Il y a quelques années (genre 15 ans) j’avais commencé à publier une campagne de jeu de rôle dans le défunt BodyBag, un journal créé par l’éditeur John Doe et destiné à soutenir ses publications. Trois épisodes sont sortis, laissant entier le mystère que j’avais tenté de mettre en place. Cet article explique comment cette campagne avortée est née et fait le point sur ses perspectives d’avenir.
J’ai une passion particulière pour les univers à la technologie hyper contrastée. J’adore aussi l’archéologie, l’idée de retrouver des civilisations disparues, ce qu’ils ont pu laisser comme souvenir ou comme techno ancienne. Je me pose des questions sur ce que l’humanité à pu oublier. Stargate est une de mes références. Plus récemment le jeu de rôle Numenera met en scène justement une civilisation ultra-avancée construite sur les ruines de plusieurs civilisations anciennes, plus de la magie. Mais qu’est-ce que la magie sinon de la technologie incomprise ?
Ah oui, et évidemment le post-apocalyptique ! J’ai en tête une campagne absolument dantesque de Bitume/Fallout, que j’ai joué pendant des années, et où j’ai laissé libre cours à mes délires en mélangeant les époques, la technologie futuriste et retro-futuriste, la bio-génétique et l’ultra-violence.
Bitume est un jeu de Croc datant des années 80 où une maladie, un virus, une comète où je ne sais quoi à supprimer les souvenirs d’une grande partie de la population les obligeant à survivre dans les décombres d’un passé dont ils ne se souviennent plus.
La biotechnologie justement fait partie de ces avancées incroyables qui me font rêver. Le transhumanisme, la fin de la mort, la modification corporelle. Bien que le cyberpunk, qui a un côté archaïque et stylé, le biotech me fait vibrer par ses possibilités à portée de main.
Toutes ces influences et coup de cœur se retrouvent dans quasiment tous mes jeu de rôle. Plus que des influences, des idées fixes, des répétitions martelées en continu, chaque itérations modifiant légèrement la précédente, s’enrichissant de mon environnement et de mes informations immédiates (et j’accorde comme je veux).
Projet Neige est un de ces essais, parti d’une volonté de pousser ces influences à l’extrême. Je vais essayer d’en parler sans trop spoiler parce que même si ce jeu est mort, il bouge un peu encore.
On joue souvent du post-apo que j’appellerais « de reconstruction ». Les communautés ont changé, mais les humains restent. Moins nombreux, ils doivent faire face à des défis plus immédiat, mais finalement reproduisent les structures d’avant (l’apocalypse).
A contrario, Projet Neige est un monde post-post-apo. Le monde est mort, il n’y a plus rien, à part de la cendre et des arbres. C’est terminé, salut, à la prochaine. Je voulais une ambiance absolument désespérée, où les joueurs ne savent pas ce qu’ils font là, comment ils ont survécu, ni ce qu’il s’est passé.
La première séance est simple, ils se réveillent tous dans une caverne. Un son sourd pulse faiblement aux alentours. La lumière provient d’une sorte de coquillage luminescent incrusté dans les murs et un coffre en métal sur le côté contient des vêtements simples et sans âge, un couteau et une boite à pilule rouge par personnage. La feuille de personnage est vierge et la partie commence immédiatement sans savoir ce qu’on joue ni pourquoi.
Toute cette séance, que j’ai jouée avec succès une dizaine de fois, est extrêmement impliquante. Qu’il s’agisse de comprendre l’environnement, de se comprendre soi-même, de construire sa feuille au fur et à mesure en fonction des compétences à utiliser sur le moment, tout concourt au mystère. Les premiers jets de dés sont l’occasion de se rendre compte que les personnages peuvent puiser, temporairement, dans une infinité de souvenir et de talents. Cela leur coûte une énergie mémorielle qui se reconstitue en rêvant.
Évidemment, une fois sortis de la grotte, ils découvrent un monde complètement mort, couvert de cendre blanche, aux arbres empoisonnés. Comment survivre alors ? Et surtout, pourquoi faire ?
Je n’irai pas plus loin parce que je veux continuer et terminer cette campagne mais aujourd’hui, je me sens très embêté parce que le réel rattrape ce que j’ai écris. Tout comme le Cyberpunk des années 80 est dépassé par l’actualité, et demande un reboot pour ne pas paraître ringard, Projet Neige se trouve dans un état où l’un des secrets majeurs, plutôt avant-gardiste à l’époque, est aujourd’hui une réalité.
SPOILER
La mémoire génétique des joueurs provient du fait que l’histoire de l’humanité, faits comme compétence, a été encodée dans leur corps. Plus un fait est connu, plus une compétence est répandue, plus il est aisé d’y avoir accès. Chaque cellule d’ADN peut contenir un nombre de donnée incalculable. Assassin’s Creed utilise déjà largement cette idée, et l’étend à chaque nouvel épisode mais il y a 15 ans, je ne connaissais pas AC et cette idée n’étais pas si connue.
Aujourd’hui j’apprends via cet article que le magicien d’OZ a été encodée pour de vrai dans de l’ADN.
Cette idée, que je trouvais super à l’époque, fait maintenant à peine lever un sourcil. Le jour où mes joueurs vont l’apprendre, leur réaction sera vraiment faible, sans surprise, pathétique.
/SPOILER
Je crois que pour la première fois de ma vie, je fais face à l’obsolescence du texte. D’autres contextes ne vieillissent pas, le med-fan évidemment parce qu’il se situe hors-du-temps. La SF aussi parce qu’elle est très loin et qu’on n’est pas près de voyager dans l’espace. Mais dès qu’on utilise des éléments plausible, on se risque à être rattrapé plus ou moins rapidement par la réalité.
Ce jour-là, il faut trouver la force de se réinventer.