13 octobre 2015

Scène source – Conseil d’ami

Un petit texte écrit par mes soins et me servant de scène source pour la première échéance du cours Florent.


Conseil d'amiT’es entouré de gens stupides, d’animaux qui se sentent le cul et qui rient fort à des blagues de merde, qui n’ont aucun sens.
Des gens qui ne pensent pas aux conséquences.
Lâche toi, ne réfléchis pas, baise, rit, bois, fais n’importe quoi, tout le monde s’en fout.

Tu penses trop, t’es pas comme les autres, amuse toi, y’a pas de mal.
Laisse parler ton intuition, pas de réflexion, vis maintenant.

Tu veux te taper des filles ?
Alors arrête de te prendre la tête, porte ton masque et fais semblant.

C’est facile : les mêmes phrases, dans le même ordre.
Un compliment, un peu de culture, tu la touches mais c’est parce que t’es tactile, t’as pas fait exprès. Tu parles un peu mais pas trop, du mystère, laisse la parler, raconter sa vie de merde, ses expériences de merde, son métier de merde.

Rebondis, dis-lui que c’est intéressant, souris, l’œil qui pétille : « ah oui ? C’est bien ça ! ». Un trait d’humour, mais ne te moques pas, tout est dosage.

Et là, tu l’emballes.

Un coup de bite pathétique, la tristesse et le dégoût, mais ce n’est pas grave, c’est ce que vous vouliez. C’est naze mais t’es fier, tu vas pouvoir te la raconter devant tes potes, les rendre envieux. T’as marqué un point, tu augmentes ton score !

Mais toi t’es vide. Tu veux autre chose. Une connexion. Un regard. Une attention. Une envie. De l’amour ?

Faut pas trop rêver mon gars, t’as baisé.
C’est déjà une victoire non ? Non ? Ce n’est pas ce que les autres font ? Ce n’est pas ce dont ils se contentent ? Eux, ça leur fait plaisir et toi tu te demandes pourquoi ça ne te suffit pas. Pourquoi t’as constamment cette envie de gerber, pourquoi tu te sens tellement en décalage. Pourquoi tu n’es pas un animal.

T’es entouré d’animaux mecs, de gens qui s’agitent dans la fange pour oublier qu’ils n’ont pas de but, et qu’ils sont seuls.

Et toi aussi.

***

C’est bon ? Tu as fini ton discours ?
C’est ça tes conseils ?

Tu transpires la peur et la tristesse.
Tu es un mort-vivant, évoluant avec d’autres mort-vivants.
Tu me parles de masque, alors que tu ne peux plus enlever le tien.
Tu accumules la chair comme d’autres l’argent, avec mépris et cynisme.

Tu ne respectes rien, ni les autres, ni toi-même. Tu ne me dégoutes pas, tu me fais pitié.

Et lorsque tu as fini, lorsque tu sors d’une de tes orgies, repus et fatigué, les yeux rougis.

Tu es heureux ?