20 août 2021

Gestion de crise

Il y a de ça quelques semaines, je partais en vacances avec une amie formidable. Malheureusement, nous nous sommes disputés pour ce qui pourrait être une broutille mais qui m’a profondément blessé et m’a poussé à remettre beaucoup de choses en question. Notre amitié évidemment, qui finalement semble être à sens unique, mais aussi la manière que j’avais de ressentir les choses, mon estime de moi (toujours et à jamais fragile), jusqu’à ma notion toute personnelle du confort. On m’a beaucoup dit au fil des années : « prends soin de toi ». Mais qu’est-ce que ça peut vouloir dire ?


J’ai mis deux semaines à m’en remettre. La boule au ventre ne voulait pas partir, les larmes coulaient souvent. Il m’a fallu de l’aide, des amis, malheureusement aussi un peu d’alcool, pour sortir du trou dans lequel j’étais, enfermé dans un tourbillon d’émotions négatives. Et aujourd’hui je peux faire un peu le point et entamer un certain nombre d’actions correctives. J’ai l’impression qu’il s’agit d’énormes changements, alors que d’autres le verront peut-être plus simplement, ou trouveront que ce n’est pas grand-chose. Tout est question de perspective je suppose.

Tout d’abord, j’ai compris que j’étais prêt à recevoir de l’aide. Et ça, c’est très important pour moi. Je me suis toujours construit tout seul, j’ai toujours eu l’impression (maintes fois confirmées) de ne pas pouvoir me reposer sur les autres, que les paroles s’envolent mais que rien n’est jamais fait pour moi. Du coup, je fais tout tout seul. La plupart de mes écrits (sauf YxY, merci à Matthieu pour l’ensemble de ton œuvre), tout ce que j’ai fait au théâtre, au boulot, dans ma vie perso, avec mes enfants, j’ai toujours fait. Mais la crise m’a montré que je pouvais, que je devais, avoir de l’aide. J’ai pris rendez-vous chez une psychologue.

La psy

Après quelques semaines, ce n’est pas parfait, elle a des défauts qui vont probablement me pousser à arrêter à un moment, mais en attendant je parle à une professionnelle, qui m’écoute et parfois m’oriente. Le tarif est élevé, ce n’est pas remboursé (c’est du confort), et je ne pourrais pas y aller toutes les semaines comme elle le souhaite, mais j’ai l’impression de pouvoir déverser mon trop plein sur quelqu’un d’entraîné à cela. Je suis clairement hypersensible et chez moi tout prend des proportions démesurées. J’aimerais tellement apprendre à gérer ces emportements qui me sont extrêmement dommageables, aussi bien en amitié, qu’en amour, ou dans ma vie professionnelle. J’ai tellement perdu de choses à cause de ça.

J’ai aussi pris conscience que je me laissais clairement aller, physiquement déjà. J’ai maintenant 46 ans, et même si j’en fait moins, et que j’ai toujours énormément d’énergie (hyperactivité tout ça…), je ne me plait pas, mais plus important, je ne me suis jamais plu.

Le physique

Améliorer son mental passe aussi par améliorer son physique. Bon, je sais que ça fait un peu crise de la cinquantaine approchante, mais je me remets doucement au sport à l’aide d’une amie qui vit au Cambodge. Miracle de la technologie, on utilise des solutions de visio-conférence pour se motiver et se bouger sur des vidéos de sport. Elle-même à fait ce chemin depuis plusieurs mois et elle a mincit de manière étonnante. Je reprends donc le projet Statham de l’année dernière, en essayant d’aller jusqu’au bout cette fois. J’avais eu de très bon résultats en associant sport (ring fit) et changement d’alimentation, et j’aimerais pousser un peu plus pour obtenir un physique un peu plus proche de ce que j’imagine être bon pour moi. Je ne sais pas si c’est un rêve impossible. Je parcours des subreddits ou des hommes postent des photos impressionnantes avant-après, je sais qu’il faut des mois ou des années pour en arriver là, et sans vouloir ressembler aux titans musculeux des podiums, je veux au moins récupérer un peu de dynamisme. Je rajoute à cela beaucoup de marche (l’application pré-installée dans mon téléphone me donne le nombre de pas effectué par jour, ce n’est pas ultra-précis mais ça me motive).

L’alimentation est un élément fondamental de cette transformation. Je regarde des vidéos, j’achète des produits, je tente des plats et franchement ça marche. Je suis végétarien depuis plusieurs années déjà, et si j’ai eu une rechute (j’ai bouffé du poulet et je m’en veux pas trop), en tentant d’acheter de la viande, j’ai eu un haut-le-cœur qui m’a fait comprendre que je n’allais pas redevenir un viandard. Du coup, je fais des recettes végé qui m’amusent et me font réfléchir créativement lorsque je dois mélanger deux recettes ou façon de faire parce que je suis jamais content et qu’il faut toujours que je fasse à ma sauce (comme les règles de jeu de rôle en fait).

Au delà du sport et de l’alimentation, il y a aussi mon visage. Ce crane chauve posé au dessus de deux yeux enfoncés dans leurs orbites surplombant des cernes marqués et noirs. Mon nez et ma bouche me plaisent, ils sont parfaits. Mais le reste de l’assemblage ne me convient pas. En parcourant un certain nombre de forums dédiés au la beauté masculine, j’ai découverts des produits, des façons de faire qui permettent de s’améliorer. Déjà, j’ai acheté une brosse à dents électrique ! C’est un bonheur à utiliser et je n’ai jamais eu les dents aussi propres. Mais aussi des produits pour laver le visage, ou pour réduire les cernes par exemple.

Il n’y aura pas de changements drastiques, je vais pas devenir Brad Pitt (et ce n’est pas mon but, j’essaie de devenir moi, c’est pas simple), mais ça m’aide de prendre du temps pour moi. Me regarder, me laver le visage avec autre chose qu’un savon, me masser, me raser correctement et en prenant le temps encore une fois. Ce n’est pas quelque chose d’attendu chez un homme, c’est même étrange ou disons-le franchement gay de s’occuper de soi, ou même superficiel, futile. Et pourtant, en faisant cela je me sens mieux, ça me fait du bien.

L’habillement

Je n’ai jamais été porté sur les vêtements. Mon frère lui l’a toujours été, il a toujours eu du gout, sachant marier les couleurs, les formes, les marques même pour se donner un style. Pour moi, un t-shirt, jean, baskets, couleurs sombre et ça me suffit. Pendant quelques années j’ai travaillé dans la mode et la lingerie, un environnement quasi exclusivement féminin et pour lequel le style est fondamental. J’ai fait un effort mais sans savoir exactement comment faire. J’ai quand même appris, et surtout j’ai appris à aimer ça. Bon je reste bas-de-gamme, et je sors rarement du trio Celio, H&M, Jules qui font des basiques pour hommes qui fonctionnent bien. Mais je change un peu. Je commence à sortir des couleurs, j’essaie des formes qui me mettent en valeur, je commence à mettre un peu plus d’argent pour avoir des coupes plus fines, plus jolies. Après mon passage en mode minimaliste, j’ai énormément réduit ma garde-robe. Aujourd’hui, je reste sur cette ligne, mais mes vêtements sont mieux choisis. J’en ai toujours peu, mais ils me plaisent et je vais renforcer cet aspect.

Le confort

J’ai toujours eu une notion assez floue du confort. Je considère que ce n’est pas pour moi, que puisque je peux me contenter de peu, alors pourquoi prendre mieux ? Lorsque mon lit a passé 15 ans, je l’ai jeté, et j’ai littéralement dormi sur mon canapé pendant près d’un an. Je gagne plutôt bien ma vie en comparaison de la majorité des français, mais je viens d’un milieu extrêmement populaire ou clairement le confort n’était pas la priorité, et je pense que ça a beaucoup joué dans ma personnalité. Je dépense extrêmement peu d’argent, et je pourrais largement me permettre de monter d’un cran ou deux mon niveau de vie. Je peux partir en première classe en train sans que ça change fondamentalement mon compte en banque. Comme l’a dit une fois Jeremy Ferrari : « je suis riche parce que je n’ai pas besoin de regarder les prix lorsque je fais mes courses, c’est un privilège ». Et je souscris à cela. Je peux me payer des marques, du bio, sans que ça me gêne à la fin du mois. Je ne le fais pas, parce que je me suis habitué à moins, que je suis minimaliste, que je pense sincèrement qu’il faut dé-consommer dans des proportions drastiques pour s’en sortir, ou des tas d’autres excuses. Mais en faisant cela, je m’interdis le plaisir, les bons produits (si tant est que cela existe). J’ai décidé de changer cela, c’est compliqué et ça heurte nombre de mes valeurs, mais je sors plus facilement la CB pour de meilleures choses.

Je crois aussi qu’une bonne partie de mes problèmes mentaux (oui il y a pire, oui je me plains, mais c’est mon blog, je fais ce que je veux), vient de mon manque de sommeil.

Le sommeil

« Est-ce que vous rêvez ? » m’a demandé la psy il y a quelques jours. Toute mon adolescence a été passée à rêver. Je faisais parfois même des rêves lucides, que je pouvais contrôler. Mon paysage nocturne était riche et foisonnant. Je me réveillais le matin avec de nouvelles idées et envies. Une fois j’ai écris un jeu de société complet que j’avais entièrement rêvé la nuit d’avant. Mais depuis une vingtaine d’année, ça a cessé. Problème de ronflement, d’apnée du sommeil et probablement de confort que je n’avais jamais corrigé. Il y a un an et demi je me suis fait opérer de la gorge pour supprimer les ronflements. Et récemment j’ai acheté un vrai oreiller de marque (Tediber), en plume de zoiseau qui fonctionne très bien pour moi, et a énormément réduit les allergies qui me bouchaient systématiquement le nez le matin. De plus, j’ai découvert l’existence des couvertures lestées, des couettes remplies de billes ajoutant un gros poids répartis. C’est sensé aidé les gens souffrant de troubles de l’attention à s’endormir. Et bien, depuis une semaine que je l’utilise, je dois dire que j’en suis ravi. Je m’endors bien, je m’endors tôt (j’essaie de tenir un 23h max), et je dors d’une traite jusqu’au lendemain. Il est trop tôt pour dire si cela va m’aider, mais disons déjà que c’est ma première semaine où je dors beaucoup mieux qu’avant. Je me lève en forme, je suis juste bien.

L’égo

Je passe rapidement sur cette partie, mais j’ai besoin de me reconstruire, de savoir qu’il y a des gens qui pensent à moi même si c’est un peu artificiel. Je regarde très peu Facebook depuis presque un an et je n’y retourne que ponctuellement pour le chat ou des évènements à suivre. Je ne parcours quasi plus les fils de discussion qui sont toujours les mêmes, angoissants et répétitifs.

Par contre, je suis sur Mastodon, un twitter alternatif, fédéré et libre et la communauté est accueillante et bienveillante, loin de la guerre et des attaques de l’oiseau bleu. Je m’y sens bien, je suis des gens qui j’apprécie et je commence à me construire un petit réseau de follower grâce à des blagues, des anecdotes, et des moments de vie.

Je suis aussi sur Instagram où je poste des bêtises, des recettes de cuisine foirées, et des photos du quotidien insolites. Ça m’amuse beaucoup.

J’ai un peu la culture de like, c’est vrai que ça fait plaisir quand on voit le compteur augmenter, mais je ne suis pas accro à ça. Je fais attention. Je le prends de manière positive en essayant de ne pas tomber dans un piège narcissique.

Conclusion

Il y a sans doute bien d’autres choses à dire, d’autres décisions, petites ou grandes qui ont été prises et que j’aurais pu évoquer, mais cet article est déjà complet et bien assez long.

Je ne sais pas si c’est l’âge (je ne crois pas) mais j’ai l’impression de fonctionner par crise. Au lieu de modifier mes habitudes et de m’améliorer constamment, mais peu à peu, je modifie plein de choses d’un seul coup, toutes les quelques années. Je suis quelqu’un qui fonctionne un peu en mode binaire, c’est tout ou rien. Tout va bien, puis d’un coup tout va mal et il faut tout changer. J’ai compris depuis une dizaine d’année que je n’aime pas la routine, que je n’aime pas la stabilité. Il me faut constamment du changement. Je teste des trucs, je me plante, je recommence, et ne pas être dans ce fonctionnement, tenter de me calmer, clairement ne fonctionne pas. J’ai besoin de ça.

Alors, peut-être qu’une fois cette phase terminée, elle durera quelques années jusqu’au prochain grand chambardement. Qui sait, peut-être un nouvel article similaire dans 10 ans ?