Considération de game-design autour des avantages et du système de réserve dans YxY

Encore un article de game-design autour du système d’YxY, parce que pourquoi pas. Aujourd’hui je parle du système d’avantage et de la manière dont on peut s’en servir pour promouvoir du roleplay pendant la partie via le système de talisman et de trophée.


Des avantages et des réserves

Le système d’YxY tourne autour de deux idées majeures, un jet de dé tactique (simple mais offrant le choix d’une prise de risque), et les avantages, des points de bonus pour réussir ou action ou activer des effets spéciaux. Dans une situation autre que le combat, dépenser des avantages en plus de la réussite d’une action est la seule manière de quantifier cette réussite, plus on dépense d’avantage, mieux l’action est réussie.

Dans la plupart des situations normales, les joueuses auront peu besoin d’avantages. Les difficultés étant atteignables grâce à leur compétence et leur équipement. Mais plus la menace grandit plus les difficultés (des jets de dés) augmente, jusqu’à arriver à un niveau absolument impossible à réussir normalement. C’est là que les avantages entrent en jeu.

Pour rappel, les avantages sont des points, matérialisés par des jetons, que les joueuses peuvent dépenser quand bon leur semble pour réussir une action autrement impossible.

L’intérêt de ce système d’avantage c’est qu’on peut les adapter à l’univers, en faire un enjeu à part entière. On peut jouer sur la manière de les gagner, de les RE-gagner, de les posséder dès le départ etc.

Par exemple, dans la version YxY apéro, on gagne les avantages de trois façons

  • Chaque fois qu’un dé donne un 6, on gagne un avantage à dépenser quand on veut.
  • Lorsqu’on s’entraide ou qu’on se prépare, on gagne des avantages à dépenser pour l’action visée.
  • On peut sacrifier quelque chose pour obtenir des avantages pour une action donnée.

Dans Big Ben Tentacule, il existe un système de réserve, appelée Flegme. Cette réserve donne un nombre d’avantage spécifique qu’il est possible de dépenser pour des usages liés à l’univers Lovecraftien qu’il cherche à émuler. L’idée est de promouvoir, par le système, une manière de jouer spécifique. Par cette astuce, j’attends des joueurs qu’ils jouent des britanniques combattant un mal cosmique une tasse de thé à la main, le petit doigt en l’air ;

Je travaille sur une version Donjonnesque du système (non paru) dans lequel la joueuse pourra augmenter son personnage en choisissant des capacités d’Aventurier, de Mage et de Guerrier. Chaque fois qu’une capacité est prise dans un de ces trois domaines, une réserve liée (donc une réserve d’aventure, de magie et de combat) augmente d’un point. Si vous connaissez Donjons et Dragons, vous pouvez y voir une sorte de multiclassage, comme si ces réserves étaient les niveaux du personnage dans ces trois méta-domaines.

Chaque réserve permet des usages spécifiques et se récupère différemment créant encore une fois, une manière de jouer et des scènes spécifiques.

Talisman et trophées

Dans Yuri cross Yurei, la version complète en cours d’écriture, j’utilise un système de talismans et de trophées.

Un talisman est un objet réceptacle d’une émotion ou susceptible de générer une émotion positive. Il peut s’agir de n’importe quoi tant qu’on peut y accrocher de l’histoire. Dans énormément d’œuvres de fiction le héros possède ce genre d’objet. Il peut s’agir d’une voiture qui sert de base mobile, du médaillon d’un parent défunt, d’une arme transmise de génération en génération, du bracelet brésilien donné par un enfant, d’une mèche de cheveu d’un ancien amant, une compilation de musiques des années 80 ou un cadeau particulièrement personnalisé, bref tout ce qui permet à un personnage de ressentir quelque chose et qui ne soit pas un simple outil.

Un trophée est un talisman spécifique car créé par un personnage après une épreuve importante. Là où le talisman provient de quelqu’un d’autre (mais l’émotion provient du personnage lui-même), le trophée est une manière pour le personnage d’y investir une part de lui-même, de se créer le support d’une émotion, un rappel de ses exploits passés.

En termes de règles, un talisman contient des avantages, c’est une réserve externe au lieu d’être interne.

Un talisman est créé après une scène sociale forte, intime, dans laquelle les personnages ont changé leur relation. Dans la culture nipponne, le cadeau est une valeur importante, appréciée. Ce système permet de récompenser, mécaniquement, les idées des joueuses allant dans ce sens.

Les trophées permettent aux joueuses qui ont particulièrement bien réussi un combat d’investir les avantages qu’elles possèdent, et qu’elles risquent de perdre ou de dépenser, dans un objet. Elles vont thésauriser des points volatiles dans un objet physiques. On peut aussi voir dans l’accumulation des trophées un système d’expérience alternatif leur permettant de combattre des ennemis de plus en plus puissants et difficile à vaincre, apportant par leur défaite des trophées de plus en plus puissants.

Plus de précisions dans le jeu complet, qui avance bien d’ailleurs grâce au retour d’un des auteurs d’origine, Matthieu Destephe, qui travaille sur la mise en page et les illustrations. Merci à lui.

« System matters »

De la notion de prise de risque dans la technique rôlistique

Ce matin j’ai participé à une petite expérience rôlistique via le live Facebook grâce à l’ami Sandy Julien qui nous a narré de sa voix calme et grave une petite partie d’Alien, le jeu de rôle qu’il traduit actuellement. Pendant la partie, il a utilisé une règle appelée dé de stress qui mesure le degré de stress donc du personnage incarné. Ce dé est ajouté à tout test, pouvant améliorer son résultat ou même transformer un échec en réussite mais en cas de 1 sur le dé, il se passe quelque chose de grave.  C’est sous une forme similaire que j’écris quasi systématiquement mes règles de prise de risque.


J’ai plusieurs marottes en game design, plusieurs concepts que j’efforce d’intégrer et d’affiner au fil des systèmes que j’écris. La prise de risque est une de ces marottes. Elle représente la possibilité technique qu’à un joueur de décider, à chaque jet de dé (atomisation de la décision) si son personnage prend un risque. C’est évidemment une exploitation directe du concept de risque/récompense qu’on retrouve dans tous les manuels de game design.

Comme beaucoup de mes systèmes, je veux que ce soit utilisé, au besoin et à l’envi du joueur. Prenons trois exemples.

Dans Face8, le système utilisé par Artefya, et dont les prémisses se trouvaient déjà dans Continuum, on lance une poignée de dés dont chaque résultat est comparé à la difficulté. Un dé égalant ou dépassant la difficulté est une réussite, plus il y a de réussite, mieux c’est. Le système est écrit de telle manière qu’il est facile de réussir normalement mais difficile de le faire avec éclat.

Dans ce cas, le joueur est invité à ajouter des dés de risque à sa poignée avant de les lancer. Ces dés peuvent réussir mais en cas de 1 (comme dans Alien du coup), il se produit un évènement grave pour le personnage. Il peut donc tout à fait réussir son action MAIS avec un problème supplémentaire. On retombe d’ailleurs dans les systèmes narratifs type « Oui, et », « Non, mais » etc.

Dans Maxximum Badass, les personnages sont des héros de films d’action qui en prennent plein la gueule. C’est haut en couleur et le principe est de tout réussir très fort, et d’en encaisser encore plus. On est typiquement dans le film américain où les combattants arrêtent les coups avec leur tête. Il s’agit ici d’infliger un maximum de désagrément aux héros, le côté amusant se trouvant dans le fait qu’ils puissent l’encaisser. Le Jeu Hellywood est un bon exemple de jeu où on trouve ce genre de personnage (ça me fait penser que je parlerai un jour de la différence fondamentale entre la description narrative et l’effet technique).

Le système est un peu particulier, chaque scène dispose d’une valeur, d’un nombre de point qu’il s’agit de battre en cumulant les jets de dés. Si la scène n’est pas vaincue en un seul tour, les personnages encaissent des « punitions », désagréments plus ou moins violents. Les difficultés étant élevées, les joueurs sont invités à ajouter des dés de risque qui s’ajoutent au résultat total. La différence par rapport a Face8 étant que la prise de risque est aussi importante, et même plus, que la compétence du personnage.

Un personnage très fort dans un domaine dispose de trois d6 à lancer (et en fait la somme), un personnage nul ne lance aucun dé. N’importe quel personnage peut lancer jusqu’à trois dés de risque supplémentaires et les ajouter au total, oui même, et surtout, les personnages mauvais. Si au moins un dé fait un 1, le personnage encaisse aussi des désagréments (blessures, perte d’objets ou de pns etc). Plus on lance de dés, plus la chance d’obtenir un 1 augmente, ce qui est mauvais pour le total et crée des problèmes. C’est un choix cornélien à chaque fois.

Dans YxY, il y a déjà un système de sacrifice qui gère en partie cette notion de risque, mais à postériori. Par contre, le cœur du système est articulé autour du choix tactique.

Un personnage va normalement lancer 2d6 plus une caractéristique/compétence entre 0 et 3. Il peut tout à fait choisir de transformer un point de sa caractéristique en d6 supplémentaires, mais n’en garde que deux (l’idée est tirée de l’excellent jeu Michtim). Par exemple, un personnage qui devrait lancer 2d6+2, peut lancer 3d6+1 ou 4d6. Sachant que les 6 donnent un avantage de jeu supplémentaire, le joueur est constamment tiraillé entre la volonté de lisser le résultat statistique probable et tenter d’obtenir un résultat élevé. Choix d’autant plus compliqué si la difficulté est haute, obligeant à la prise de risque.

Par ces différents exemples, extensibles à l’infini, on voit que le système de jeu donne des possibilités différents aux joueurs et la sensation de constamment décider du risque à prendre, permettant de transférer, encore une fois, le meneur d’une partie de cette décision.

De la notion de Sacrifice dans le jeu de rôle

À l’occasion du confinement pour cause de Coronavirus, j’ai fait jouer une partie de YxY à distance, à l’aides des outils Roll20 pour les jets de dés et l’affichage des feuilles de personnages, et Zoom pour la partie communication. Les joueurs étant de parfaits débutants, n’ayant pour la plupart jamais joué au jeu de rôle, j’ai simplifié encore une fois les règles déjà simples de la Chair et le feu et surtout mis en avant une règle très importante : le sacrifice.


C’est une notion que j’utilise de plus en plus dans mes parties, que je n’ai jamais vu ailleurs et qui permet de simuler beaucoup de choses assez simplement. La perte d’une arme, d’une armure ou d’un objet important, un personnage qui décide de faire gagner du temps à son équipe en bloquant la porte devant laquelle se presse une horde de morts-vivants et bien d’autres exemples sont des sacrifices.

L’idée est simple, qu’est ce le joueur et son personnage sont prêt à perdre pour soit réussir quelque chose de difficile, soit éviter une mort certaine.

En termes de jeu, s’il manque des points pour atteindre le seuil de réussite d’une action, le joueur peut décider de perdre quelque chose de son choix pour obtenir un bonus instantané. Pour YxY, la plupart des objets indiqués dans les scénarios ont une valeur de sacrifice indiquant le bonus accordé à l’action si le joueur décide, volontairement et j’insiste sur ce terme, de le perdre. Mais on peut imaginer perdre n’importe quoi, pas seulement quelque chose de tangible.

On peut imaginer des tas d’usage au sacrifice et mes joueurs débutants m’ont bien surpris.

Par exemple, lorsqu’il a fallu sauter avec la voiture au-dessus du pont se relevant dans « la Chair et le feu », ils ont sacrifié l’exosquelette pour bloquer le mécanisme quelques instants. La conductrice du pickup a ensuite joué de malchance en ratant malgré tout le jet de dé mais a décidé de sacrifier une partie de ses connaissances et de sa mémoire en me décrivant comment, en atterrissant de l’autre côté, elle se cogne le visage contre le volant et s’évanouit. C’est une conséquence importante pour la suite des évènements et j’ai accepté ce sacrifice en donnant les points manquants pour que le jet de dé soit une réussite.

Lorsqu’il a fallu convaincre le responsable militaire de faire un détour en hélicoptère pour aller chercher les survivants laissé à l’arrière, le joueur qui jouait l’informaticienne m’a construit une histoire où son personnage avait rassemblé un nombre important d’information sur l’épidémie et qui montraient l’incurie du gouvernement dans sa gestion (toute ressemblance fortuite machin tout ça) qu’elle allait diffuser à la population. J’ai considéré que le militaire acceptait la requête mais que dans l’épilogue elle serait jetée en prison pour une durée indéterminée. Le joueur a accepté le sacrifice de son personnage pour sauver les autres. Et ça a créé de l’histoire, du matériel narratif, que je n’avais pas prévu.

On peut imaginer casser du matériel, le jeter, le perdre, blesser ou tuer des personnages non-joueurs ou même des personnages joueurs, tout est possible. Cela permet aussi au meneur de se lâcher un peu sans constamment penser aux conséquences. Surtout dans YxY où les dégâts ne sont pas aléatoires mais décidés par le joueur ou le meneur.

Les contraintes à suivre sont peu nombreuse mais importantes :

  • Le sacrifice doit être relié à l’action en cours et être globalement logique, même si c’est à moyen terme.
  • La décision doit venir du joueur. Le meneur peut tout à fait proposer des idées mais c’est le joueur qui détermine ce qu’il se passe et qui raconte conjointement le déroule de l’action. Le meneur reste bien sûr seul maître de la finalité.
  • Le sacrifice est un dilemme, aussi important que la situation l’exige.

Je finirai cet article avec quelques exemples clichés pour faire bonne mesure.

  • Le héros se fait surprendre par un ennemi au détour d’un couloir. Il décide de perdre son arme pour enchainer sur un combat aux poings.
  • Le héros vient de se faire tirer dessus et meurt. Il sacrifie son gilet pare-balle, sa flasque de whisky ou le médaillon de son père.
  • Le héros combat le grand méchant casqué et perd. Il décide de sacrifier sa main pour éviter ce sort peu enviable.
  • Les klingons font un tour dans la coque de l’Enterprise, quelques hommes en rouge passe par-dessus bord, c’est triste mais, contre toute attente, le vaisseau n’est pas en danger.

Si vous avez d’autres idées ou clichés, ou que d’autres jeu de rôle ont des règles similaires, n’hésitez pas à partager !

Création d’un carnet en peau de dragon

J’ai toujours été fasciné par les gens qui savaient fabriquer des choses, utiliser leurs mains autrement que sur un clavier. Les beaux objets, faits avec soins, la créativité, l’aspect unique de la production artisanale me fait vibrer. Depuis longtemps déjà, je regarde des vidéos, plus ou moins bien faites, où des gens normaux montrent ce qu’ils font. Il y a quelques semaines, à l’occasion de la fermeture d’une boutique de tissu près de chez moi, je suis tombé sur un coupon noir au motif écailleux. Une jolie peau de dragon qui m’a décidé à me lancer dans le fais-le-toi-même. Aujourd’hui, je fais un carnet en peau de dragon !


Pour mon premier essai, j’ai voulu faire un petit carnet. Au cas où ce serait un échec, je perdrais ainsi moins de composants.

Tout d’abord, il faut des composants (comme dans un jeu de rôle oui), et des outils. Voici ce que j’ai utilisé.

  • Des pinces de toutes sortes. Des grosses, des petites, n’importe du moment qu’on peut y placer un tas de feuilles au milieu.
  • Des serres-joints, pareil que les pinces.
  • Du carton d’emballage tout bête pour plein de petits usages, éviter de salir, intercaler entre une pince et le papier ou autre.
  • Règles, feutres, ciseaux, cutter pour mesurer, tracer et découper le tissu et le carton qui va servir à la couverture.
  • J’ai acheté un tapis de coupe, c’est hyper pratique et pas cher.
  • De la colle PVC, plein, beaucoup.
  • Des pinceaux. Je m’en suis rendu compte dès que j’ai eu à tartiner de la colle, sans ça c’est l’enfer.
  • Une cale à poncer et du papier de verre. Ça sert à égaliser les feuilles. Moins vous êtes soigneux, plus vous aurez à poncer.
  • Du tissu pour la couverture, donc moi, c’est un joli cuir de dragon que j’ai chassé avec mon porte-monnaie.
  • Du papier pour le carnet lui-même.
  • Du carton épais pour la couverture. J’ai acheté une pile de 10 cartons 2mm gris (appellation carton gris donc) chez mamazon. Un peu cher, qualité moyenne mais suffisante.
  • Un bout de tissu fin. J’ai utilisé une chute de rideau, ça marche mais c’est un peu trop épais.

Il y a trois étapes, la fabrication du carnet, celle de la couverture, puis l’assemblage.

Le Carnet

J’ai pris un tas de feuille A4, disons une vingtaine, que j’ai découpé en quatre, pour faire un carnet de taille A6 (15×10 cm à une vache près).

On fait un petit tas et surtout on tasse bien pour que ce soit aligné. Plus c’est aligné, mieux c’est évidemment. Moi c’était pas bien aligné, parce que je suis un cochon et que ma découpe initiale était mal faite.

On coince le paquet de feuille entre deux cartons, en laissant déborder d’un ou deux millimètres, puis on pince le tout fermement. J’ai pas de photo de ce moment mais vous avez de l’imagination.

Là on colle la tranche en appliquant une couche généreuse de colle PVC. Genre bien généreuse. N’hésitez pas à faire pénétrer légèrement entre les feuilles, pas trop, mais un peu.

Laissez la colle sécher quelques heures pendant lesquelles vous pouvez commencer la création de la couverture.

Une fois que c’est bien sec, découpez le bout de tissu fin à une taille légèrement plus petite qu’une feuille de carnet, puis collez-là sur la tranche, donc nouvelle généreuse couche de colle.

Attention, vous devez coller uniquement la tranche.

Attention aussi à la longueur du tissu de chaque côté, par exemple, moi c’était trop petit.

C’est terminé pour cette partie.

La Couverture

Dans le carton gris, découpez les deux couvertures. Elles doivent être plus grandes qu’une feuille de carnet d’environ deux millimètres (2mm). Découpez aussi la partie centrale qui doit faire la largeur exacte de votre bloc de papier, et la même longueur que les couvertures.

Dans la peau de dragon, posez les deux couvertures et le dos en laissant une espace d’un millimètre entre chaque partie. Mesurez, et tracez une découpe qui dépasse du carnet d’environ un centimètre. Soyez très soigneux, mesurez correctement, prenez votre temps, parce qu’après c’est chiant à rattraper. Moi j’ai fait n’importe quoi par exemple.

Découpez les coins en biseau, puis collez le carton au sur l’envers de la peau de dragon. Placez sous presse. J’ai un tas de bouquin dessus, avec deux haltères pour faire bonne mesure (oui j’ai des haltères, non je ne m’en sers pas).

Une fois que c’est sec (comptez quelques heures), repliez et collez les bords. S’ils sont assez longs et découpés correctement, ça devrait le faire sinon ça va faire une porcherie comme moi.

Si ça rebique, utilisez des pinces pour serrer correctement tout ça et attendez encore quelques heures pour le séchage.

Assemblage

Comme Actarus rentrant dans Goldorak, vous allez insérez le carnet dans la couverture. Mais c’est moins simple que lui, même si normalement vous ne ferez pas deux demi-tours.

Encollez généreusement le dos du carnet, ainsi que tout le tissu qui touche le carton.

Placez le carnet sur le dos, puis étalez bien le tissu sur la couverture. Débrouillez-vous pour que ça tienne debout.

Attendez que ça sèche et profitez-en pour découper deux morceaux de peau de dragon pour recouvrir l’intérieur. Vous pouvez utiliser n’importe quel papier coloré ou à motif ou ce que vous voulez. Moi je voulais que ce soit pareil partout.

Encollez et posez sur le carton de la couverture.

Mettez des pinces partout où vous pouvez, serrez bien, nettoyez la colle qui déborde au cas où et attendez que ça sèche.

Tadaa ! C’est fini !

Conclusion

J’ai bien galéré. Principalement parce que je ne suis pas soigneux. En vrai c’est plutôt simple, mais j’ai fait un peu n’importe quoi sur les proportions, sur le collage, et sur un peu toutes les étapes. Le résultat me convient quand même. C’est plutôt joli, fonctionnel, mais clairement ça manque de finition. Le toucher est exceptionnel, ce tissu est vraiment beau, en tout cas il me plaît énormément, et puis de toute façon c’est moi qui l’ai fait alors il est parfait.

Fort de cette première expérience, je vais sans doute en faire un autre rapidement et mettre à profit tout ce que j’ai appris. Notamment que la qualité se fait dans la lenteur et qu’un bel objet ne se fait pas en se dépêchant.

Sur cette jolie phrase, qui, sur un fond ensoleillé, ferait un parfait post Facebook, je vous dis à bientôt.

Ajouter une liste de répertoires au menu contextuel de Windows

Dans le cadre de mon activité informatique, j’utilise quotidiennement un bon nombre de petits logiciels portables, qui sont soigneusement rangés, chacun dans un répertoire. Arrivant à environ 200 logiciels, je les ai rangés par sous-catégories, pour les retrouver rapidement. Chacun son système je suppose, moi j’ai voulu les ranger alphabétiquement. Pour parcourir plus rapidement cette liste, on peut créer un simple raccourci, moi j’ai voulu les mettre dans le menu contextuel. Vu que j’ai un peu galéré, voici comment je m’y suis pris.


Tout d’abord, voici à quoi cela doit ressembler.

Un menu cascadant, puis la liste des répertoires elle-même.

Tout se passe en base de registre. La ruse ici est qu’il faut modifier des clés à deux endroits.

Tout d’abord, lancez Regedit.

Partie 1 – Le répertoire de base

Créez le répertoire principal en allant chercher cette clé.

HKEY_CURRENT_USER\SOFTWARE\Classes\DesktopBackground\Shell

Créez une clé avec le nom que vous voulez.

Créer les valeurs de clé REG_SZ suivantes :

  1. icon : Non obligatoire, permet de mettre une icone personalisée.
  2. MUIVerb : Non obligatoire, permet de mettre un nom différent du nom de la clé elle-même. Par exemple, j’aurais pu mettre « Soft » comme nom de clé, et changer en « Logiciel » grâce à MUIVerb.
  3. Position : prend les valeur « Top », « Middle » et « Bottom ». Elle indique où doit se trouver le menu.
  4. SubCommands : c’est le plus important. Indique les dossiers ou autres objets qui doivent apparaître.

« SubCommands » doit comporter la liste des autres commandes, séparées par un point-virgule. Comme pour le menu principal, il sera possible de changer le nom qui apparait.

Comme dans la base de registre, la liste des sous-commandes va se mélanger avec celles par défaut de windows dans un joyeux bordel, j’ai préfixé chaque commande par le nom du répertoire principal.

Logiciels.A-H;Logiciels.I-P;Logiciels.Q-Z;Logiciels.Autres

Partie 2 – Les sous-commandes

Ca se passe ici :

HKEY_LOCAL_MACHINE\SOFTWARE\Microsoft\Windows\CurrentVersion\Explorer\CommandStore\shell

Créez une clé pour chaque sous-répertoire.

Pour chaque clé, créez un REG_SZ MUIVerb pour changer le nom pour quelque chose de plus lisible. Vous pouvez aussi ajouter un Icon comme vu plus haut.

Enfin, créez une clé « command ». Écrit exactement comme ça.

Dans « command », changez l’action par défaut.

Et voilà.

En vrai, c’est pas hyper compliqué une fois qu’on a compris.

Voilà quand même un petit texte qui contient mes modifs. Vous le copiez dans un fichier texte que vous renommez en .reg à la fin, vous le modifiez à votre convenance, et vous double-cliquez dessus pour tout créer d’un coup.

Windows Registry Editor Version 5.00 
[HKEY_CURRENT_USER\Software\Classes\DesktopBackground\Shell\Logiciels]

"Position"="Middle"
"SubCommands"="Logiciels.A-H;Logiciels.I-P;Logiciels.Q-Z;Logiciels.Autres"
"MUIVerb"="Logiciels"
"icon"="explorer.exe"

[HKEY_LOCAL_MACHINE\SOFTWARE\Microsoft\Windows\CurrentVersion\Explorer\CommandStore\shell\Logiciels.A-H]
"MUIVerb"="A-H"

[HKEY_LOCAL_MACHINE\SOFTWARE\Microsoft\Windows\CurrentVersion\Explorer\CommandStore\shell\Logiciels.A-H\command]
@="explorer E:\Logiciels\A-H"

[HKEY_LOCAL_MACHINE\SOFTWARE\Microsoft\Windows\CurrentVersion\Explorer\CommandStore\shell\Logiciels.I-P]
"MUIVerb"="I-P" 

[HKEY_LOCAL_MACHINE\SOFTWARE\Microsoft\Windows\CurrentVersion\Explorer\CommandStore\shell\Logiciels.I-P\command]
@="explorer E:\Logiciels\I-P" 

[HKEY_LOCAL_MACHINE\SOFTWARE\Microsoft\Windows\CurrentVersion\Explorer\CommandStore\shell\Logiciels.Q-Z]
"MUIVerb"="Q-Z" 

[HKEY_LOCAL_MACHINE\SOFTWARE\Microsoft\Windows\CurrentVersion\Explorer\CommandStore\shell\Logiciels.Q-Z\command]
@="explorer E:\Logiciels\Q-Z" 

[HKEY_LOCAL_MACHINE\SOFTWARE\Microsoft\Windows\CurrentVersion\Explorer\CommandStore\shell\Logiciels.Autres]
"MUIVerb"="Autres" 

[HKEY_LOCAL_MACHINE\SOFTWARE\Microsoft\Windows\CurrentVersion\Explorer\CommandStore\shell\Logiciels.Autres\command]
@="explorer E:\Logiciels\zz - Autre"

Big Ben Tentacule, les personnages, équipements et capacités

YxY utilise un système de carte à jouer pour représenter les équipements et capacités des joueurs.


Les cartes sont utiles pour le côté ludique, les joueurs en général apprécient beaucoup de les avoir en main. Mais ce n’est pas obligatoire, évidemment, on peut tout à faire écrire sur une feuille séparée le contenu ou le résumé de ces cartes.

Voici donc la fin de Big Ben Tentacule, avec les 6 personnages-joueurs pré-tirés, ainsi que tous les équipements et capacités de ces personnages ainsi que ceux à découvrir dans le scénario.

Les cartes sont compatibles quelque soit les scénarios.

Merci à Raphaël Lalanne pour les illustrations des personnages.

Le scénario se trouve ici !

Big Ben Tentacule, le scénario

Depuis quelques années maintenant, je ne jure que par mon système YxY Apéro. Ce n’est pas très utilisé, mais je m’amuse bien avec, et je l’étends dès que je peux, avec de nouveaux scénarios, de nouvelles règles et de nouvelles cartes.


Aujourd’hui, je publie un scénario dans le monde de l’appel de Cthulhu. On peut l’utiliser avec n’importe quel système de règle, mais ce serait dommage de se priver de spécificités d’YxY.

De plus, il a été écrit spécifiquement pour les six personnages pré-tirés inclus (à venir dans un prochain article).

C’est un scénario apocalyptique, plutôt classique, qui se passe à la fin d’un 19ème siècle légèrement décalé, dans un Londres préparant une immense fête pour la fin de l’année. Le grand Nyarlathotep va s’y inviter pour tout casser et il faudra bien que les joueurs fassent quelque chose pour éviter la destruction de la ville. Classique ouais.

Mais le traitement est différent. C’est rapide, fun, pulp, violent. En terme d’ambiance, je me suis pas mal inspiré de Strange Days (mon BFF, best film forever), mais y’a plein d’autres trucs aussi.

Les cartes sont en cours de finition, et il me manque encore quelques illustrations pour les personnages avant de les publier, l’affaire d’une ou deux semaines max. Je ferai aussi une play-list Youtube pour jouer avec. Je pique l’idée à Yno, il ne m’en voudra pas. Je crois.

Bon, j’avoue que j’ai coupé dans le vif, et que j’ai coupé au moins la moitié de l’intrigue initiale (qui incluait des voyages dans le temps, et de multiples lignes parallèles, un musicien autrichien fou et Einstein jeune) pour pouvoir sortir ce document qui traîne sur mon disque depuis bien trop longtemps. Il y aura peut-être une suite qui inclura toutes ces idées, mais pas tout de suite.

Bref, c’est gratuit, téléchargez, partagez, distribuez, et jouez !

Télécharger automatiquement une liste de fichiers sur Youtube, et les convertir à la volée.

Toujours à la recherche de petit bout de script marrant et d’automatisation, je suis tombé sur la fonction « recherche » de Youtube-dl, qui marche plutôt pas mal.


Youtube-dl dispose de la fonction peu documentée : « ytsearch » qui permet de faire des recherches automatiquement dans Youtube, ainsi que de télécharger automatiquement le résultat.

Si on ajoute un chiffre, par exemple 5, donc « ytsearch5 », la fonction ira télécharger les 5 premiers résultats de la recherche.

Sous Windows, je me suis écrits le petit script suivant (que j’ai appelé ydlfile) à placer où vous voulez dans votre $PATH.

@echo off
for /f "delims=" %%a in (%1) do youtube-dl -f best -x --audio-format mp3 ytsearch1:"%%a"

Cette simple ligne prend un fichier texte en entrée, dont chaque ligne sera recherchée, téléchargée et convertie en fichier mp3. Plus la recherche est précise, plus vous aurez de chance que le fichier récupéré soit celui que vous vouliez.

Si vous tombez sur le net, par exemple, sur une playlist avec simplement le nom des artiste et le nom d’une chanson, copiez-collez le tout dans un fichier texte, donnez-le à manger au script, et voilà !

Je suis tombé par hasard sur la page de Bon Entendeur, des gens qui font des mixes plutôt sympas en ajoutant des voix de gens géniaux, comme Alexandre Astier ou Blanche Gardin (love absolu sur eux et leur famille pour plusieurs générations). En allant sur leur site, je suis tombé sur une tracklist sans lien.

Un copié-collé plus tard dans un fichier texte (bo.txt par exemple), j’obtiens un truc qui ressemble à ça :

Ensuite un petit ydlfile.bat bo.txt :

Et c’est parti !

Il doit y avoir moyen d’améliorer tout ça, mais je vous laisse le faire.

Transformer un album complet téléchargé sur Youtube en une suite de fichiers musicaux indépendants v2

Il y a quelques semaines, j’avais créé ici-même une procédure que je mets à jour avec de nouveaux outils, plus simples et encore moins de travail manuel.


Commencez déjà par vous familiariser avec l’article initial

1- Téléchargement de la vidéo et conversion en mp3

$ youtube-dl -x --audio-format mp3 <lien vers la video>

Si vous n’aimez pas la ligne de commande, il y a des services comme fluvore qui font le job.

2- Création du fichier CUE

Ce document contient toutes les informations des pistes, durées, artistes etc.

Le site http://cuegenerator.net/ permet de le créer facilement.

Entrez les informations à gauche, le fichier CUE apparaît à droite.

Attention au format des informations dans la tracklist. Il y a un espace entre le timecode et l’artiste, et un tiret « – » entre l’artiste et le titre de la piste.

Je m’y suis pris de la façon suivante (vidéo de 48 sec).

Si les informations sont correctement inscrites, le fichier se met à jour automatiquement à droite. Si tout est bon, cliquez sur Save Cue To File pour le récupérer.

Placez-le dans le même répertoire que le fichier mp3.

3- Conversion

J’ai trouvé l’outil MP3DirectCut qui est léger et portable. Il fait tout un tas de choses, dont la découpe dont nous avons besoin.

Téléchargez et lancez le programme.

Glissez-déposez le fichier CUE sur la fenêtre principale.

Fichier -> Découper selon les index

1 - Indiquez le répertoire où vont se placer les fichiers
2 -  Le nom des fichiers générés, je commence par le numéro de la piste, puis le titre de l'album et l'artiste, et enfin l'artiste de la piste et le titre de la piste. 
3 - Enfin, cochez les case ID3v1 et ID3v2 pour tagguer automatiquement les fichiers. 

Cliquez sur Ok pour générer les fichiers.

Et voilà, encore plus simple et plus rapide.

mp3DirectCut peut aussi s’utiliser en ligne de commande. Il y a sans doute moyen d’optimiser encore.

Retour sur Avignon off, 2019

Depuis quatre ans je vais en vacances à Avignon pendant le festival off de théâtre. J’y retrouve une ambiance incroyablement artistique, une émotion directe et brute, une émulation rare. Chaque jour je marche, je vais voir des spectacles, je rencontre des comédiens, des chanteurs, des artistes. Je vis en immersion. Cette année j’ai décidé de faire un retour sur les pièces que j’ai vu, pourquoi et comment elles m’ont touchées.


Avignon, jour 1

Une chaleur écrasante, en journée, mais la nuit aussi. Forcément je me réfugie dans des bars.

Il y a du monde, mais c’est encore le début, ce n’est pas la foule de milieu de festival, grouillante et colorée.

Depuis plusieurs jours, une amie que j’aime beaucoup m’envoie des messages, pour savoir quand j’arrive. Elle veut qu’on se voie, qu’on discute. Je m’entends bien avec elle. On a eu une rapide aventure l’année dernière, et j’avoue ressentir un petit pincement quand je pense à elle. Beaucoup plus jeune que moi, être â côté d’elle me rajeunit à mon tour, et puis c’est bon pour l’égo.

Sur son conseil, je vais voir mon premier spectacle de la soirée.

PAN !

Un TFE (travail de fin d’étude) de Florent qui fait son chemin jusqu’à Avignon.

15 acteurs pour une adaptation de Peter Pan à mourir de rire, pour enfants et pour adultes.

Une chouette scénographie, des décors, de la lumière, des pétards, mais surtout énormément de générosité, d’envie et d’énergie de la part des acteurs.

Clochette jouée par Marine Barbarit est hilarante de mauvaise foi, avec son phrasé particulier, Crochet est drôle en wanabee Jack Sparrow épuisé, aidé de ses compère (dont Aymeric Haumont, et Thomas Rio) mais les enfants perdus sont parfaits aussi, avec une Lola Blanchard montée sur ressort, à l’opposé du rôle qu’elle avait dans le Zucco de l’année dernière, au même endroit. Peter Pan, joué par Nicolas Ladjici, est formidable aussi, doux et moins cruel que j’aurais voulu, mais toujours hyper engagé.

Bref, la salle en standing ovation pendant plusieurs minutes est la plus belle des preuves.

J’étais descendu à Avignon avec un ami, jeune, beau garçon, charmeur, drôle surtout. C’est toujours un plaisir de passer du temps avec lui. Je l’héberge pendant quelques jours, me disant que je serai moins seul. Évidemment je lui explique ce que je ressens pour la fille avec qui je traîne et je finis par lui présenter. Erreur fatale. C’est marrant comme on peut se tromper sur quelqu’un. Je sens le rapprochement se faire entre eux deux. Je suis impuissant. Lui me regarde, s’amuse de cette situation où il sait ce qu’il se passe en moi, mais en joue. Une fois seul avec moi, il se confond en excuse, m’explique que c’est plus fort que lui, mais qu’il va s’arrêter là. Je ne le crois pas. Il recommence de plus belle, jouissant sans doute de sa supériorité. Elle en joue aussi, sait ce qu’elle veut, et ce qu’elle ne veut pas.

Avignon, jour 2

Ce deuxième jour à/en/sur/tamère Avignon commençait mal. Entre la fatigue de la veille et la chaleur écrasante qui empêche tout sommeil régénérant, j’ai passé une grosse partie de la journée à glandouiller à l’appart’, sans but.

Puis, mon amie revient à l’appartement. Ils sont chez moi, jouent et jouent encore. Je me sens clairement de trop, et je sais que je ne pourrais renverser la situation. Et puis pourquoi ? Prêt à exploser, je pars.

Marchant au hasard dans les rues, je sens ma brume m’envahir. L’expression de ma dépression latente et permanente. Putain de brume, toujours et systématiquement en embuscade. Je sais comment la combattre mais ce n’est pas plus facile à chaque fois. Reformulation, scansion, respiration, rinse and repeat. Je suis tellement fatigué parfois. Vers 18h je me fais alpaguer par un directeur de théâtre qui m’invite à la représentation à suivre d’une comédienne racontant sa vie où je ne sais quoi. Je n’ai rien à faire et besoin de me changer les idées mais ça ne fonctionne pas.

Titre oublié

Parce que ce que je vois n’est pas très intéressant. Ecrit de manière théâtrale et pompeux, je zappe littéralement certains passages, et perds complètement le fil. La comédienne tente et tente, sans succès, mais je m’endors à moitié, au deuxième rang.

La pièce terminée je vais boire un verre, et croise Lucile, une copine de Florent qui me remonte le moral par sa seule présence et sa joie d’être là. Elle est belle, drôle, constamment montée sur ressort. Marrant comme elle ressemble à ma mère au même âge.

Fanny Pocholle

Je décide finalement d’aller voir Fanny Pocholle. La salle n’est pas remplie, mais je ne sais pas pourquoi l’alchimie prend. La première partie est très drôle, avec un gars qui fait de l’humour noir sur sa maladie, la mucoviscidose. On rigole, le public est hyper réactif, on se fait des blagues entre nous, Fanny me prend, gentiment, pour cible pour la suite du spectacle, bref je passe un excellent moment.

On décide d’aller boire un verre, on sympathise et l’un des spectateurs nous propose de continuer la soirée sur son bateau.

C’est à ce moment précis que c’est devenu magique. Ce gars adorable est capitaine d’un putain de bateau de croisière de 110m de long, avec 40 membres d’équipage. Le bateau est absolument magnifique. On visite l’entrepont de grand luxe, la salle des machines à la chaleur infernale, le poste de commande (je me suis pris pour Kirk dans l’Enterprise), le fucking jacuzzi, où on a passé une grosse partie de la soirée en mode open bar, bref hallucinant. Une chance et une soirée surprise comme il n’en arrive pas souvent, en tout cas sans drogue. Ou sans argent.

Marcher au hasard, prendre des décisions simples, suivre le courant, kiffer ce qui vient, une belle journée finalement et fuck le reste.

Entre mon travail sur la brume et cette rencontre, mon moral est bien remonté. J’ai toujours un petit trou dans le cœur, mais je le comble de petits plaisirs et de surprise. Je me couche heureux.

Avignon, jour 3

Malgré une petite pluie salvatrice au milieu de la nuit, la chaleur revient, plus étouffante que jamais. Je continue à me battre contre les soubresauts de la brume qui s’agite dans mon cerveau, repoussant sans relâche ses derniers tentacules amers. Cette fois-ci, j’ai gagné.

Comme d’habitude le début de journée est passé à se balader, à récupérer un peu de la veille. Je passe dans un parc magnifique, je fais une sieste à l’ombre d’un arbre, avec une vue splendide sur Avignon.

En repartant, je vois une affiche pour un spectacle joué à 15h20 par un acteur que j’avais adoré l’année dernière. Chaud-patate, j’attends patiemment l’heure dite pour que finalement la caissière m’annonce qu’ils font relâche aujourd’hui. De la toute-puissance de mon droit de client j’ai envie de hurler : »joue pour moi comédien, joue pour MOI ». Mais je ne le fais pas, parce que je suis gentil au fond.

Choqué et déçu, j’erre à la recherche d’une pièce pour l’après-midi lorsque je tombe une affiche.

Nina, des tomates et des bombes

Altermondialisme et trucs horribles.

La salle est pleine. La comédienne est pleine d’énergie, chante et danse. Le texte est plutôt sympathique même si peu instructif pour les gens qui sont déjà intéressés, et surtout un peu accusatif et moralisateur. Oui je sais, à cause de mon iPhone, des mineurs mineurs meurent en allant chercher des terres rares. Et c’est évidemment ma faute. Entre seum et grosse fatigue, j’ai trouvé que l’actrice ne nous embarquait pas, que ça marchait juste pas. Impression d’avoir un peu raté le coche d’une histoire trop simple et peu recherchée. Une spectatrice derrière dira en sortant et en substance : « c’est une terrible purge. ».

J’ai une heure de battement avant la prochaine pièce, juste le temps de boire une bière. Je rejoints la copine d’hier soir ainsi qu’une fille que j’avais vu l’année dernière que je trouvais super sympa mais qu’il semblerait que j’ai dragué, comme d’habitude sans trop me rendre compte. Moi je débarque en mode Yolo, je lui dis que c’est cool de se voir, que je lui avais couru après cette année pour boire une bière. Je la vois se raidir, sourire gêné. Je ne comprends pas trop, jusqu’à ce que je percute que ça vient déjà de ma façon de parler de l’année dernière et que si ça se trouve je la fais grave flipper.

J’ai une tendance à être un peu gouailleur, rentre-dedans, à pas trop prendre de gants en société. Et tout le monde ne supporte pas ça.

Ça me fait réfléchir sur les conséquences de mes actions, qui dépassent très souvent mes intentions initiales, qu’effectivement je peux mettre mal à l’aise les gens sans le vouloir, et même sans m’en rendre compte. Ce qui fait de moi, basiquement, un gros con. Qui se soigne, qui tente de s’améliorer, mais un gros con tout de même.

Ça m’arrive d’être surpris aussi parfois en bien, souvent en mal. Il m’est arrivé qu’une fille me saute dessus et m’embrasse. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu que je devais le savoir et un de mes amis m’a assuré que je l’avais dragué toute la soirée. Alors que pas du tout, juste je m’intéressais à ce qu’elle disait. A l’inverse je me suis pris des stops de filles qui me recalaient alors que je ne faisais que parler. Mais sans doute que l’attitude, le sourire, l’intérêt envers quelqu’un font partie de la panoplie du charmeur.

C’est l’heure d’aller voir mes amis Florentins jouer une pièce au sujet lourd, la pédophilie dans l’église.

Pardon !

Sur un texte autobiographique de Laurent Martinez, on y suit l’histoire d’un homme victime, qui tente de se reconstruire à l’aide d’une femme récemment rencontrée, et d’un homme d’église coincé entre la pression de ses pairs à protéger l’institution et une bonne sœur qui tente à tout prix d’aider les victimes, elle-même sans véritable pouvoir, rongée par son impuissance.

La mise en scène est simple, le texte intéressant et malgré quelques difficultés à démarrer les premières minutes, on se laisse emporter par cette histoire qui prend une dimension véritablement brutale lorsque Laurent vient face public raconter son histoire, directement, sans filtre. C’est bouleversant.

Féminisme pour homme

Mes deux amies ont été recrutées pour tracter un spectacle et m’invite à aller le voir avec elle. Nous sommes accueillis par Noémie de Lattre, actrice, autrice, metteuse en scène de ce spectacle intitulé Féminisme pour Homme. En quelques minutes à peine, elle fait exploser la salle de rire, nous transforme rapidement en une bande de potes, se lâche complètement et nous fait un cours de féminisme absolument fondamental. En une heure et demi, elle alterne informations et blagues, chante, danse, rit. Sa joie explosive et phénoménale nous entraîne avec elle sans temps mort. Le sujet étant monumental, j’ai trouvé la fin un poil rapide et énumérative, mais c’est simplement de la frustration de ne pas pouvoir en faire plus, en dire plus.

 A titre personnel, je n’ai rien appris, tout ce qu’elle disait m’était connu, mais parce que j’ai fait ce chemin depuis 14 ans déjà, l’âge de ma fille. Mais quand tu vois le public en larme, standing ovation, puis des femmes prendre Noémie dans leurs bras expliquant qu’enfin quelqu’un mettait des mots sur leurs maux que tu te rends compte à quel point il y a un putain de problème à régler, une montagne à abattre, que son spectacle devrait être joué dans les collèges, les lycées, les facs même tant on nage dans une merde machiste et patriarcale dégueulasse qui fait du mal à tout le monde. Une actrice formidable avec qui j’aurais aimé passer plus de temps.

Bref, allez-y.

Après plus d’une heure à discuter avec Noémie, je rentre à la maison, fourbu mais content.

Lucile me dira par la suite que j’ai monopolisé la parole alors que des femmes souhaitaient discuter avec l’actrice. Comme quoi, j’ai beau être conscient du patriarcat et de ses problèmes, je continue à comporter comme je l’ai appris, à couper la parole aux femmes, à prendre l’espace. Je déconstruis mais çà prend du temps.

Avignon, jour 4

R.A.S ou presque. Repos jusqu’à 15h30 du mat’, balade dans les rues, siestes, tellement d’heure de sommeil à rattraper. Petit anniversaire sympa de l’ami Arnaud que j’invite à dormir à la maison pour éviter de le faire rentrer trop loin trop tard. On est maintenant quatre à l’appart’, j’ai bien fait de prendre grand.

Avignon jour 5

Arnaud me motive alors on sort direct voir des spectacles à 10h du mat’ en mode stakhanoviste. On débute au Train bleu avec Echos Ruraux.

Échos Ruraux

L’histoire d’une famille dont le père agriculteur vient de mourir en laissant une montagne de dettes après un passage au tout bio complètement raté. A part le protagoniste principal, le fils qui doit reprendre la ferme et ne voit aucune solution, aucune aide, toutes les portes se fermer une à une, tous les autres acteurs jouent plusieurs rôles, parfois membres du conseil municipal dont on voit la difficulté à équilibrer les budgets, devant parfois faire des arbitrages déchirants et inhumains, ou encore en grand-mère dont l’aide à domicile risque de partir suite à une décision administrative lointaine, ou encore la sœur avocate qui a fui la ferme pour vivre sa vie à Paris, faire la grande dame, et bien d’autres encore.

J’ai rarement vu une telle énergie sur scène, une telle vigueur, une telle vibration dans les émotions, du rire parfois, du ressentiment souvent, de la tristesse beaucoup, je me suis laissé complètement embarquer, les yeux mouillés par certaines scènes puissantes, dont celle où le fils explique à sa sœur pourquoi il l’envie, comparable dans l’idée et la réalisation au « Non merci » de Cyrano.

En tant que metteur en scène, j’ai parfois des acteurs que je suis obligé de pousser à fond, à qui je demande d’envoyer la voix, et qui me répondent que ça va faire ‘trop’.

Non. Ça ne fait pas trop. Ça ne fait jamais trop. Quand tu penses que c’est trop, t’es à la moitié de ce qu’il faut faire. Et les acteurs de Echos Ruraux nous le démontre parfaitement.

Maxime Sendré

A midi, je décide d’aller voir Maxime Sendré, déjà vu en première partie de Fanny Pchl. Je le croise dans la rue, il a l’air manifestement très heureux de me voir, sa joie est communicative. J’avais peur que la salle ne soit pas remplie mais je me suis complètement trompé. Salle pleine, avec des professionnels et des festivaliers, tellement que je me retrouve à l’arrière. C’est un one-man show prenant comme thème la mucoviscidose dont il est atteint. Et là c’est un festival de blagues, d’humour noir, de situations absurdes, d’imitations de personnages de films. On croise des médecins, des handicapés, des banquiers. C’est très drôle, enlevé, triste et flippant en même temps. On ne sait jamais si les quintes de toux de Maxime sont réelles ou jouées. Ce n’est vraiment pas simple à voir, on hésite en permanence entre le rire franc et la gêne. Bref c’est très très bien aussi.

Cyrano

Enfin à 14h, un Cyrano (il y en a trois ou quatre à Avignon cette année). Rapide, enjoué, avec de très beaux costumes et une mise en scène moderne, des films et des blagues, ça se tient bien même si c’est évidemment trop rapide pour un tel monument. La fin est un poil bâclée, et si la mort de Cyrano me fait systématiquement pleurer dans un réflexe pavlovien (c’est ouf d’ailleurs, c’est incontrôlable et systématique), là je n’ai dû essuyer qu’une petite rivière de larme au lieu du torrent habituel. Donc très bon moment aussi.

L’après-midi se passe tranquillement, passant de bar en bar, de rencontre amicale en rencontre amicale. Puis à 20h je vais voir Gardienne, dont on m’a vanté les qualités, soit directement (par Sylvain), soit par les affiches et le fait que ce soit complet presque systématiquement.

Gardienne

C’est un seul en scène où l’actrice nous raconte l’histoire des femmes de sa famille mais par le thème des enfants et de l’avortement. Elle incarne tour à tour des grands-mères, des mères, des sœurs, des jeunes puis finalement elle-même et chacune exprime à sa manière ses sentiments et ce qu’elle a dû faire pour éviter d’avoir des enfants dont elle aurait eu la charge exclusive. Peu d’homme sont dépeints positivement (autre époque, autres mœurs, ou pas..), et ce qui ressorts surtout c’est le courage de ces femmes à une époque où l’avortement c’était surtout risquer la mort, les infections, les stérilités et autres joyeusetés dont peu ont idée.

Et bien je dois dire que je n’ai pas aimé.

Le début est très long, le débit de parole est très lent, il y a peu d’humour (pas forcément facile cela dit) et la montée en émotion n’a juste pas du tout marché pour moi. Comme pour les autres spectacles « féministes » que j’ai pu voir, et étant né et ayant été élevé moi-même dans une famille de femmes depuis plusieurs générations, je savais déjà tout ça, on m’avait parlé de ces horreurs, j’étais familier et malheureusement impuissant.

J’ai été successivement les hommes qu’elle décrit, égoïste, charnel, peu investi. J’ai été ce bourreau et je ne pourrais jamais m’excuser plus que je ne l’ai déjà fait. L’histoire aurait dû me toucher, j’étais prêt pour ça. Et c’est peut-être pour ça que je n’ai pas accroché. Tant pis.

Je passe la soirée avec Lucile et quelques personnes de rencontre, très sympas. La place des Corps Saints est pleine de monde, des gens jouent de la musique tzigane, une femme danse dans les rues, les verres s’entrechoquent. On entend des rires, de la joie. Mon regard croise celui de celle qui m’a blessé en début de semaine, la lumière perd un instant de son éclat, je bois un coup, regarde ailleurs, ça va mieux mais je décide de partir rapidement. Comme d’habitude en fin de soirée, je croise Thomas Rio, partage mon histoire, ma journée, il me fait rire. Merci mec.

2h30 du mat’, je me couche, apaisé.

Avignon jour 7, déjà

Ça fait plusieurs jours déjà que je suis en collocation avec Lucile et ça se passe bien. Tous les jours elle me fait rire, saute, danse, chante, c’est un bonheur quotidien. J’ai l’impression de vivre avec ma fille, avec juste quelques années de plus mais le même délire. Après la colloc du début de vacances, ça me change. D’ailleurs, je me rends compte que parcourir Facebook me mets parfois des petits coups au cœur, des piqûres de rappel dont je ne veux pas me rappeler. Pourtant je suis à deux clics d’aller mieux, deux petits clics. Clic. Êtes-vous sûr ? Clic. C’est fait. C’est un pincement, mais je me sens déjà mieux. A l’autre maintenant. Clic. Oui je suis sûr. Clic. Soulagement.

En caleçon sur mon siège en plastique collant, je parcours le guide d’Avignon pour trouver un spectacle. La chaleur et le flemme m’interdise de sortir avant 12h. Sur une page au hasard, je tombe sur « La contrebasse » sur un texte de Suskind, l’auteur du Parfum qui m’avait mis une petite claque quand j’ai vu le film. J’avais aidé une amie à travailler sur une partie du texte et j’avais bien aimé. Quelques minutes après je me rends au théâtre, à l’extérieur des remparts.

La contrebasse

Sur un décor minimaliste mais sympathique, l’imposant comédien nous raconte sa relation particulière à la musique, à son instrument, énorme, qui prend de la place dans sa vie professionnelle, sa vie amoureuse aussi, toujours là, ne le quittant jamais. Il boit, enchaîne les bières pendant une heure et demi, perd de plus en plus pied avec la réalité. On comprend qu’il n’est pas à sa place, qu’il n’a pas forcément choisi, qu’il a agi à la suite d’une rébellion pathétique contre l’autorité parentale, qu’il n’est finalement qu’un ouvrier de la musique, détestant son outil, ses pairs, et ses héros, mais ne sachant rien faire d’autre. Un seul espoir, ténu, impossible, une jeune fille, inatteignable, hors de portée, désynchronisée. Va-t-il attirer son attention ? Comment ? Et surtout pourquoi ?

Bon, autant vous dire que malgré une ou deux longueurs, j’ai adoré le texte et l’interprétation de cet homme plus fatigué qu’alcoolisé, triste et flamboyant.

Et puis ça me fait réfléchir, je me projette. Après tout malgré mes tentatives artistiques, qu’est-ce que je suis au fond, à part un informaticien ? Qu’est-ce que j’ai vraiment tenté ? Est-ce que j’ai vraiment tout fait pour sortir de ma zone de confort ?

Je profite du fait que les pintes sont moins chères qu’ailleurs pour rester un peu avant le prochain spectacle. L’acteur est là, me regarde, me dit qu’il m’a vu dans le public, me demande mon avis. On parle une heure de la pièce, de son rapport au métier. Il me dit qu’un festival amateur au fort potentiel va prendre place en Avignon au mois d’Août. Ça lui fait plaisir de voir d’authentique passionnés. « Mais dans ce métier, ne sommes-nous pas tous passionnés ? ». Il me regarde un instant, sourit puis me dit : « Pour la plupart des professionnels, c’est un métier, juste un métier ».

Depuis le temps que je rencontre des comédiens, je me rends compte que la passion qui m’anime, l’envie absolue de ressentir et faire ressentir des émotions disparaît ou se réduit avec l’expérience, comme si le fait d’en vivre devait impérativement éteindre la flamme. J’ai eu le même retour dans le milieu du jeu vidéo, un rêve pour ceux qui n’y sont pas, un métier comme un autre, un désenchantement, pour ceux qui y sont.

En repartant je croise mon amie Émilie et décide d’aller voir Hot House que j’ai déjà vu plusieurs fois mais pas dans la forme actuelle.

Hot House

Dans une prison/hôpital psy éloigné, un directeur frappadingue, et le comité de direction tentent de faire face à la mort d’un patient, et à l’accouchement surprise d’une autre, violée par un membre du personnel dont on ne connaît pas l’identité. Comme à chaque fois j’ai bien aimé, probablement le public aussi vu la salle quasi pleine depuis le début du festival. Je dois avouer ne toujours pas comprendre complètement l’histoire mais c’est drôle, rythmé (sauf à une ou deux reprises), déjanté alors ça me va. Je regrette simplement le choix d’intention donné au personnage du Directeur que je trouve en colère en permanence et pour lequel je verrais plus de nuances, de folie, et de pathétisme.

Évidemment ce n’est en rien la faute d’Hugo, qui défend très bien le choix actuel, mais pour une prochaine version, je crois que c’est une direction à prendre.

Je croise plein de potes d’un coup, Alexandre, Hubert et d’autres. On boit des coups, on reparle de Florent, de Hugues, mon prof préféré de tous les temps, on refait ces quelques années de théâtre qui nous ont tous transformé, on compare nos expériences et nos envies.

Klotilde

A 19h30 je cours voir Klotilde, un seul en scène très drôle.

A un moment elle demande au public qui est venu à cause de l’affiche où elle se découvre pas mal, évidemment je lève la main, je ne suis pas seul, le public rit, elle me dit qu’elle ne se mettra pas à poil, que j’ai été eu, mais ce n’est pas grave, j’ai pas mal bu avant, je suis à 3 grammes, je m’en fous, elle est marrante. C’est du stand-up, elle parle de tout et de rien, je ne saurais même pas dire le thème. J’ai passé un moment agréable, pas ouf mais bien.

La fin est un peu rapide, elle ne parle pas trop au public, démonte son matériel en pensant à autre chose. Je me remémore la discussion avec l’acteur de la contrebasse sur la passion.

Le sourire de Lisa

À 21h20 je vais voir le Sourire de Lisa, un peu plus d’une heure de délire ininterrompu sur le développement personnel, l’accès à sa conscience, à Dieu ou au souffle ou à Leonard de Vinci de l’autoroute ou, ou, ou… C’est bourré de jeu de mot, de référence alakon, et d’explications foireuses dites avec le plus grand sérieux par un formidable acteur belge, forcément.

En sortant je fais la rencontre de la maman de ma colocataire. Elle s’appelle Laetitia. Je bloque sur son visage, qui me fait penser à ma mère. Un truc de dingue, une cousine sans doute. On parle beaucoup, on rigole beaucoup, j’ai l’impression que c’est un truc de famille. On parle boulot, elle organise des stages artistiques, je veux participer ! On décide de se revoir le lendemain, je suis content de ma soirée. Qu’est-ce qu’elle est belle. Sans le vouloir elle me renvoie à ma relation avec les femmes en général. Depuis le théâtre je sors souvent avec des filles plus jeunes que moi, parfois beaucoup plus jeunes comme celle du début d’Avignon, et je suis souvent déçu. Mais j’y retourne quand même, ayant la sensation diffuse qu’il faut que je sois « utile », une espèce de connerie de mentorat peut-être, que je n’ai pas de valeur si je n’apprends pas quelque chose aux autres, si je ne les aide pas. Evidemment, ça fonctionne assez peu. Et puis sans doute ai-je peur que la personne avec qui je suis se rende compte que je suis vide. C’est comme s’il fallait que je sois constamment en mouvement, que je ne peux être intéressant et aimable si je suis juste moi. En deux jours, je me rends compte que l’âge ne fait rien à l’affaire. Elle est magnifique, plus âgée que moi mais aussi jeune dans la tête, artiste, fantasque, tout ce que j’aime et que je retrouve rarement chez les gens de ma génération.

Avignon, Fin

Je suis rentré depuis quelques jours, la tête toujours pleine de soleil et de spectacles formidables.

Comédiens !

Comédiens ! a été ma claque d’Avignon. Une bande de comédiens ont trois heures pour se préparer à présenter une pièce dans un nouveau théâtre, mais ils n’ont que la moitié des décors et un acteur ne connait son texte.

C’est joué par trois acteurs/chanteurs (une demi-douzaine de moments musicaux) absolument dingues, c’est drôle à en pleurer puis la tragédie prend place et on continue à pleurer mais pas pour la même chose. C’est magnifiquement joué, sans temps morts. Standing ovation et tout et tout. Au moment de partir, un immense Viking se lève devant moi, tatoué de partout, barbes et cheveux longs, il se tourne, il y a les yeux mouillés de larmes et me dit : « ça va être dur de s’en remettre hein. »

Nos Pénis Divergent

Sur un ton plus léger, je suis allé voir Nos Pénis Divergent. Deux Pénis sont interviewés par un présentateur déjanté façon Ardisson. Le premier appartient plutôt à un geek et le second à un beau gosse, toujours fier et droit.

Bon, je suis arrivé avec une bonne pinte dans le nez, je suis allé au premier rang et j’ai commencé à tchatcher avec le deuxième rang, déjà hilare. Autant dire que quand le spectacle a commencé, le public était déjà chaud bouillant. C’est très drôle, pas très bien joué en général mais extrêmement généreux. Ça ne s’arrête pas un seul instant, enchainant vanne sur vanne, et souvent beaucoup plus fines que ce à quoi je m’attendais. Ça réussit l’exploit de ne pas être grossier, tout en étant parfois informatif.

Bref, très bien aussi.

Et Dieu créa la voix

Un one man avec beaucoup de chant. L’acteur explique comment s’est créé sa voix et sa passion pour le chant. Il raconte différentes étapes de sa vie, son enfance, ses parents, puis ses métiers avant d’en arriver devant nous, et comment sa voix s’est transformée pendant ce voyage.

C’est très drôle et les moments musicaux sont assez incroyables. Surtout quand on est à 1 mètre, comme je l’étais. C’est généreux.

Tel père telle fille

Enfin, Tel Père, Telle Fille, avec Lucile est une pièce drôle et émouvante où une fille entretient une relation fusionnelle avec son père et n’ose pas lui avouer sa grossesse. Il y a deux acteurs, plus un troisième au téléphone et pourtant très présent. J’ai évidemment été touché par cette histoire dont le nœud n’est pas un conflit, mais bien l’amour. C’est parce qu’ils s’aiment profondément, que cette incompréhension arrive.

Je me suis beaucoup amusé, mais je suis content d’être rentré.

Big up à toutes les formidables rencontres faites sur place, et aux surprises de la vie, bonnes ou mauvaises qui fait qu’on se sent vivant.