de zoophilie, mais ça peut être plus bénin, comme être impoli ou parler en tant que son personnage.

Si tu penses que tu as gêné quelqu’un alors demande lui, gentiment. Et si c’est le cas, alors excuse toi, et arrête de parler de ce sujet précis. Faut pas être Einstein, c’est comme ça que fonctionnent des êtres humains sociaux, et ce n’est parce que tu joue un hobbit pour un moment qu’il faut l’oublier.

Alors soit sympa, sois même super sympa. Personne ne pensera de mal de toi si tu es sympa.

NEUF. Soit un conteur.

Dans le livre de base du World of Darkness, le Mj est appelé Conteur. Et c’est plutôt bien trouvé parce qu’un Mj raconte des histoires. Et c’est facile d’oublier le fait que les joueurs aussi.

Alors fais des efforts. Dis des trucs. Développe la voix de ton personnage et ce qu’il dégage. Décris tes actions. Vois avec ton Mj jusqu’où tu peux aller dans les descriptions, ou fais ce que tu veux et vois si ça marche pour lui. Un bon Mj est capable de rebondir quoique tu dises, à moins que ça ne contredise gravement ses plans.

De la même manière, la concision ça marche aussi. Un bon Mj ne fait pas de monologue, ou ne permet pas à ses Pnjs d’avoir de longues discussions pendant que les joueurs glandent en attendant la fin. Donc apprends aussi à la fermer, et réduit tes descriptions lorsqu’il n’y a pas besoin de plus, à moins d’être un Conteur génial aussi bien sûr. Mais court et percutant c’est toujours mieux que long et chiant.

DIX. Accepte l’échec.

L’échec c’est vraiment chiant. Je sais que je peux chauffer assez vite lorsque les dés me lâchent – quand j’ai attendu des heures mon tour de jouer, ou lorsque j’utilise un pouvoir spécial, ou que j’ai parlé hyper longtemps ou décrits une pure action – et les gros mots sortent assez vite. Et pas les gros mots marrants qu’on utilise tous lorsqu’on joue.

Et c’est pas cool. On devrait plutôt apprendre à gérer l’échec comme un embranchement dans l’histoire, pas un blocage. Pourquoi est-ce que j’ai raté ? Pourquoi mon jet d’Intimidation n’a pas fonctionné ? Pourquoi j’ai pas réussi à crocheter cette porte ? Pourquoi ai-je été vu ? Qui a pigé que j’étais le traître ? Quelles autres options dois-je explorer ?

Certains systèmes sont construits comme ça par défaut – Apocalypse World par exemple – et ils donnent la possibilités de modifier le monde quelque soit ton jet de dés, pas simplement échouer à faire perdre les points de vie d’un monstre.

C’est génial non ? On devrait tous modifier notre manière de penser par défaut. Nous devons voir les échec comme des essais et expliquer pourquoi notre personnage n’a pas atteint son objectif, et nous devons comprendre qu’un échec n’est pas la fin du monde.

ONZE. Joue le jeu.

C’est un jeu. Ce n’est pas un challenge qui n’existe que dans la tête du Mj. Ce n’est pas l’arc narratif exclusif de ton personnage. Ce n’est pas ton blog. Ce n’est pas un excuse pour emmerder les autres joueurs. Ce n’est pas juste une table où tu vas t’asseoir en silence. C’est un jeu.

On a tous signé pour jouer ensemble. On raconte tous une histoire ensemble, pour tout le monde, et l’histoire est le plus important. Prend du recul lors des combats ; prend du recul avec les difficultés de ton personnage à gérer sa relation avec sa mère demi-Drow ; prends du recul lorsque le joueur du Paladin te pique tes dés.

C’est un jeu. Respecte les autres joueurs. Respecte l’histoire et agis pour elle. Respecte le fait que tu n’auras pas toujours ce que tu veux et que c’est ça qui rendra l’histoire intéressante.

Fais ce qui est le mieux pour le jeu. Fais ce qui est le mieux pour l’histoire. Sois actif ! Sois positif ! Sois intéressant ! Change les choses ! Si tu ne pars à la fin de la nuit avec de bons souvenirs, dont tu pourras reparler avec tes potes dans quelques années, alors tout le monde a échoué.

FuturDk

FuturdKIl y a moultes années j’ai travaillé à la refonte du système de jeu multivers dK, lui-même tiré de Lanfeust Jdr imaginé par Eric Nieudan. Cette refonte appelée dk2 (vla l’originalité) était une boite à outil très complète fruit du travail de trois auteurs, LG, Islaire et moi-même. Dans ce genre de cas, nous sommes forcément amené à faire des compromis, et le résultat, pour en être complètement jouable n’est pas complètement la vision d’un auteur.
En parallèle, pour tester certains mécanismes, et pour appliquer mes propres idées de game-design j’ai écrit ma propre version des règles : le FuturdK.
Initialement, je voulais utiliser ce système pour jouer à Shadowrun, n’ayant jamais apprécié la lourdeur de ses règles. J’ai fait jouer une campagne de Shadow mémorable, pleine de bruit, de fureur, de sang, de morts et de trahison et j’avoue vouer un véritable culte à ce jeu, encore aujourd’hui.
le FuturdK a été publié en OGL (en gros, faites en ce que vous voulez, mais mentionnez-moi), initialement sur le site du Gob’zink, un collectif d’auteur mais il semble ne plus être disponible au téléchargement.

A l’occasion de la (re)sortie du dk2 en pdf chez BBE, j’en profite pour remettre tout ce que j’avais fait en ligne, et je copie-colle l’article que j’avais fait à l’époque.


  • Le FuturdK c’est quoi ?
    Bonne question très cher. Très simplement, c’est l’adaptation du Dk2 à ma propre vision à moi que j’ai. Le dK2 se voulait un consensus. Mais en tant que boite à outils ultime elle peut/et doit être modifiée pour correspondre à l’utilisation de chaque Mj.
    Un certain nombre de choix conceptuels fort ont été faits et l’ensemble à été écrits dans une optique de jeu plus rapide, plus violente, moins héroïque (quoique) et très action.
  • Choix conceptuels ? Tu te la pètes ou bien ?
    Mais non. Un choix conceptuel c’est quand, pour un même problème, deux personnes ont deux solutions différentes. Par exemple, un thème qui doit te parler : le combat, hein mon petit bourrin adoré. Et bien saches qu’en FdK tout le monde peut manier toutes les armes. Il suffit d’avoir les compétences. D’ailleurs le FdK est en tout compétence.
    Le système de combat à distance et d’armes à feu par exemple est détaillé et fourmille de petites astuces et de possibilité.
  • Mais c’est tout figé en fait !
    Et bien même pas ! Malgré cette conversion, il est parfaitement possible de modifier, encore!, les règles, pour ton plus grand bonheur. Et c’est vraiment très simple, je donne même quelques, petites, explications à la fin du livre.
  • Y’a quoi dedans ?
    Le livre est divisé en plusieurs parties. Le cœur tout d’abord qui contient les règles de base, de la création de personnages aux règles sur le social, le combat, l’expérience et tutti quanti. Tu peux parfaitement jouer uniquement avec le coeur, d’ailleurs il est fait pour ça. Besoin de rien. Non, pas envie de toi, je te rassure petit coquin. En plus, tout est expliqué dedans, même les Krâsses !
    Ensuite, les modules. Chaque module contient des règles spécifiques sur un sujet précis comme l’usage des drogues (tu crois que je t’ai pas vu?), les poursuites, la folie, la survie etc. Lorsque tu souhaiteras adapter ton propre univers (ou films, ou bd, ou livre – mais si tu sais, c’est comme des bds mais sans images), tu choisiras de prendre tel ou tel module pour coller à l’ambiance.
    De plus, chaque module se termine par une page contenant toutes les tables. C’est très utile pour se retrouver rapidement ou pour se fabriquer un zouli écran avec ses mimines.
    Enfin, une feuille de personnage spécifique. Oui j’aime bien avoir plein de feuilles, on a l’impression d’avoir un perso balaise avec ça.
  • On peut jouer quoi avec ?
    Mais tout ! Absolument tout ! Bon je t’avoue que pour l’instant, le FuturdK s’adresse plutôt aux univers contemporain et futuriste (d’où le titre petit malin). Mais rien n’empêche de jouer en fantastique, en med-fan, en préhistorique, en ouesterne ou en space op hein. Bon ok, y’a pas encore de module sur la Magie ou les vaisseaux spatiaux. Mais pour peu que tu ramènes des copains pour me le demander à plusieurs ou que tu te sortes les doigts pour le faire toi-même et le mettre en ligne pour tout le monde, ça devrait être bon.
  • Ça doit être hyper cher non ?
    Ah ah ah. C’est la crise n’est-ce pas ? Chacun la combat comme il peut et moi je la combat par la gratuité. Oui, tu as bien lu. Il n’est pas illégal de télécharger le FuturdK ! C’est même conseillé/demandé/supplié…hem !
    Et oui, gratuit c’est pas cher.
    Alors ? Heureux ?
  • Y’en à d’autres des qui se la racontent comme toi ?
    Beaucoup de membres du forum John doe font leur propre sauce. Toutefois l’un deux, le sieur Islaire, à été encore plus loin, encore plus haut, encore plus fort et propose, lui aussi, une totale conversion du dK2 : Le Divin Système. Presque aussi bien que le FuturdK, c’est dire.
  • Et on le trouve où ton machin ?

Téléchargement ici

FuturdK

 

 

Artefya – Système de jeu #1

MécaniqueOn rentre dans le vif du sujet, dans la règle pure et dure. Je ferai deux articles pour éviter d’être trop long sur le blog mais sachez que le système tient sur 6 pages Word. Autant dire pas grand-chose.
Il y a deux petits chapitres qu’il faudra expliquer plus précisément, ce sera fait dans un article spécifique.


Règle preum’s

Comme dans n’importe quel jeu de rôle, les joueurs et le maître de jeu parleront tour à tour (plus probablement tous ensemble dans un joyeux et bruyant bordel) pour décrire les situations et les actions des divers personnages. Tant que tout le monde est d’accord sur l’histoire et que personne ne s’oppose à l’action en cours, alors il n’y a pas de raisons de s’interrompre. En tant que maître de jeu, prenez en compte les spécialités des personnages pour décider de la réussite d’une action. S’il n’y a pas de danger ou de stress, un personnage qui dispose d’une spécialité en rapport avec l’action réussi automatiquement. Ne ralentissez pas le rythme !

Si lors d’une description, un joueur ou le maître de jeu n’est pas d’accord avec un autre joueur sur le déroulement d’une action ou d’une suite d’action, alors un jet de dés les départagera.

Faire un jet

Lorsqu’un personnage tente une action (ou une série d’action), le joueur impliqué doit lancer les dés. Pour cela, le maître de jeu détermine la caractéristique la plus utile pour cette action. Le joueur lance autant de dé, chaque résultat pair est un succès.

Le système s’appelle Face8, car à l’origine le jeu ne se jouait qu’avec des dés à huit faces. Pour des raisons statistiques avec pleins de calculs savants, il avait été décidé qu’un succès ne se produisait que lorsque un dé tombait sur 6,7, ou 8. Et puis après quelques dizaines de parties, je me suis aperçu qu’attraper une poignée de dés sur la table sans prendre en compte leur nombre de face et de les lancer tels quels était tout aussi marrant et encore plus efficace. Et ça simplifiait les calculs.

Plus il y a de succès, plus la réussite est éclatante.

  • 1 succès : Réussite passable, de justesse, d’un cheveu. L’action est réussie mais sans panache et sans avantage supplémentaire.
  • 2 succès : Réussite normale. L’action est réussie, pas de chichi, pas de discussion, c’est nickel.
  • 3 succès : Réussite supérieure. Le personnage obtient un avantage supplémentaire à déterminer par le maître de jeu. Par exemple, il peut aller plus vite ou être plus efficace.
  • 4 succès : Réussite extraordinaire. Le personnage réussit parfaitement son action et gagne des avantages supplémentaires à déterminer avec le maître de jeu.

Si aucun dé ne montre de succès alors l’action est un échec. Non seulement c’est raté mais de manière spectaculaire ou particulièrement dangereuse. Il n’y a pas d’échec simple.

La caractéristique utilisée n’est pas forcément évidente et le maître de jeu devra impérativement s’aider de la description de l’action entreprise par le personnage.

Louna doit se rendre très rapidement d’un point à un autre de la ville, disons dans une cachette, parce qu’elle serait malencontreusement poursuivie par des gens qui lui veulent du mal. La police ? Ouiiii si vous voulez… Bref. Si Valérie, sa joueuse, décrit que Louna court à toute vitesse, passe par des fenêtres étroites et saute de toits en toits, il est probable que la caractéristique utilisée sera l’Action. Si elle annonce que son personnage se rappelle de ruelles obscures, des raccourcis passant par les quartiers éteints alors elle fera un jet de Savoir. Si enfin elle fonce vers des gardes en hurlant qu’elle est poursuivie par des méchants, elle utilisera sa caractéristique Social. Dans tous les cas, si elle réussit elle sera hors de portée de ses poursuivants, ce qui était son objectif. Si elle échoue, elle sera rattrapée.

La fréquence des jets demandés est à la discrétion du maître de jeu. Le mode dit « macro » est utilisé lorsque l’action est longue, peu importante ou routinière. Ici, un jet de dé vaudra pour une scène entière par exemple.

A l’inverse, le mode « micro » est adapté aux situations rapides, stressantes ou demandant des efforts constants. Dans ce mode, les jets de dés sont nombreux et chaque échec ou réussite entraîne peu de conséquence individuellement. Les scènes d’actions sont un bon exemple où le mode micro peut être utilisé avec intérêt, mais ce n’est pas une obligation.

 Difficulté

Si le joueur tente une action vraiment difficile, son nombre de succès est réduit de la façon suivante :

  • -1 pour une action difficile
  • -2 pour une action très difficile
  • -3 pour une action héroïque

 Louna est en pleine représentation. Elle va marcher sur un fil à 10 mètre au-dessus du sol alors que des centaines de paires d’yeux la regardent. Elle a l’habitude mais l’action reste difficile. Elle lance ses dés et obtient deux succès. Elle en enlève un pour la difficulté de l’action. Elle réussit tout juste son équilibre, pour un numéro somme toute classique et sans surprise.

Attention, même si les héros sont des ratés pathétiques, Artefya est un univers héroïque. La plupart des actions des personnages devront être réussies. Le sel n’étant pas dans la réussite mais dans la qualité de celle-ci.

A moins de vraiment vouloir leur mettre des bâtons dans les roues (ou d’activer un défaut), il est normalement inutile de réduire le nombre de succès.

Défaut

Lorsque le défaut du personnage peut jouer contre celui-ci, le joueur décide de la difficulté qu’il souhaite s’imposer, entre un et trois points, en fonction de sa description. Plus la difficulté augmente (et plus la description est marrante) plus il regagnera de points de réserve après son jet.

Louna est toujours en train de s’enfuir (c’est une constante chez elle) lorsqu’elle arrive sur un marché aux papillons. A cause de son défaut « Tête en l’air », elle décide de s’y arrêter un instant, oubliant complètement les gardes à ses trousses pour observer les petits insectes colorés. Elle lance son prochain jet de poursuite avec une difficulté de 1 (elle enlèvera donc un succès) puis regagnera un point de réserve.

Il est possible de dépenser des points de se réserve même si un défaut est joué !

Spécialités

Si le personnage dispose d’une ou plusieurs spécialités utiles pour l’action en cours, le joueur peut lancer un dé de plus pour chacune d’entre elle.

Louna est une Acrobate, Membre du cirque à l’envers. Si elle tente une action demandant de l’agilité elle ajoutera 1d grâce à Acrobate. Si cette action est liée au cirque comme faire du trapèze ou marcher sur un fil, elle ajoutera 2d grâce à ses deux spécialités. Enfin si elle exige de son patron une meilleure place pour le show du lendemain elle ajoutera 1d grâce à Membre du cirque à l’envers.

Réserve

La réserve représente l’énergie d’un personnage et sa capacité à prendre des risques. Lors de n’importe quel jet de compétence, le joueur peut dépenser entre 1 et 3 points de sa réserve pour augmenter d’autant le nombre de dé qu’il lancera.

Engagement

S’il dépense un dé, le risque pris est minime. Si le jet est un échec, les conséquences ne seront pas graves et ne pourront durer longtemps.

S’il dépense deux dés, le risque pris est grand. Si le jet est un échec, les conséquences seront graves et pourront durer jusqu’à la fin du scénario en cours.

S’il dépense trois dés, le risque pris est maximum et en cas d’échec, les conséquences seront dramatiques et peut-être permanente.

Equipement

Si le personnage possède un équipement particulièrement approprié à l’action en cours, il ajoute entre 1 et 3 dés de bonus à son action en fonction de l’adéquation de l’équipement à l’action entreprise. S’il est facile de gagner un dé grâce à un outil en bon état et bien adapté (une épée pour trucider, une matraque pour assommer, un jeu d’outils pour crocheter, un livre barbant pour s’ennuyer), obtenir deux dés demandera des outils de grande qualité. Le bonus de trois dés sera réservé à l’utilisation d’outils dramatiquement appropriés, particulièrement efficaces, solides, éventuellement magiques.

Idées, descriptions et interprétation

Permet au personnage de gagner entre 1 et 3 dés pour une action si elle est bien décrite ou s’il y a une bonne idée derrière. Le maître de jeu détermine le gain en fonction de l’intérêt de l’idée, de la manière de décrire, si c’est amusant, si ça lui permet de rebondir et de faire avancer l’histoire, ou s’il veut récompenser une bonne interprétation du joueur.

Un gain de un dé devrait être possible très facilement. Pour deux dés il va falloir s’arracher un peu. Le bonus de trois dés devrait suivre une idée ou une interprétation mémorable et rare.

Entraide

Lorsque plusieurs personnages s’entraident, celui qui dirige l’action (probablement le personnage avec le plus de dés à lancer) ajoute un dé de bonus par aide significative. Certaines actions simple ne demandent que des bras et le bonus est accordé facilement, d’autres demanderont une certaine compétence et seuls les personnages disposant d’une spécialité appropriée pourront ajouter le bonus.

Le maître de jeu déterminera le nombre maximum de gens pouvant prendre part à l’action. De plus, si un personnage aidant dispose d’une spécialité appropriée, il peut utiliser des points de sa réserve selon la règle habituelle.

Un gros animal étrange et gris est appuyé nonchalamment sur le chariot de la diseuse de bonne aventure du cirque-à-l’envers. Le dresseur tente d’attirer la bête vers lui en lui donnant des ordres secs, Louna joue sur sa gourmandise en agitant une friandise devant sa trompe tandis que l’homme fort la pousse en dehors du chemin. Le dresseur dirige la manœuvre et lancera deux dés supplémentaires.

Comme pour les autres bonus, obtenir un dé est très simple, deux dés demanderont des efforts certains et trois dés seront réservées à une grande aide, très rare et très appropriée.


Le prochain chapitre traitera de l’opposition et de la récupération. Et en gros ce sera fini pour système lui-même.

Retour vers le futur – Continuum

Il y a quelques années, j’ai décidé de participer au concours de création de jeu proposé par l’association Forgesonges. Il s’agissait de créer en deux semaines un jeu complet, utilisable, comportant règles, univers et scénario. Autant dire qu’il s’agissait d’un pari difficile.

A l’aide quelques amis m’ayant aidé pour les tests du système, j’ai mis au point Continuum dont la genèse a été intéressante pour moi.

AtomeAvant même ce concours, j’avais eu l’idée d’un burst, une série de scénario prenant pour héros une bande d’abrutis, mauvais, sans aucun respect pour rien ni personne, voyageant dans l’espace et le temps pour globalement y foutre la zone. J’en avais marre de voir des histoires ou le continuum espace-temps devait être protégé des paradoxes et autres protections scénaristiques foutraques venant avec ce type d’univers. Je voulais des gars qui n’en avaient rien à foutre de rien, et tentait plus ou moins de comprendre ce qu’ils faisaient là tout en se mettant à dos la population locale. Une sorte de Code quantum qui raterait les missions.

Lorsque le concours est arrivé j’ai vu là l’occasion de mettre au propre mes idées et de me donner un coup de pied au derrière pour sa création. Malheureusement, dans la tentative, j’ai raté une marche. D’une idée punk, carrément à contre-courant, j’ai changé le paradigme du jeu en faisant des personnages les agents du Bureau des Affaires Temporelles (à l’époque je trouvais ça original, et le voyageur du futur n’existait pas) dont le but serait justement d’éviter les paradoxes.

Avec le recul, je me dis que j’ai fait ce choix pour plaire au public et aux juges plutôt que de faire ce que j’avais envie de faire. Et j’ai obtenu un jeu classique (au lieu d’un burst), un peu lisse, et sans doute moins intéressant qu’il n’aurait pu être.

J’ai surtout créé, à cette occasion, le système de jeu que j’appellerai par la suite Face8. Déjà parce que j’aime bien le jeu de mot, mais aussi parce qu’il utilise des d8, un peu mal-aimés dans le milieu.

La version incluse dans Continuum est simple, très fonctionnelle et particulièrement mortelle. Les personnages étant des agents devant posséder des humains (ou des animaux) de l’époque dans laquelle ils apparaissent, le corps peut parfaitement mourir ou tomber dans le coma sans autre problème pour l’agent (tel le Nephilim moyen).

Pour un autre jeu, Artefya, j’ai repris Face8, puis l’ai étendu pour le rendre plus héroïque et moins mortel. J’en parlerai dans d’autres articles.

Pour conclure avec Continuum, j’ai passé quelques tours mais ai échoué dans le top 15, il me semble. Ce qui est déjà bien. Mais quand même, un conseil. Lorsque vous voulez écrire un jeu, vérifiez qu’il n’existe pas déjà : Continuum (sur legrog)….


Continuum (version Orlanth)

Contrôle du personnage

Suite au podcast sur le contrôle du personnage, j’ai souhaité écrire un article de synthèse sur ce sujet.

Problématique

Certains joueurs considèrent que leur personnage est une extension d’eux-mêmes dans laquelle ils sont impliqué de telle manière que toute intervention d’un autre joueur, fut-il le Mj, sur la façon dont le personnage doit être joué est vue comme intolérable.

Jouer des sentiments que le personnage est sensé éprouver, comme la peur ou l’amour, devrait impérativement être une conséquence du roleplay du maitre de jeu et entièrement décidé par le joueur. Du point de vue du maitre de jeu, c’est évidemment plus complexe, tout le monde n’a pas les compétences nécessaires pour faire tomber un joueur amoureux d’un personnage non joueur et même ainsi le joueur pourrait décider que finalement ça ne marche pas sur son perso.

Or il est parfois nécessaire que le joueur se plie tout de même à ces demandes de jeu.

Par exemple, la peur est un effet de jeu important qui doit avoir un effet technique immédiat sur le personnage. Soit que le jeu veuille simuler une lente descente de la folie, ou modifier la façon d’agir d’un personnage, en l’obligeant à fuir ou à tomber en catatonie.

Qu’est-ce qui rend une perte de contrôle acceptable pour le joueur ?

Perdre le contrôle

Perdre le contrôle, par définition, c’est accepter que son personnage fasse autre chose que ce que le joueur a décidé. Étrangement, un des aspects quasiment unanimement respecté par les joueurs est le combat.

Lorsqu’on joue à un jeu de rôle dont l’un des accents est le combat, alors la perte de contrôle engendrée par exemple par la mort ou la neutralisation du personnage du joueur est acceptée.

Qu’est-ce qui fait la différence?

Dans le cas du combat, les règles de jeu sont souvent particulièrement précises, avec des interprétations possibles de roleplay mais laissant peu de doute technique.

Certains jeux ont des systèmes de règles similaires pour simuler certains sentiments précis. Cthulhu est l’exemple le plus connu avec son système de folie et de santé mentale. Dans un autre registre, Bliss stage utilise les relations et les sentiments des personnages les uns envers les autres pour les autoriser à forger une armure de combat ayant des effets directs, techniques, en jeu. Apocalypse World donne des règles spécifiques pour déterminer ce qu’il se passe lorsque deux personnages couchent ensemble.

Confiance réciproque

Il semblerait, à première vue, que pour qu’un joueur accepte une perte de contrôle de son personnage, le Mj doive s’appuyer sur des règles de jeu qui encadrent ce qu’il a le droit de faire ou pas. Il existe beaucoup de jeux aux règles plus ou moins complexes, donnant plus ou moins de pouvoirs au Mj ou aux joueurs et beaucoup de Mj annoncent que leur idéal de jeu serait une sorte de théâtre improvisé où ils pourraient raconter des histoires sans s’encombrer de techniques.

Cette idée ne fonctionne que dans un cas : si tout le monde se fait une entière confiance. Les joueurs font confiance au Mj pour qu’il raconte une bonne histoire et qu’il n’abuse pas de ses pouvoirs de marionnettiste et le Mj fait confiance aux joueurs pour qu’ils incarnent leurs personnages le mieux possible même lorsqu’il s’agit de ‘perdre’, comme faire subir à son personnage des outrages (humiliation, blessures..).

On a là un exemple de confiance totale.

A l’opposé, on trouve les jeux de société dont les règles sont exhaustives et couvrent normalement tous les aspects du jeu.

Entre ces deux extrêmes, tout un éventail de possibilités existe et peut se trouver à la même table. Comme tous les joueurs n’ont pas la même attente et la même confiance, on met en place des règles de jeu qui vont égaliser cette confiance. Les règles donnent un point de référence commun, un socle sur lequel tout le monde s’appuie pour interpréter les situations.

Et les règles ne sont qu’une manière d’exprimer par écrit un contrat entre les joueurs.

Idées d’amélioration

En conclusion, pour qu’un joueur accepte une perte de contrôle de son personnage, les quelques idées suivantes peuvent être utilisées, toutes ou en partie.

Explication préalable

Lors de la mise en place d’une partie, d’une campagne, d’un nouveau jeu, mettre à plat ce que tous les joueurs souhaitent faire. Dire immédiatement s’il est acceptable ou pas de perdre le contrôle de son personnage. Si oui, de quelle manière, pour quelle durée, avec quelles conséquences.

Par exemple :
Nous allons jouer à un jeu d’horreur. Vos personnages peuvent avoir peur. Les règles disent que si un personnage voit un monstre horrible, il risque d’être obligé de s’enfuir s’il rate un jet de volonté. Êtes-vous d’accord ?

Nous allons jouer à un jeu où les personnages ressentent fortement les émotions et peuvent tomber amoureux ou haïr quelqu’un très rapidement. C’est une partie importante du jeu et vous pouvez tenter des jets de dés en conjonction avec votre roleplay pour faire tomber amoureux le personnage d’un autre joueur. Etes-vous d’accord ?

Durée

La perte de contrôle doit être évidemment temporaire et d’une durée acceptable pour le joueur. Un personnage qui tombe en catatonie avant un combat contre des monstres venus de l’espace n’est amusant pour personne. S’il est simplement subjugué pendant un tour de jeu avant de reprendre ses esprits, cela passe beaucoup mieux.

La durée peut être naturellement courte ou alors exiger une intervention spécifique peu compliquée pour y mettre fin (soigner le personnage pour le remettre sur ses pieds, secouer celui effrayé)

Roleplay contre technique

Si, suite à un jet de dé ou à une décision quelconque, le personnage doit subir un contrecoup à jouer mais qu’il ne souhaite pas le faire, alors il doit accepter de noter sur sa feuille un contrecoup technique.

Par exemple :
Suite à la vision du monstre horrible venant de l’espace, le joueur rate le jet de volonté du personnage qui doit normalement tomber en catatonie et ne plus agir pendant toute la scène. Pour éviter cela, le Mj propose de le laisser agir quand même, mais de lui faire noter des points de Folie qui vont influer négativement par la suite sur la réaction des personnages non joueurs envers lui.

Ici le jouer accepte une conséquence à long terme, et qui ajoute des éléments de jeu, contre un effet positif immédiat.

Récompenses

Pour promouvoir un comportement, le Mj peut donner un avantage spécifique au joueur. On retrouve cette idée dans nombre de jeu qui définissent un gain de point d’expérience supplémentaire pour avoir correctement joué son personnage.

Une petite remarque cependant, s’agissant d’une récompense permanente, les points d’expérience ne devraient pas être donnés en trop grand nombre ou trop souvent. Il est préférable d’utiliser une autre monnaie comme les points d’héroïsme, de destin, ou un bonus unique sur un futur jet de dé.

Par exemple :
Un monstre horrible venu de l’espace vous fait peur. Ceux qui sont paralysé un tour gagnent un point d’héroïsme supplémentaire à la fin de la scène. Ceux qui ratent entièrement le combat gagnent deux points d’héroïsme à la fin de la scène.

Le jeu vidéo Divinity : Original Sin propose une idée que j’aime beaucoup. Le comportement et les réponses du joueur déterminent son caractère. Si un personnage joue de manière Intrépide ou Prudente, son caractère change (techniquement) en conséquence et il obtient un bonus différent à ses actions.

A voir si on ne peut pas l’extrapoler en jeu de rôle.

Perte de contrôle ultime

La sortie du jeu définitive d’un personnage, qu’il s’agisse de sa mort, son internement en hôpital psychiatrique ou sa retraite, devrait idéalement être le résultat du choix du joueur. Soit un choix conscient dans un moment où il a la possibilité éclairée de décider soit qu’il s’agisse des conséquences d’une prise de risque acceptée préalablement.

Par exemple :
Le grand méchant abat un personnage lors du combat final. Selon les règles le personnage est mort mais le Mj demande si cela convient au joueur et comment il souhaite mettre en scène cette sortie de jeu. Si le joueur refuse, le Mj lui propose un élément technique qui va marquer le personnage (la perte d’un membre qui pourra être remplacé magiquement en gardant des séquelles, la mort d’un personnage non joueur important qui se sacrifie pour lui etc) mais ne le sortira pas du jeu définitivement.

Il ne reste plus que trois tours de jeu avant que la bombe n’explose ravageant le bâtiment où se trouvent les personnages joueurs. Un personnage veut désamorcer la bombe avant le temps imparti. Le Mj le prévient en disant : Attention, si tu rates ton jet de dé, la bombe explose et ton personnage est sorti du jeu. Es-tu d’accord ? Le joueur a maintenant toutes les cartes en main pour décider.

Voilà pour cette fois, si vous avez d’autres idées n’hésitez pas à en parler dans les commentaires.

Maxximum Badass – Système de jeu 2/2

En résumé

Suite et fin de ce chapitre sur le système de jeu. Les personnages disposent de trois capacités dont les valeurs sont volontairement faibles (entre 0 et 2) pour obliger le joueur à étoffer ses descriptions et à prendre des risques. Lorsqu’il prend des risques il a plus de chance de réussir à battre la scène rapidement mais s’expose à des désagréments divers en fonction de la scène. Il existe trois types de désagréments, les punitions sont une mesure des coups encaissés, des humiliations ou des ratés sans gravité. Ils ne demandent qu’une légère description de la part du joueur. Les désagréments mineurs se déclenchent tant que la scène n’est pas battue. C’est un problème à gérer par le joueur lors des tours ultérieurs. Il peut être blessé, perdre son arme, tomber, rater une information, abimer son matériel ou le décor, gêner ses alliés ou n’importe quoi d’autres qui ajoute du piment à la scène. Les désagréments majeurs arrivent soit lors d’une scène dite dramatique, probablement le combat final, soit lorsque le badass a rempli sa jauge de punition. Ils sont du même type que les désagréments mineurs mais plus importants pouvant durer plusieurs scènes ou même jusqu’à la fin du scénario.


Total d’action

Une fois tous les totaux d’action calculés, on les compare à la valeur de la phase.

Si le total dépasse la phase :
–          Celle-ci est considérée comme résolue. La scène peut passer à la phase suivante.

Si le total ne dépasse pas la phase :
–          La valeur de celle-ci est réduite du total d’action
–          Le personnage subit un désagrément (voir page XXX)
–          Un nouveau tour commence et le personnage peut faire une nouvelle description et relancer un jet de dés.

Exemple

La première phase est simple. Il n’y a que peu d’homme et ils sont surpris. Le maitre de jeu décide que la phase avait une valeur de 20.
La somme d’action de Codd et Destroy est de 24. La phase est donc résolue et la phase suivante débute.

Les points d’une phase ne sont pas reportés sur la phase suivante.

Résolution de la phase

En termes de jeu, la phase est dite résolue mais la manière dont elle est résolue dépend entièrement des descriptions des joueurs.

En effet, les points d’action sont une valeur abstraite qu’il convient de décrire pour les utiliser. Si le maitre de jeu considère que la description ne convient pas, il peut réduire les points d’action du personnage d’un nombre arbitraire.

Cette règle est optionnelle et fonctionne mieux avec des joueurs ayant déjà une idée de ce qu’ils veulent faire.

Exemple

Le joueur de Codd décrit comment il appuie son arme à sa hanche et s’équilibre en levant son autre main en l’air dans la position dite du pistolero handicapé. Le fusil d’assaut décrit un mouvement ample et les balles fusent en un jet de feu continu. Les hommes touchés dansent sous les impacts comme des poupées désarticulées tandis que le reflet des flammes sortant du canon brille dans les lunettes noires de Codd.
Le joueur de Destroy explique qu’il est passé derrière un mur en bois, marchant accroupi pour éviter les impacts, toussant de la sciure de bois avant d’arriver sur le flanc du dernier homme de main juste derrière l’aquarium qu’il explose d’une balle bien placée, laissant l’eau renverser l’ennemi qui s’assomme sur un pilier, quelques homards lui pinçant les fesses.
Cette description convient au maitre de jeu qui passe à la phase suivante.

Faire des 1 (pas sur de garder cette règle)

Si le joueur obtient une majorité de 1 sur son jet de dés, il doit cocher une case de punition.

A lui de décrire ce qu’il lui arrive en fonction de la scène, un problèmes sans conséquence autre que cosmétique.

Prendre des risques

Un badass ne serait pas un badass s’il ne prenait pas de risque.
A tout moment, lorsqu’il doit effectuer un jet de dés, un joueur peut décider de lancer entre 1 et 3 dés supplémentaires.
Pour obtenir ces dés il faut décrire une action dangereuse et risquée.

Si au moins un de ces dés fait 1, un problème survient. Non seulement le joueur coche autant de cases de sa barre de punition qu’il a lancé de dés de risque mais en plus il subit un désagrément (mineur ou majeur en cas de scène dramatique).

Exemple

Dans la phase suivante, le hacker Destroy (0 en destruction et pas de concept/spécialité à placer) tente de se défendre comme il peut contre les hommes qui l’empêchent, lui et Codd, de rattraper le grand méchant.
Pour obtenir au moins un dé à lancer, il décide de prendre des risques. Il attrape une casserole d’eau bouillante et l’envoie au visage de ses agresseurs.
Il prend deux dés de risque et obtient 5 et 1 pour un total d’action de 6. Il décrit comment la casserole rebondit contre la tête d’un ennemi avant de renverser de l’eau bouillante sur son pantalon. Il coche deux cases de punition et subit un désagrément mineur.

Équipement

Dans ce jeu, l’équipement n’a pas vraiment d’importance. On peut considérer que tous les personnages disposent de l’équipement dont ils ont besoin à un instant donné, à partir du moment où cela peut correspondre à leur concept et/ou leurs spécialités.

Deux exceptions toutefois :
–          La scène indique clairement que les personnages n’ont rien.

Ils ont pu être fait prisonnier, arriver dans un endroit au niveau technologique trop élevé pour leur équipement ou bien se balader à poil parce que c’est plus stylé. Dans tous les cas, ils sont objectivement démunis par rapport à leur habitude.
Dans ce cas, ils doivent enlever un dé de leur main (-1d6) avant de faire leur jet pour la phase.

N’abusez pas de cette règle, ça fait perdre du temps et ça devrait être exceptionnel. Dans la majorité des cas, les badass ont ce qu’il faut pour bosser.

–          Les personnages mettent la main sur un équipement dramatiquement approprié

Là c’est la fête. Genre l’arme énorme qu’il faut pour dégager le passage ou l’ordinateur quantique-sa-mère qui permet de pirater tout l’internet. C’est comme la règle précédente mais à l’envers. Avec ça, les personnages ajoutent un dé à leur main (+1d6) avant de faire leur jeu pour la phase.

Un tel bonus devrait être rare et l’obtenir peut même faire l’objet d’une scène à part entière.


Désagréments

Un désagrément est un rebondissement dans l’histoire, et quelque chose de plutôt négatif pour le personnage. Chaque scène peut avoir ses propres désagréments. Par exemple, une scène de combat peut avoir comme désagrément la blessure d’un personnage. Une scène de poursuite peut avoir comme désagrément l’introduction d’un nouveau protagoniste, ou la fuite du poursuivi par un raccourci difficile à suivre, une scène de négociation peut impliquer une réponse tellement cinglante que le personnage est humilié pendant un temps etc.

Il existe deux types de désagréments, les mineurs interviennent dans toutes sortes de scènes. Les majeurs, bien plus graves, apparaissent lorsque les scènes sont dites dramatiques.

Punition

La barre de punition est une mesure abstraite indiquant les mini-désagréments que peut subir un personnage avant de prendre vraiment cher. C’est un peu un ensemble de ses points de vie mais aussi de son énergie, de sa vitalité, de sa chance, de sa santé mentale, bref son encaissement.

Le personnage coche des cases de punitions lorsqu’il prend des risques. A chaque fois que cela arrive, le joueur doit décrire ce qu’il se passe. C’est mineur et ça ne doit pas faire plus d’une phrase, c’est plus une indication pour colorer la scène qu’un véritable problème. De plus cocher des cases n’a pas d’effet direct en termes de jeu. A part lorsque la barre est pleine, dans ce cas, le personnage subit un désagrément majeur et efface toutes les cases. Et c’est reparti pour une nouvelle bonne série de pains dans la gueule.

Appliquer un désagrément

Pour résumer, un personnage subit un désagrément dans les situations suivantes :

–          Lors d’une prise de risque, si l’un des dés de risque donne un 1

Le personnage concerné subit un désagrément lié au risque en question. Ce désagrément est choisi par le maitre de jeu en fonction de la situation et de la description de la scène et des actions du joueur.

–          Lorsqu’après un tour de table, le total d’action n’est pas suffisant pour battre la phase

Un personnage du groupe impliqué (et un seul) subit le désagrément. Ce personnage est normalement choisi par le maitre de jeu mais si un joueur accepte de subir à la place d’un autre, laissez-le faire. Et laissez-le décrire ce qui lui arrive par la même occasion.

–          Lorsqu’un personnage coche toutes les cases de sa barre de punition

Le personnage concerné subit un désagrément majeur, quelle que soit le type de scène. C’est moche.


Le prochain article parlera des pouvoirs spéciaux des badass, les clichés !